mercredi 30 novembre 2016

L'école libre laïque


                                                       L'ECOLE LIBRE LAIQUE DE BINCHE[1]

                                                                                                                                      Alain GRAUX


En riposte aux actions de le majorité libéra­le issue du scrutin de 1878, qui avait retiré à l'Ecole des Frères, le subside d'adoption et mis fin aux activités du Collège Saint Augustin, le parti catholique revenu au pouvoir en 1884 sup­prima l'école gardienne communale par délibéra­tion du conseil communal du 23 décembre 1885. L'administration adopta l'école maternelle de la rue du Phénix: l'Asile Sainte Philomène. Le parti libéral décida alors de créer une école Frœbel laïque appelée" école libérale" et qui fut ouverte rue de Fontaine. Les administrateurs communaux catholiques continuèrent leurs « coups de boutoirs » sur l'enseignement officiel; ils décident en août 1889 de supprimer l'école moyenne des filles; ils firent mille difficultés aux enseignants. Comprenant les malheurs de l'enseignement laïque, un comité se forma sous la houlette du notaire Gaillard; les membres en étaient Paul Limbourg, P. Schaut, E. Jacquemin, Fernand Hauchamp, Camille Termolle, Auguste Wanderpepen, C. Becquevort et le docteur Lambert. Ce comité géra l'école qui était tenue depuis 1889 par Mademoiselle Neumann pour l'école gardienne et par Mesdemoiselles Gheude, Spée et Roman ; elles étaient sous la direction de Mademoiselle Huriaux. Les institutrices étaient payées 60 Fr. par mois, les ressources de l'école provenaient de la cotisa­tion des membres protecteurs (minimum 10 Fr. l’an), de fêtes, tombolas et du minerval des élèves qui était de 7fr.'50 (en préparatoires : 2 classes) et 10 Fr. en moyennes (2 classes).

L'école fut transférée en 1889, rue de la Halle-aux-Filets, dans l'immeuble de Monsieur Boulanger; elle s'y tint jusqu'en 1897; il y avait alors 60 à 70 élèves.

Le Comité eut des difficultés financières; il fut dissout et remplacé. Monsieur L. Latteur le présida; les membres étaient Jules Paternotte, Orner Deprez, Zénon Lalisse, Georges Jaupart, E. Daille et E. Buisseret; ils durent combler le déficit de la pre­mière équipe et reprirent les affaires dans de mauvaises conditions; l'école se tint alors dans une maison appartenant à la veuve Michel Devergnies pour un bail de trois ans. Suite à ces difficultés il n'y eut plus que 2 classes (40 à 45 élèves), dirigées par Mesdemoiselles Roman et Elite Henry.

Bientôt grâce à la vigilance du comité organisa­teur, une 3e classe fut ouverte et tenue successivement par Mesdemoiselles Pluvinage, Grappix, Desguin, Bougard et Rousseau.

Le 20 août 1900 l'école fut transférée rue de la Régence dans un immeuble appar­tenant à Raoul Warocqué qui le prêta symbolique­ment; à cette époque les institutrices gagnaient 75fr. par mois, Mesdemoiselles Roman et Henry étant les plus anciennes gagnaient 92 Fr.

L'école reçut son premier subside provincial en 1906 : 500 Fr.

Plusieurs membres du comité disparurent et fu­rent remplacés par Messieurs Hendrikx, Victor Pennart, Fondu, P. Lebeau, L. Deprez, G. Honorez et Fernand Roulez.
Pendant la guerre, en 1916, l'école reçut de la nourriture provenant des Etats-Unis. Elle comptait, en 1911, 150 élèves, comprenant une section Frœbel et trois sections primaires.

Le 1er Juillet 1921, Raoul Warocqué fera don de tous ses biens à la Province de Hainaut. Il spécifie que  «  l'ASBL l'école libre laïque de Binche » aura la Jouissance de l'immeuble de la rue de la Régence, loué au prix symbolique de 1 Fr. et que l'association devrait garder la destination et l'aspect que l'école avait de son vivant. En 1921, l'Etat institua la mixi­té des écoles moyennes; les quatre premières filles à pouvoir en bénéficier furent Hélène Adam, Marcelle Delval, Marie Rombeau et Nelly Roulez ; l'école libre laïque ne fit plus alors que pré­parer les filles à cette école. En 1950 le Mi­nistère de l'Instruction publique créa une sec­tion préparatoire à l'école moyenne des filles; ce fut un rude coup pour l'école libre laïque qui voyant les défections de plus en plus nom­breuses prit des mesures pour rentabiliser l'école ; on construisit de nouveaux bâtiments, on organisa un bus de ramassage scolaire, etc. En 1970, ce fut le pacte scolaire qui eut raison de l'école, car étant école subsidiée elle devait créer un cours de religion; ce fut le déchirement au sein du comité organisateur (installé en février 1954, ce comité était com­posé de Messieurs Paul Gilson, Jules Gilson, Eugène Pourtois, (Marius Hendrikx, Alfred Henry, Pierre Babusiaux, Oscar Nicaise et Pierre Rain­chon): en effet, l'esprit des fondateurs était bafoué.

Après maintes discussions, ces Messieurs négocièrent la reprise de l'école libre laïque par l'école moyenne de l'Etat qui reprit ses institutrices. Le comité fut dissous le 17 février 1973.

Le bâtiment de la rue de la Régence abrita ensuite l'école dentellière.









[1] Je remercie vivement Monsieur et Madame Alfred Henry, sans qui cette étude n'eut pu avoir lieu et qui m'ont permis de consulter leurs archives.

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