lundi 28 novembre 2016

Le drapeau dit de Jeanne Hachette


LE DRAPEAU DIT DE JEANNE HACHETTE

                                                                                                                                   Alain GRAUX
Beauvais et Jeanne Hachette
En 1472, Charles le Téméraire, duc de Bourgogne,  furieux de l'inexécution des traités de Péronne et de Conflans, avait commencé contre les villes du domaine de Louis XI, voisines de ses places de la Somme, une guerre sans merci. Après avoir mis Nesle à feu et à sang, il menaçait Beauvais, défendu seulement par Louis de Balagny et trois cents hommes d'armes de sa compagnie. La ville avait eu à peine le temps de se mettre hâtivement en défense; et elle était encombrée de réfugiés qui, de toutes les abbayes, de tous les châteaux et de tous les villages d'alentour, étaient venus y mettre à l'abri leurs personnes et leurs richesses. De plus, l'évêque, Jean de Bar, n'était pas sûr et paraissait disposé à pactiser avec l'ennemi. 
Le samedi 27 juin, le gros des Bourguignons arrive inopinément devant la porte d'Amiens, et le duc somme la ville de se rendre. Puis, sur le refus du maire Guillaume Binet et du capitaine Louis de Balagny, il envahit le faubourg et, sans perdre de temps, ordonne un assaut immédiat. Bien que tous les hommes valides fussent aux créneaux, soutenus par les femmes, qui leur passaient des armes et jetaient elles-mêmes sur les assaillants des pierres, de l'huile bouillante, des fascines enflammées et autres engins de guerre, tandis que leurs compagnes parcouraient les murailles, promenant la châsse de sainte Angadrême, leur patronne, la défense faiblissait. 
Déjà plusieurs Bourguignons avaient gravi le sommet du rempart et l'un d'entre eux, portant un étendard, l'avait planté sur les créneaux en criant : Ville gagnée! Soudain, une jeune fille se précipita sur lui, une hache à la main; elle frappe l'homme d'armes et le jette dans le fossé, puis saisit l'étendard et, ramenant au combat les hommes découragés et les femmes éplorées, elle repousse partout l'ennemi et sauve la ville. 
En effet, leur coup de main manqué a découragé les Bourguignons; au même moment, par la porte de Paris restée libre, entra dans Beauvais un important secours de chevaliers et d'hommes d'armes. Charles le Téméraire abandonne le siège et fait sonner la retraite. 
Louis XI, émerveillé de la belle défense des Beauvaisins, institua une procession annuelle dite de l'Assaut qui s'est perpétuée jusqu'à nos jours, dans laquelle on porte la châsse de sainte Angadrême et ou le drapeau pris par Jeanne fut longtemps tenu, de génération en génération, par une femme de sa famille. Le roi combla également la jeune fille de grâces et de faveurs; il la maria avec le fiancé de son choix, Colin Pilon, les exempta de toutes charges publiques, eux et leurs descendants; il affranchit aussi la ville de la taille et donna plusieurs privilèges honorifiques aux femmes de Beauvais. En 1851, une statue a été élevée à Jeanne Hachette sur la grande place de Beauvais (auj. place Jeanne Hachette).

La bannière de l’hôtel de ville
Il s’agit de la bannière où se trouve Saint-Laurent, reconnaissable à son gril.
Il y a là-dessous une ténébreuse affaire qui est restée longtemps une énigme.
Ce drapeau peint dont nous ne possédons qu’une réplique (1930) continue à être présenté à Beauvais comme le drapeau de Jeanne Hachette arraché lors du siège de 1472.
En réalité, il y a eu confusion entre deux étendards. Celui qu’avait pris l’héroïne a été porté à l’église des Jacobins.
En 1554, lors du raid d’Henri II en Hainaut et la destruction de Binche, un des soldats français, Beauvaisien, s’est emparé du « guidon » des arquebusiers de Saint-Laurent de notre ville. Il l’a ramené à l’église des Jacobins où s’est faite la confusion.
Pendus aux voûtes, les deux drapeaux ne devaient guère se distinguer l’un de l’autre.
En 1930, c’est donc le guidon des arquebusiers binchois qui a été rapporté à l’hôtel de ville de Beauvais ; il est devenu à ce moment le drapeau de Jeanne Hachette.
En 1940, notre drapeau a brûlé dans l’incendie de l’hôtel de ville de Beauvais.
La copie du drapeau appendue à l’hôtel de ville de Binche a été réalisée vers 1930 à l’initiative de  l’archiviste Paul-Clovis Meurisse, fort étonné, lors d’une visite à Beauvais, de trouver les armoiries de Binche figurant sur le drapeau. A cette occasion, des fêtes furent organisées à Binche à l’époque lors de la remise de la bannière à Binche.


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