jeudi 19 janvier 2017

La suppression des portes de la ville de Binche


LA SUPPRESSION DES PORTES D’ENCEINTE DE LA VILLE DE BINCHE
                                                                                                                                        Alain GRAUX

On s’étonnera de ne point trouver à l’instar d’autres cités médiévales des portes d’accès dans la ville,  dans la plupart des cas, c’est souvent la situation inverse qui prévaut.
Nous allons voir comment s’est effectuée la suppression de ces monuments.

LA PORTE DE BRUXELLES
Le 11 août 1836, Nicolas Termolle, facteur du bureau de poste de Binche demande au conseil communal de pouvoir démolir une partie de l’ancien contrefort de la porte de Bruxelles, à droite vers Battignies, pour y établir une maison, vu que le jardin situé sur le rempart lui appartient. L’assemblée extraordinaire  du conseil communal lui refusa l’autorisation[1].
Le 26 juin 1837 le conseil communal décide la vente des portes en bois et des ferrures les composant[2]. On adjugea à 21 Fr. le premier ouvrant et 22,5 Fr. pour le second[3].
C’est ainsi que commença le démantèlement de l’entrée du nord de la ville. Le 2 juin 1849 le conseil communal décide la démolition de la voûte de la porte de Bruxelles et de faire exécuter des réparations aux murs de cette porte. Le bourgmestre est informé que la route provinciale de Binche à Morlanwelz sera mise en adjudication. Le conseil déclare qu’il n’y a pas lieu de s’occuper des mesures à prendre pour la démolition de la porte qui offrira cependant quelques difficultés[4].
Le 15 septembre, le conseil communal voulant aider autant que possible l’exécution des travaux déclare céder et abandonner à la Province les parcelles et parties de la grand route nécessaire à l’élargissement de la route à condition que la porte soit démolie aux frais de la Province ou du concessionnaire de la route.
La Ville se réserve les pavés et grès provenant de la démolition des murs de soutènement  et de la voûte de la porte[5]. Le 13 septembre 1849 la Députation permanente du Hainaut accepte l’offre de session des parcelles à condition de démolir la porte mais celle-ci est reportée car la Députation veut que la route du Pont de Saint-Vaast à la ferme Picard soit construite en même temps que celle de Binche à Morlanwelz.
Le 17 août 1850, le conseil communal de Binche statue sur le projet de démolition de la porte de Bruxelles : « vu la difficulté qu’éprouvent en passant sous la voûte de cette porte les voitures chargées de gerbes en temps de moisson, de foin ou de perches pour les houillères.
Attendu que les ressources pécuniaires de la ville ne permettent pas d’entreprendre la démolition totale de cette porte et des travaux considérables dispendieux pour changer le passage.
Vu qu’on devrait exproprier plusieurs maisons et jardins.
Attendu qu’il existe plusieurs élévations de la dite voûte et qu’en démolissant la partie la plus basse pour la rétablir à la même hauteur que celle existante, les voitures chargées de gerbes pourraient librement passer.
Après délibération, déclare ajourner la décision à prendre »[6].
Le 28 mars 1851, Auguste Chevalier, marchand à Battignies, demande l’autorisation de pouvoir abattre la porte de la ville dite de Bruxelles moyennant une indemnité à lui allouer et d’ériger une maison d’après l’alignement qui lui serait prescrit avec abandon d’une partie de terrain à la voie publique moyennant une indemnité.
Le conseil voulut temporiser jusqu’à ce qu’il y ait un amateur pour la partie droite afin que les deux maisons soient construites parallèlement et sur un même plan[7].
Le 14 juillet 1851 la Ville demande un subside de 3.000 Fr. pour la démolition et ce, à la Province et à l’Etat[8]. Le 29 août le conseil communal approuve la démolition[9].
Une liste de souscription est faite en faveur de la démolition de la porte. Nicolas Francart, employé de la Ville ; est chargé de passer chez les particuliers[10]. Un article du registre du conseil communal du 23 octobre 1852 nous fait connaître les subsides occasionnés par ces travaux[11] :
Estimation.  Devis élevé à                                         4300 Fr.
Il est déduit :
Souscriptions volontaires                                            420 Fr.
Offre de démolition par le Sr Chevalier                      140 Fr.
                                                                                  ----------
Total                                                                          3740 Fr.

Dépenses :
Beaurain Georges François, acquisition et cession de terrain   2500 Fr.
Chevalier Auguste, acquisition et cession de terrain                   260 Fr.
Frais de démolition, transports                                                  1396  Fr.
                                                                                                 ----------
Total                                                                                            4156 Fr.

Subsides accordés :
Souscriptions volontaires                                                              420 Fr.
Subside Etat                                                                                 1243 Fr.
Subside Province                                                                          1243 Fr.
Somme supportée par la Ville non compris l’indemnité qu peut
Revenir à Nicolas Termolle pour emprise de terrain                   1250 Fr.
Les subsides promis ne furent reçus et approuvés qu’en 1854[12].

LA PORTE SAINT-PAUL
Ayant entendu que l’on allait agrandir le passage de la route de Binche à Merbes-le-Château, le sieur François Durieux propose à la ville de démolir à ses frais la porte Saint-Paul et ses à côtés[13].


