mercredi 30 novembre 2016

Autour de la porte de la Roquette


AUTOUR DE LA PORTE DE LA ROQUETTE SOUS L’ANCIEN REGIME
                                                                                                                                                     Alain GRAUX 

Nul n’ignore que la première enceinte de la ville  s’ouvrait par quatre portes, celle s’ouvrant à l’ouest  s’appelait la porte de la Roquette (Rokette) ou du Posty. Par analogie, elle donna son nom aux alentours, lieu-dit nommé « les Roquettes ».

Le cartulaire des cens et rentes[1] daté de 1265 énonce les rentes  que les bourgeois des Roquettes doivent:
Et si a en le Rokéte à Binch entor LXXXX boirois, desquels cascuns soloit devoir IIII d. par an : valoient entor XXX s. Se prisoit-on toute cèle rente entor LXXXX lib. Par an. Et ore a li cuens aquis tout che ke messire Sohiers de Braine avoit en le Rokète et le dognon ».

En mai 1321, le comte de Hainaut Guillaume, érige en fief la maison dite la porte de la Rokette, en faveur de Jacques de Maubeuge, dont il reçoit la foi et l’hommage[2]. Il lui accorde l’eau provenant du château de la salle.
C’est en 1460, que l’on parle pour la première fois du hameau des Roquette :
"…au devans de le porte a le Rokette tenant d’une part as degrés allant à le dite Rockette…"[3].

Il faut attendre le XVIe siècle pour qu’on ait des textes parlant plus exclusivement de ce faubourg qui ne comporte que quelques maisons.
Le 20 juillet 1540 devant les Jurés Pierre Vernoye, Désiré de Saint-Venant, Jehan Lescaillier et Remy le Voet  « Delle Marguerite Gérard veuve Simon de Saint-Venant se fait morte[4] au profit de Jacquemin de Saint-Venant son seul fils lui demeurant, de la moitié part qu’elle a sur une maison gisant aux Rocquettes, partageant contre Désiré de Saint-Venant  et venant de feu Jehan de Saint-Venant père des dits Désiré et feu Simon »
Cela fait, Jacquemin de Saint-Venant vend sa part à son beau-frère Pierre Naret époux de Catherine sa sœur à charge de 4 L 6 s. tournois de rente annuelle au profit du dit Jacquemin.
Les biens spécifiés voisinent un jardinet appartenant à Pierre Naret d’achat qu’il fit naguère à Jehan Naret fils Michel.

Le 5 janvier 1544, devant les Jurés St Venant, Hollande et Tayenne ; Jehan Janekin assisté par un mambourg, Collart Naret fils feu Collart, donne sa maison gisant aux Rocquettes à Binche à Jehanne Naret sa femme fille de feu Ghobert pour  qu’après elle le bien retourne à ses enfants tant fils que filles[5]

Le 21 janvier 1544, devant les Jurés Tayenne, Fiefnet et Hulin ; Collart Gilbart, Jehan de Dinant et Quentin Naret veuf de feu Marie Gilbart, ont vendu à Bauduin Deppe 20 s. de rentes qu’ils avaient sur la maison dudit Bauduin, gisant aux Rocquettes[6].

16 novembre 1544, devant les  Jurés du Trilz, Fiefnet, Hulin et de Pret ; Jehanne Le Clercq veuve de Jehan Naret demeurant à Mons, s’est fait morte au profit de François de Ghorges son beau-fils, mari de Jehanne Naret. Elle lui accorde l’héritage d’une tenure gisant aux Rocquettes de Binche, tenant à Anthoine Plicette  et à la veuve Collart du Bois, à charge de 100 s. tournois par an pour tous cens
Il Adhérite[7] Jean Lespoix preneur à rente pour lui et ses hoirs[8]

Le 4 mai1545, devant les Jurés Vernoye, Prévost, St-Venant, et du Trilz; Jehan Naret fils Michel, tapissier demeurant à Binche a vendu à Pierre Naret tanneur demeurant à Binche, une masure gisant aux Rocquettes tenant à Ursmer de Walhaing, à Pier Naret même, aux hoirs Jehan du Trilz tanneur, et à la veuve Collart du Bois et aux rues, l’acheteur ayant femme et enfants[9].

