vendredi 27 janvier 2017

Les distillateurs binchois


LA DISTILLERIE BINCHOISE
                                                                                                                                        Alain GRAUX
Ce n’est qu’à partir du XVIe siècle que l’on commença à distiller du genièvre à partir de céréales. Durant les siècles précédents, la consommation de spiritueux se limitait presque exclusivement à l’eau-de-vie distillée de la lie de vin. Cette modification est sûrement due à la disparition des vignobles, à la même époque.
L’emploi de boissons spiritueuses augmente surtout à partir du XVIIIe siècle.
La distillation fut souvent interdite du fait qu’une part importante des récoltes de grains devait servir à la fabrication du pain et aussi à cause des mauvaises récoltes.
En 1793, on pensa à une éventuelle interdiction de la distillation, mais après en avoir délibéré avec les Etats Provinciaux, le Conseil Privé décida qu’il valait mieux libéraliser la politique parce que l’eau de vie de grain est un objet de première nécessité pour les troupes de Sa Majesté aussi parce que cette défense diminuerait considérablement le revenu des provinces, qui toutes on établi des impôts sur cet objet de consommation et de plus cette interdiction serait nuisible à l’agriculture en empêchant l’engrais du bétail[1].
Vu la disette qui règne aux débuts du régime français, on interdit encore la distillation
Le 11germinal an 3 (1-3-1795), suite à un arrêté de l’administration centrale, les citoyens Turlot et Cohendos, députés de la municipalité de Binche, visitèrent les fabricants de Genièvre. Après avoir vérifié l’état des scellés apposés sur les alambics, en vertu de l’arrêté du 22 nivôse, chez les citoyens Leclercq et Dumollin, ils les enlevèrent et les déposèrent à la maison communale[2].
Le recensement de l’an V (1797) ne renseigne pourtant qu’un seul distillateur : Dominique Leclercq [3]. La distillation ne se fit alors qu’avec des dérogations.
Le 8 nivôse an X (29-12-1801), le sous-préfet de Charleroi, oblige les distillateurs de genièvre de la ville à employer dans leur distillation, le seigle et autres grains « manuables ».
Le maire et l’adjoint se rendirent alors chez Louis Degueldre et chez Dominique Leclercq, distillateurs, ils firent l’état des grains et mélanges qu’ils y trouvèrent [4].
Il y avait quatre distilleries de genièvre en 1834 [5].
La ville de Binche édicta le 1-7-1853, un règlement de perception de l’octroi sur le genièvre[6].
La fabrication d’alcools disparut de la ville jusqu’en 1937, Jules Daminet demanda alors la permission d’installer une fabrique de liqueurs spiritueuses.


Liste des distillateurs
BARAS
L’Almanach du commerce et de l’industrie de 1851, 1857 [7], ne cite qu’un distillateur : Baras,  il s’agit de la famille de Louis Bara [8], à qui succéda son fils Théodore [9].

CAMPION CHARLES
M. Lauwerijs, ancien horloger, possède une horloge de café portant l’inscription « Distillerie binchoise- Campion-Groisse- Binche »
Cette horloge fait référence au distillateur Charles Campion [10] qui exerçait 14, rue de la Régence.

DEBAIX DIEUDONNÉ
Dieudonné Debaix [11], est cité distillateur, ayant logé des soldats prussiens en 1815 [12].

DEGUELDRE LOUIS
Le 27 ventôse an VI (17-3-1798), Louis Degueldre [13]demande la permission de pouvoir tirer l’eau nécessaire de la rivière pour l’usage d’une « brasserie au Genièvre » qu’il est intentionné de construire sur son terrain tenant à la rivière [14].
Il est cité distillateur en 1815 lorsqu’il est indemnisé pour avoir logé des soldats prussiens chez lui [15].
Il exerçait dans une ferme du Faubourg Saint-Jacques, en face du pont à Bouzarte qui devint plus tard l’étude du notaire Auguste Derbaix, petit fils de Louis Degueldre. A. Derbaix fit abattre la grange en 1900 et démolit l’ancienne distillerie[16].