Le 26 juin 1837 le conseil communal propose :
« Attendu que la porte Saint-Paul est trop étroite et peu élevée pour servir à une grande route et que le portique se compose d’une certaine quantité de grès qui étant façonnés seront propres au passage de la dite traverse.
Attendu que la dite porte est dans un état voisin de la vétusté, arrête de qui suit :
La porte Saint-Paul sera démolie afin de donner plus de développement à la route menant de Binche à Merbes-le-Château. Les grès provenant de la démolition seront ragréés et employés au pavement de la traverse de la ville.
L’ancienne porte Saint-Paul avec ses ferrures, celle du Posty, de Saint-Jacques, de Mons et de Bruxelles seront vendues attendu qu’elles ne peuvent être d’aucune utilité pour la Ville »
Ce point fut adopté par huit voix contre celle de Monsieur Derbaix qui s’était abstenu de voter n’étant pas assez éclairé sur la nécessité de démolir la porte Saint-Paul[14].
Le 26 juillet 1837 le collège échevinal notifie au conseil qu’il sera adjugé les anciennes portes de la ville. La porte Saint-Paul a rapporté 26 Fr.[15].

LA PORTE DU POSTY
Le registre du conseil de Régence de la ville de Binche du 6 mars 1837 relate :
La porte du Posty de cette ville qui menace ruine sera démolie et les grès provenant de cette démolition seront employés au pavement des rues de Wurtemberg dite place Saint-Jean ainsi que de la rue des Archers, en partie. Une partie des matériaux servira à établir un garde-fou hors de la dite porte à la descente de la ruelle du Mont Serra[16].
Le 26 mars 1837, les fers de la porte du Posty furent déposés et pesés à l’hôtel de ville. Les 60 livres de fers recueillis furent vendus à Monsieur Schortz, ferronnier à raison de 18 Fr. la livre ce qui donnera la somme de 19,8 Fr.[17]. Les portes en bois ne furent pas vendues vu qu’elles avaient déjà été enlevées[18].

LA PORTE DE MONS
Comme pour les autres portes de ville on vendit les portes en bois et les ferrures de la porte de Mons le 24 juillet 1837[19]. Un ouvrant rapporta 21 Fr. et l’autre 22,5 Fr.
Le rapport du conseil communal du 25 février 1839 dit :
« …sur l’information donnée au collège du danger qu’offre à plusieurs endroits la porte de Mons par une partie de ses parements, il s’est rendu sur les lieux, et après  avoir examiné le tout, le bourgmestre et les échevins désirent connaître si le Gouvernement provincial du Hainaut peut leur allouer un subside pour les frais de démolition de cette porte. Le collège est chargé de faire démolir la porte en attendant la décision du Gouvernement et prendra des mesures pour interrompre la circulation publique… »[20].
Le 27 avril 1839, le collège vu la résolution du conseil communal du 25 février dernier concernant la démolition de la porte de Mons « …vu le rapport de Monsieur Canivet, architecte provincial pour l’arrondissement de Thuin, en date du 13 avril, portant qu’il y a lieu d’enlever les parements de la dite porte dont la chute est à craindre et de laisser les murs dans leur état jusqu’à la décision.
Attendu qu’il y a du danger, décide la démolition de la porte au plus tôt possible et qu’au fur et à mesure des ouvrages le collège pourra juger où il devra s’arrêter… »[21].
Le rapport annuel du collège des bourgmestre et échevins de l’année 1839 signale :
La porte de Mons menaçait ruine sur plusieurs points. On en a démoli la partie qui pouvait occasionner des accidents. Si le redressement de la route n’a pas lieu vers cette direction, nous nous engagerons à statuer ce qu’il sera bon de faire dans l’intérêt et la sécurité des habitants[22].

LA PORTE SAINT-JACQUES
Les portes de bois rapportèrent lors de leur vente du 24 juillet 1837 la somme de 20 Fr.[23]


[1] A.V.B. 01-00-01-8.
[2] A.V.B. 01-00-01-9/86.
[3] A.V.B. 01-00-01-9/99.
[4] A.V.B. 01-00-01-11/982.
[5] A.V.B. 01-00-01-11/1002
[6] A.V.B. 01-00-01-11/1037
[7] A.V.B. 01-00-01-11/1092
[8] A.V.B. 01-00-01-11/1106
[9] A.V.B. 01-00-01-11/1113
[10] A.V.B. 01-00-01-12
[11] A.V.B. 01-00-01-12/p. 25 v°
[12] A.V.B. 01-00-01-12/ 1234 et 1269
[13] A.V.B. 01-00-01-9/60
[14] A.V.B. 01-00-01-9/86.
[15] A.V.B. 01-00-01-9/99
[16] A.V.B. 01-00-01-9/60
[17] A.V.B. 01-00-02-7/105
[18] A.V.B. 01-00-01-9/99
[19] A.V.B. 01-00-02-7/172
[20] A.V.B. 01-00-01-9/243
[21] A.V.B. 01-00-02-7/466
[22] A.V.B. 01-00-01-9/508
[23] A.V.B. 01-00-01-9/99

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