Le 9 mai 1551, devant les Jurés : Gilbart, de le Tenre, Fiefvet. ; Anthoine, Bertrand et Jehan du Trilz, frères, enfants de feu Christophe « reconnaissent avoir vendu à Pierre Naret une part et portion qu’ils ont en ¼ partant contre eux et Antoine Plicette en un jardin lieu et tenure gisant aux Rocquettes, tenant à l’héritage Pierre Naret »[10]

Le 6 juillet 1551, devant les Jurés Gilbart, Tenre, Fiefvet, Escaillier ; Jehanne de Pitepan ayant épousé Hubert de Lattre, de son gré, s’est fait morte au profit de Guillaume du Pairoy,  mari d’ Isabeau Tayenne, sa fille et de feu Franchois Tayenne qui fut son 1er mari, lui donnant un jardin qu’on dist le Vignoble gist es Rocquettes faubourg de Binch, tenant aux murailles de la ville, à Jehan de Pitpan et aux rues ; aussi un jardin qu’on dist Stephayt, tenant à Philippe Tayenne et au chemin ; un autre jardin gisant assez près du précédent de l’autre côté du chemin, tenant à Jean Massoul et au chemin ; ce fait le dit Guillaume a vendu 6 L. de rente à Jehan Moiset couturier demeurant à Bruxelles, et ce avec l’accord de sa  femme[11].

Le 1er octobre 1556, suite au sac de la ville, les masures, jardins, lieux et tenures gisant aux Rocquettes.qui furent à Jehan de Prices gisant au « Terme Germineau » au faubourg, tenant au chemin de deux côtés aussi à Collart Naret et une autre masure tenant à Guillaume de Prices  et à Pierre du Bois…sont demeurés à nouvelle rente à Guillaume de Prices au prix de 35 L. 5 s. par an
Le Département[12] de ces biens effectué par les jurés le 29 octobre 1557 compte parmi les rentiers :
-          Les hoirs Ursmer de Priches qui demandent 48 s. 10 d.
-          Franchois Moreau aussi par achat fait par lui 46 s. 5 d.[13]

Le 22 mars 1564, devant les Jurés Charles Ansseau, Godefroid Jocquet, Vinchent Leghait, Michel Desmoulins, eut lieu la vente par criée du  jardin des hoirs Pierre Naret aux Rocquettes.
« On fait savoir que Maître Ursmer, Jehan et Vinchent Naret, frères, enfants de feu Pierre et de Catherine de Saint-venant, se faisant forts pour Pierre et Philippe Naret, leurs frères absents, font mettre à rente un jardin planté de pommiers, poiriers et autres arbres gisant aux Rocquettes, faubourg de Binche, tenant à l’héritaige de la veuve de Saint Venant, à Ursmer de Walhain et au chemin.. Demeuré à Pierre le Voet au prix de 7 L. 10 s. t.[14]

Le 12 février 1572 (n.st.), devant les Jurés Bauduin Deppe, Nicolas Moreau, Jehan Houssart et Philippe de Jeumont., Demoiselle Catherine de Trahegnies veuve Collart Deslens, demeurant au faubourg à Binche requiert comme mambour Philippe Fiefvet fils Philippe et dit que sa maison, jardin, tannerie gisant aux Rocquettes échoira après son trépas à son fils Nicolas Deslens pour lui et ses hoirs.

Le 12 mars 1572, La tesnerie, cuves, plains et vinaiges qui fut aux hoirs Antoine Plicette gisant aux Rocquettes faubourg de Binche, tenant à l’héritage Jehan de Faulx fils Gilles et au chemin, est demeuré à nouvelle rente selon l’ancienne loi, au prix de 4 L 12 d., à Guillaume le Voet et Ursmer Lespoix.
Le département des rentes effectué le 25-8-1573. compte parmi les rentiers :
-          Michel Desmoulins en action de feue sa femme, Jehanne du Trieu apparant par le chassereau de feu Désiré de Saint-Venant qui fut le grand père de Jehanne du Trieu, il demande 30 s. qui font 28 s.[15]

