lundi 16 janvier 2017

Les avatars d'une usine binchoise


LES AVATARS D’UNE USINE BINCHOISE
                                                                                                                                      Alain GRAUX

LA TANNERIE GAILLEZ
En 1812, Charles Gaillez[1], marchand de cuir, fabricant d’huile et de savon, décide d’ajouter à ses activités la tannerie, profession exercée auparavant par son père.
Il sollicite l’autorisation  de faire construire une habitation et tannerie sur la nouvelle chaussée de Binche à Charleroi. Il en reçoit l’autorisation par décret impérial du sous-préfet de Charleroi le 22 octobre 1812.
Il fait partie de la garde d’honneur en 1813. En 1815, il loge des Prussiens dans sa maison.
Le cadastre de 1825 indique que le tanneur Charles Gaillez possède entre autres biens :
Section C. Parcelle 159          Jardin                          5a 80ca
                                160         Maison tannerie          1a 40ca
                                161         Jardin                          6a 80ca
Charles-César Gaillez[2] contina l’activité de son père.
En 1850, Charles Gaillez demande l’autorisation de maintenir un barrage sur la rivière la Samme à proximité de sa tannerie. Suite à une plainte des riverains, pour causes d’inondations, le tribunal lui intima l’ordre d’enlever le barrage le 30 août 1850[3].

LA MAISON BRUÈRE
Cet immeuble qui jouxte la Samme a été acquis par l’industriel Edouard Bruère[4] par recours public le 15 novembre 1858, de Louison et Marie-Charlottte Gaillez au titre de succession de leur oncle Charles Gaillez.
E. Bruère espère alimenter en eau la brasserie qu’il a fait construire au coin de la rue de Merbes et du Pavé de Charleroi. Le 20 février 1859, il demande l’établissement d’une prise d’eau, mais lors de l’enquête commodo-incommodo il y eut opposition des habitants de Battignies. La prise d’eau est refusée.
Il loue le bâtiment formant alors deux maisons occupées par M. Dugnolle et M. Lengrand et le jardin y annexé.
Le 30 juin 1861, il fait apport de ces deux maisons à la société en commandite simple « Société des moulins et brasseries de Binche » qu’il vient de créer, mais s’en dessaisit en 1863.

MALTERIE HAUCHAMPS
 Le 7 octobre 1862, vente par Edouard Bruère, négociant à Binche, au profit de Fernand Hauchamps[5],, son beau-fils et de son épouse, d’une tannerie appendances et dépendances, close de murs, contenant 8a 8ca, cadastré section C. parcelle 173 et 174, sis faubourg de la Sablonnière, tenant à Caroline Ramboux, à la ruelle Vénéris et par derrière aux représentant François Dejardin.
Le 27 décembre 1863, devant le notaire Lechien, de Fayt-lez-Seneffe, Fernand hauchamps, marchand de grains, crée une nouvelle société nommée « Hauchamps et Cie. Société de grains maltés »[6].
Le 29 janvier 1865, la société demande de pouvoir établir une machine à vapeur fixe, d’une force de 10CV.
En 1870, la firme ouvre un crédit de 100.000 Fr. auprès de la banque Tercelin-Goffint-Manjot à Mons[7].
La plan et matrice cadastral Popp renseigne :
Section C. Parcelle 172a                    Jardin                                      2a 10ca
                                172f                   Jardin                                      1a 90ca
                                172g                   Maison                                    1a 70ca
                                 172h                  Maison                                    1a
                                 173a                  Fabrique de malt et
                                                           Moulin à farine à vapeur        2a 60ca
Vers 1913, à la fin de la malterie, elle était encore dirigée par bel Hautier[8].

LA BANQUE HAUCHAMPS
Parallèlement à ses activités de malteur, Fernand Hauchamps exerçait aussi le métier de banquier.

                                            La siège de la banque Hauchamps et à côté la malterie

En1870, en compagnie d’Adrien-Joseph Dugnolle, il crée à Mons une société de banque nommée « Banque Dugnolle et Hauchamps ». En 1877, suite au décès d’A. Dugnolle, il transfère le siège de cette banque à Binche dans les locaux de la « Société belge des grains maltés » tout en conservant une succursale à Mons.
Le 3 mars 1877, devant le notaire Williams, il renouvelle son association avec Emérante Milcamps, veuve d’Adrien Dugnolle.
Le 28 août 1888, est créée la société de banque en commandite simple « Hauchamps-Ruwet et Compagnie ». Cette société au capital de 290.000 Fr. est fondée par Fernand Hauchamps, industriel et conseiller provincial, domicilié à Binche ; Arthur Ruwet[9], capitaine retraité, demeurant à Mons ; Joséphine Bruère (son épouse) et Léon Bruère[10], capitaine commandant d’artillerie, de Bruxelles.
MM. Hauchamps et Bruère sont commanditaires à l’égard de Léon Bruère et de Mme Ruwet.
Fernand Hauchamps apporte 123.833, 34 Fr.
Arthur Ruwet apporte 25.000 Fr. et son épouse 58.333, 33 Fr.
Léon Bruère apporte 83.333, 33 Fr.
La société débute le 1er mars 1888 pour une durée de 10 ans.
Le 10 octobre 1902, Fernand Hauchamps s’associe de nouveau avec son beau-frère Léon Bruère, alors major d’artillerie et directeur au Ministère de la Guerre, ils créent la société en commandite simple sous la raison sociale « Fernand Hauchamps et Cie. Caisse commerciale de Binche ».
Elle prend cours le 15 octobre 1902 pour une durée de 10 ans.
Le capital social est fixé à 250.000 Fr. dont les apports sont de 150.000 Fr. pour F. Hauchamps et 100.000 Fr. pour L. Bruère.
Il faut noter que Fernand Hauchamps fut président de la Société Royale « Les Chasseurs » de 1881 à 1910.
Après le décès de Fernand Hauchamps, la maison de maître qui formait la banque de l’entreprise fut vendue par son petit-fils, Marcel Hauchamps[11] et scindée en deux parties :
a1. LA BANQUE CHARLES
L’activité bancaire continua sous la direction de Marc Charles[12]. Cette banque arrêta ses activités en juillet 1913. Cette partie de la maison fut vendue à Eugène Delplancq