DAMINET JULES
Le 24 août 1937, Jules Daminet [17], marchand de bière, demande l’autorisation d’établir au n° 11 et 13, rue Neuve, cadastré B. 842m, un atelier à fabriquer les eaux gazeuses, comprenant les machines et appareils mus par deux moteurs électriques d’½ et 1 H.P. ainsi qu’une fabrique de liqueurs spiritueuses par simple coupage, comprenant un dépôt de 200 litres max. d’alcool éthylique à plus de 55° GL.
Il y fut autorisé le 8-7-1938 [18].

DUMOLLIN CHARLES
Charles Dumollin [19]est cité distillateur le 11 germinal an III (1-4-1795)

HUART FERDINAND
Ferdinand Huart [20]est cité distillateur, il logea des soldats prussiens en 1815.

LECLERCQ  DOMINIQUE
Le recensement de l’an V cite Dominique Leclercq[21], 29 ans, distillateur d’eau-de -vie, demeurant Grand-Rue, arrivé à Binche en 1793.
Le 12-10-1851, devant le notaire Auguste Fontaine, et à la requête de :
Charlotte Leclercq, veuve Léandre Jadot, cultivatrice à Péronnes-lez-Binche.
Melle Sophie Leclercq, rentière à Binche.
Valentine Leclercq, épouse de Philippe Jamez, négociant à Binche.
Ursmarine Huart, veuve Adrien Leclercq.
Virginie Leclercq, épouse Charles Buisseret, corroyeur à Binche, procèdent à la vente d’une grande maison, Grand-Rue, tenant à M. Paradis, à M. Termolle et au rempart, à usage d’habitation et de distillerie, provenant de la succession de Dominique Leclercq et de son épouse Sophie Mercier, distillateurs, leurs parents.
La maison sera vendue à Ursmer Lebrun, fermier à Binche.

CONCLUSION
La distillerie binchoise, bien que présente depuis la fin du XVIIIe siècle, n’eut jamais beaucoup d’influence sur le commerce local.


[1] A.G.R. Conseil Privé, 1129 B./ 1130 A.
[2] A.V.B. 01-00-01-1.
[3] A.V.B. 2723
[4] A.V.B. 01-00-01-1.
[5] VANDERMAELEN P. Dictionnaire géographique du Hainaut, Bruxelles, 1834, p. 73.
[6] A.V.B. 01-00-01-1
[7] TARLIER H. Almanach du commerce et de l’industrie, publié avec le concours du gouvernement sur les documents fournis par les administrations communales, Bruxelles, 1851, p. 612 ; 1857, p. 84.
[8] Bara Louis-Joseph, ° Binche 3-9-1777, distillateur, x PRECELLE Eugénie, ° Haulchin 19-2-1786.
[9] BARA Théodore, ° Binche 31-3-1819, y † 15-3-1888, cultivateur, x Binche 4-3-1851, Lebrun Thérèse-Cécile, ° Binche 4-4-1821
[10] CAMPION Charles-Hubert, ° Binche 13-6-1864, x Binche 6-7-1887, GROISE Marie-Louise
[11] DEBAY Dieudonné, ° Binche 29-5-1782,
[12] A.V.B. 01-02-09-3.
[13] DEGUELDRE Louis-Joseph, x STOQUART Ferdinande
[14] A.V.B. 01-00-01-1
[15] A.V.B, 01-02-09-3.
[16] DERBAIX P. et AMORY D., Au cœur du Hainaut deux familles Derbaix et quelques unes de leurs alliances (1600-1990).
[17] DAMINET Jules-Jean-Baptiste, ° Estinnes-au-Val, 12-4-1888, x DELPLANCQ Julia, ° Estinnes-au-Val 6-12-1888
[18] A.V.B. 01-04-09-..
[19] DUMOLLIN Charles-François-Laurent, ° Binche 10-6-1760, x Binche 30-10-1780, LEHEU Marie-Françoise, ° Binche 15-7-1764
[20] HUART Ferdinand-Joseph, ° Maurage 16-12-1774, † Binche 17-9-1832, distillateur et blanchisseur de toiles.
X Binche 27 fructidor an VIII (14-9-1800) HUART Marie-Catherine-Jh., ° Binche 11-4-1774, y 11-8-1855,
[21] LECLERCQ Dominique, ° Chapelle-lez-Herlaimont 1767, x MERCIER Françoise-Joseph, dite Sophie, ° Trazegnies 29-4-1765, † Binche 7-6-1856.

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