Le 16 octobre 1572 La tesnerie, escorcherie plain et vinaige qui fut à Jehan et Ursmer Lespoix gisant aux Rocquettes faubourg de Binche, tenant  aux hoirs Collart du Bois et au chemin, est demeurée à nouvelle rente selon l’ancienne loi à Pierre le Ghait, au prix de 119 sols blancs par an.
Le département réalisé le 7-1-1573 par les jurés Bauduin Deppe, Me Godefroid de Trahegnies, Jean Houssart et Philippe de Jeumont compte comme rentiers, les hoirs Franchois de la Gorge qui demandent 100 s. qui font 83 s. 4 d.[16]

Le 28 mars 1596, Laurent Moreau, Gilles de Wamberchies mari de Catherine Moreau, Jacques Willot mari de Péronne Moreau ; Pierre Patinier mari de Marie Moreau et Guillaume Gilbart époux de Marguerite Moreau, tous frères et beaux-frères enfants de feux Nicolas Moreau et Demoiselle Michelle Tayenne font mettre en arrentement un jardin et héritage planté d’arbres portant fruits, gisant aux Rocquettes, au lieu qu’on dit Pajot, tenant par devant aux rues, et d’autre part aux hoirs Jehan du Trieu et par dessus au pré dit de Willerzies et à un petit jardin appartenant à Josse Hulin,.
Il est demeuré à Bauduin le Cocq, bourgeois de Binche au prix de 40 L 12 s. par an.

Le 10 janvier 1607, Ysabeau le Voet veuve de Bauduin le Cocq fait différentes fondations pieuses à l’hôpital Saint-Pierre, à l’église, obits, sépultures etc.
Elle se déshérite de diverses pièces d’héritages à savoir:
Un jardin de 2 bonniers gisant aux Rocquettes, tenant aux  prés de Willerzies et aux hoirs Jean du Trieu et aux rues.
La moitié d’une tannerie plains, cuves et vinages gisant aux Rocquettes, tenant à elle même, à la rivière et aux rues.
Elle adhérite Laurent Moreau, homme de loi, comme mambour pour sa vie durant, prévoit son remariage et s’il n’y en a pas, aller après son trépas  à ses parents, et aussi de son côté Jeannette, Quintine et Anne le Voet et leurs hoirs et aussi Jeanne Walbrecq sa nièce, fille de Catherine le Voet qui tiendra lieu de sa mère.
Elle fonde un obit à la chapelle Saint-Nicolas en l’église de Binche, à lever sur un jardin planté d’arbres qui fut aux hoirs Michelle Tayenne gisant es Rocquettes, ten. au pré du Roy qu’on dit Willerzie et aux hoirs Jean du Trieu. Elle en adhérite Laurent Moreau en qualité de confrère de laditte chapelle[17].





[1] DEVILLERS L. Cartulaire des  rentes et cens dus au comte de Hainaut (1265-1286), Mons, 1873, p. 100
[2] Monuments pour servir à l’histoire des provinces de Namur, de Hainaut et de Luxembourg, t. 3, 1874, p.94
[3] A.E.M. Rentier du chapitre
[4] Se faire mort : délaisser à son plus proche héritier apparent, un bien en avancement d’héritage
[5]  A.E.M. Embrefs, reg. 1 f°65 v°, copie d’un acte disparu
[6] A.E.M. Embrefs, reg. 1 f°66 v°, copie d’un acte disparu
[7] Adhériter : investir, faire héritier, mettre en possession
[8] A.E.M. Embrefs, reg. 1 f°65 v°, copie d’un acte disparu
[9] A.E.M. Embrefs, reg. 1 f°71 v°, copie d’un acte disparu
[10] A.E.M. Embrefs, reg. 2 f° 58
[11] A.E.M. Embrefs, reg. 2 f° 60 v°
[12] Département : partage des rentes
[13] A.E.M. Rentes, reg.1, f° 21, copie de document disparu

[14] A.E.M. Registre des criées n°2, f° 45.
[15] A.E.M.  Rentes, reg. 1, f° 113 v°
[16] A.E.M.  Rentes, reg. 1 , f° 115.

[17] A.E.M. Copie d’embref, reg. 6, f° 155

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