lundi 28 novembre 2016

Manquements a la garde et au guet de la ville


                        MANQUEMENTS A LA GARDE ET AU GUET DE LA VILLE

                                                                                                                                      Alain GRAUX

Sous l’ancien Régime, la ville était gardée, outre par des compagnies d’arbalétriers ou d’archers, par aussi par les bourgeois de la ville qui étaient tenus au service de guet à tour de rôle.
Les Archives de Binche conservent un registre du XVIe siècle reprenant divers délits commis par les bourgeois, les peines infligées, soit de prison ou de pèlerinages judiciaires, ou les amendes pécuniaires remplaçant parfois les sentences prononcées par « Messieurs », les jurés de la ville [1].

Ainsi en janvier 1557, Roland Witeau, boucher, condamné à faire un pèlerinage au « Trois Rois de Cologne », pour s’être immiscé sans y être tenu dans le tour de garde  du serment de Saint-Sébastien. Il racheta cette punition en payant une amende au receveur communal :
« A Rolland Witeau, bouchier, imposet comme dimenche de janvier 1557, sur ce que Messieurs les ghouverneur, jurez et conseil, pour certaine raison, avoient fait mettre ghait sur le tour Lyon Allart le dit Rolland, se seroit ingéret sans estre du ghait, venir vers iceulx du ghait, hors heures, pour les constraindre, malgrètz eulx, de saisir le criz de la nuicte. Ledict Rolland, sur ce oyt, fait ses excuses telles qu’il ne seroit illecq venu fors de savoir, comme il estoit du serment de St. Bastien qui estoit de leur serment du ghait… »

En 1573, deux bourgeois laissèrent la porte Saint-Paul sans garde :
« A Jehan Gilbart et Jehan le Brasseur imposet combien par pluisieurs fois averoit esté publyé et commandé à tous bourgois et manans de ceste ville de Binch estant assiz au ghait heuissent à eulx se trouver précisément sur le marché ou aux portes (de la ville) au matin, devant l’ouverture d’icelles.
Ce néantmoins, sans avoir ad ce regard sur ce que avecq son voisin, vendredy, ils ilz auroient esté assiz au ghait pour le lendezmain Samedy du matin, s’estoient tellement oublié qu’ils ne s’estoit trouvet à la porte Sainct-Pol où il estoit assiz au ghait que ne fuist bienestre une heure après la porte ouverte. Chose grandement dangereuse attendu le temps présent et qu’il ne fait à permettre, attendu les commandemens que journellement se fait par cas et ordonnances publicques et les menaces qui se font journellement  par les estrangiers comme le bruit court en pluisieurs lieux.
Après, les dits Gilbart et Brasseur avoir confesset les cas à eulx imposetz, se submettant à la miséricorde de justice, après avoir tenu prison l’espasse de trois jours en leur préférant miséricorde à righeur de justice, ordonné qu’ilz auroient à pryer mercy à Dieu et qu’ils auroient à faire le voyage à Notre Dame de Hal quant ilz en seroient requis avecq payer les despenses, ainsy conclu le 15e de mars 1573

Le 9 juillet 1575, Collard Hustin,  est condamné lui aussi à aller à Notre-Dame de Hal pour ne pas avoir effectué son rôle de garde le 6 juin de cette année.

Le 27 août 1576, plusieurs artisans sont emprisonnés trois jours pour défaillance à leur service de garde :
« A Jean de le Jonkière, corduanier, Christophe Genemère, clautier, Ansseau Blondeau aussy corduanier, Jhérome Binet, imposet que depuis huit jours encha qu’ilz estoient commis à la garde des portes de ceste ville, auroient quittez et abandonnez les dites portes sans le sceu des maistres de la nuict  qu’ilz y estoient pour lors commis qui n’est chose à permettre, attendu le temps présent fort dangereux…Ordonne, attendu qu’ilz ont esté faict prisonnier l’espasse de trois jours à pain et eauwe, qu’ilz payeront les sallaires du sergent et du thourier »

Lors de la même audience, Ambroise du Tilleul est tenu d’aller faire pénitence à Saint-Rombaux à Malines pour « avoir naghère failly à son ghait et aussy d’avoir battu et injuriet la femme Anthoine Gilbart pour ce qu’elle demandoit estre payée de son escot par luy illecq despendu... »

En juin 1588, Gérard Bertrand est condamné à faire un pèlerinage judiciaire pour n’avoir pas rempli son rôle de garde :

« A l’audience du pénultième de juing 1588, sur ce que Gérard Bertrand avoit fait refuz de faire ghait et garde comme autres mannans, contrevenant à l’ordonnance faite par Messieurs Jurez et conseil.
Après avoir confesset son ménez et pryet luy estre pardonnet, se submettant à l’ordonnance de Messeigneurs… et admettant qu’il avoit vollu suborner les autres confrères du serment de volloir faire le semblable, avoit esté condempnet à faire le voyage de Vilbourg et de ce il rapportera certiffication.. ».

Le 24 avril 1603, Jean Ghiselvincq, est condamné à subir trois jours de prison et aller au pèlerinage Notre-Dame de Hal, d’en payer les dépenses et en rapporter un certificat, car on lui reproche « d’avoir dimanche dernier, durant la nuict, quitté la garde et n’y est retourné qu’après dix heures »

Le 26 avril, Guillaume de le Conte est condamné à la même punition pour les mêmes faits.

Le 23 mai 1606, Abraham Bernard, a plus de chance que certains, car ayant failli plusieurs fois à sa garde, on lui remet ses fautes « mais pour blasme debvra assister demain, veille de la feste de la Trinité, d’assister aux matines de la dite feste en la grande église de Binch , et le dit jour d’assister à la grand messe parochiale et à l’exortation du pasteur».

Comme on peut le constater, les manquements à la garde de la ville sont réprimés par de dures condamnations.



[1] A.V.B. 00-00-02-33

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