a2. LA MAISON DELPLANCQ
Le négociant de tissus, Eugène Delplancq-Picart[13], qui tenait son magasin rue du Cerf, vint habiter l’avenue Wanderpepen en juillet 1925.

b. LA MAISON DAUMERIE-GOMBAULT
C’esst un marchand-tailleur Fernand Daumerie[14] qui acheta la partie gauche de cette maison, il y est déjà cité en 1928. Il fabrique des vêtements confectionnés en gros.
Il donna son matériel et ses fournitures en apport d’une société anonyme nommée « Etablissements Daumerie-Gombault » qu’il crée avec sa famille devant le notaire Derbaix le 9 décembre 1947.
Les fondateurs sont :
Fernand Daumerie et son épouse Julia Gombault, confectionneurs, 22 avenue Wanderpepen
Andrée Daumerie, infirmière, à Bruxelles
Paul Daumerie, sans profession, 22 avenue Wanderpepen
Paul Ledant, médecin et son épouse Mariette Daumerie, habitant jette
Emmanuel Janssens, employé et son épouse Marie-Louise Daumerie, demeurant à Gand
Alfred et Germaine Daumerie, frère et sœur, marchands tailleurs, 47 avenue Albert 1er
La société a pour objet la confection de vêtements en gros pour hommes et jeunes gens.
Le capital social est fixé à 200.000 Fr.
Le 11 mai 1954, devant le notaire L. Derbaix, Fernand Daumerie et son épouse exposent que le capital de 200.000 Fr. est devenu leur propriété par achats successifs. Suite à cette réunion entre leurs mains, la société anonyme a cessé d’exister et est dissoute à la date du 31 décembre 1953.

LE « SHOPPING CENTER »
Vers 1970 la demeure Daumerie/Delplancq fut abattue pour faire place à un nouvel immeuble comprenant des appartements aux étages, et un rez-de-chaussée commercial « Le Shopping Center » devenu ensuite le magasin « GRO » et est passé ensuite dans d’autres mains.


[1] Gaillez Charles-Adrien , ° Trivières 10-10-1776, † Binche 14-8-1841, x 1°- Binche 25 brumaire an V (15-11-1796), Leclercq Caroline-Bernardine-Joseph, ° Binche 11-7-1778, y † 19 nivôse an VIII (9-1-1800), x 2°- Liénard Joséphine,
[2] Gaillez Charles-César, ° Binche 22-10-1806, y † 10-6-1841.
[3] A.V.B. 02-00-02-2. Correspondance du collège du bourgmestre et échevins de Battignies
[4] Bruère Edouard-Joseph, x Binche 25-9-1839, Milcamps Mélanie-Louise, ° Binche 8-5-1810
[5] Hauchamps Fernand-Emile, ° Nivelles 23-7-1843, † Binche 4-10-1911, banquier et malteur, x Binche 23-10-1861, Bruère Marie-Joséphine, ° Binche 10-7-1840, y† 1-5-1906.
[6]  A.E.M. Enr. A.C.P. registre 158.
[7] Idem
[8] Hautier Abel-Joseph, ° Bois-d’Haine 5-7-1858, x Charleroi 18-12-1883, Fauville Clémence-Marie, ° Charleroi 5-12-1856.
[9] Ruwet Gustave-Arthur-Lucien-Louis, x Binche 4-11-1871, Bruère Joséphine-Alice-Emérante, ° Binche 23-8-1844, et Léon Bruère, capitaine commandant d’artillerie, de Bruxelles.
[10] Bruère Léon-Edouard-Joseph, ° Binche 20-10-1849.
[11] Hauchamps Marcel-Charles-Albert, ° Thuin 17-12-1897, parti habiter Anvers en 1914.
[12] Charles Marc-Armand, ° Jumet 20-8-1893, x Morlanwelz 24-7-1917, Charles Berthe-Maria, ° La Louvière 30-10-1896.
[13] Delplancq Eugène-Emile-Ghislain, ° Binche 26-9-1899, † Blankenberge 2-6-1954, x Binche 29-7-1922, Picart Germaine-Elite-Célinie, ° Binche 13-6-1900.,
[14] Daumerie Fernand-Louis-Marie-Ghislain, ° Binche 17-8-1887, x Ixelles 8-12-1917, Gombault Julia, ° Bruxelles 28-6-1886

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