mercredi 25 janvier 2017

Quand le tribunal de Binche prend le pas sur celui de Charleroi


QUAND LE TRIBUNAL DE BINCHE PRENAIT LE PAS SUR CELUI DE CHARLEROI 
                                                                                                                                          Alain GRAUX

Suite au traité d’Aix-la-Chapelle qui eut lieu le 2 mai 1668, l’Espagne dut céder à Louis XIV une partie de ses conquêtes, de telle sorte que la prévôté de Binche devint partie intégrante de la France.
L’article 3 du traité stipulait que « le roi  très chrétien retiendra, demeurera saisi et jouira effectivement de toutes les places, forts et postes que ses armes ont occupés ou fortifiés pendant la campagne de l’année passée, à savoir : de la forteresse de Charleroy, des villes de Binch et Ath, des places de Douai, le fort de Scarpe compris, Tournai, Audenarde, Lille, Armentières, Courtrai, Bergues et Furnes… »
La forteresse de Charleroi ne disposait d’aucun tribunal, recourant à différentes juridictions lorsque le besoin s’en faisait sentir.
Un arrêt du Conseil d’Etat, mit fin à cet état de chose :
« Sur ce qui a été présenté au Roy, estant en son Conseil, que n’y ayant jusqu’à présent aucun juge establi en la place de Charleroy, pour terminer et juger les procès et différens qui surviennent journellement entre les anciens habitants et les personnes qui sont venus habituer et ont bâtis des maisons tant dans l’enceinte de la forteresse, que dans les faubourgs, lesdits habitant ne trouvent aucune justice, ne sachant où la demander, puisque Sa Majesté ne les a point assujettis à aucune juridiction voisine, ce qui leur fait un grand préjudice, même aux autres sujets de Sa Majesté leurs voisins et aux étrangers qui font commerce et trafic avec lesdits habitans et afin qu’ils puissent trouver toute la justice dont ils ont besoin pour la décision de leurs procès et différens et qu’ils puissent aussi être assistez de gens capables d’instruire lesdits procès et conduire leurs affaires.
SA MAJESTE estant en son Conseil a ordonné et ordonne que les dits habitans et autres ses sujets étrangers qui auront affaire ensemble, se pourvoiront à l’avenir en première instance pardevant le juge royal et ordinaire, civil et criminel de la ville et prévôté de Binche, pour toutes causes et différens qu’ils auront l’un contre l’autre en matière civile, criminelle et réelle, pour être jugé par luy suivant les coutumes locales, ainsy qu’il fait des sujets et habitans de ladite ville et prévôté de Binche, Sa Majesté l’ayant à cet effet commis, établi et ordonné juge de ladite place et faubourgs de Charleroy avec un pouvoir semblable à celui qui a été donné pour la dite ville et prévôté de Binche, à la charge que les jugements qui se feront par luy rendus ressortiront pour appel au Conseil Souverain de Tournay ; ordonne Sa Sadite Majesté que le présent arrêt sera lu, publié et registré audit Conseil Souverain, dans lesdites places de Charleroy et Binche, pour être ensuite exécuté  selon sa forme et teneur, enjoint Sadite Majesté au gouverneur dudit Charleroy, présent et à venir, de tenir la main à l’exécution du présent arrêt et audits habitans de reconnoitre ledit juge de Binche pour tout ce que dessus à peine de désobéissance
Fait au Conseil d’Estat du Roy, Sa Majesté y étant, tenu à Saint Germain-en-Laye, le vingt-sixième jour de septembre »
Signé Le Tellier et scellé du grand sceau de sa Majesté en cire jaune

Lors du traité de Nimègue en 1679, quand la place de Charleroi et la prévôté de Binche passèrent sous la domination espagnole furent rendus à Charles II, la juridiction resta la même.
Ce ne fut qu’en 1693 par l’Edit politique du 5 février, que le droit de rendre justice fut attribué à Charleroi.

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