samedi 10 décembre 2016

La distribution d'eau


A PROPOS DE LA DISTRIBUTION D’EAU AU XIXe SIECLE

                                                                                                                                         Alain GRAUX         

Depuis la naissance de la Ville plusieurs fontaines et/où puits alimentaient la ville en eau potable, les principales étaient :

La fontaine de la Grand-Place

La grande fontaine qui se trouvait sur le Marché en face de la rue des Pelletiers, montrait un piédestal ou colonne d’où l’eau sortait par quatre tuyaux pour se répandre dans un réservoir octogonal formé de belles pierres bleues.

Autrefois, des barrières la ceignaient, on y attachait parfois des prisonniers mis à la « vergogne ».

Elle disparut en 1863[1].
                                  La fontaine de la Grand-place vers 1854. Lithogravure de Th. Ch. Hoolans



La fontaine de la Grand-rue

Appelée « la petite fontaine », elle était établie  en face de l’église des Récollets.  En 1863, elle fut supprimée  lorsqu’on installa dans la ville le système de distribution d’eau à domicile.

La fontaine de Million

Le quartier de Million était desservi par une fontaine. Le 18-12-1896, le Conseil communal, vu la lettre de l’ingénieur hydrologue, Moulan en date du 12-12-1894, sur la qualité de l’eau de la fontaine de Million, et sur le rapport de M. Ghisbain , conseiller, est unanimement d’avis de supprimer cette fontaine[2]

La fontaine du Pont-Martine

C’est en 1897, que le conseil communal prend la décision de supprimer la fontaine du Pont Martine[3].





Les puits

Des puits publics se situaient rue de Mons, sur la Grand-rue proche de la ruelle Sainte-Anne,  rue de la Biche, rue des Pelletiers au carrefour de la rue St-Jacques.



Construction de conduits en briques pour l’alimentation en eau

Afin d’amener l’eau aux fontaines, la construction de plusieurs conduits fut nécessaire

a)      En octobre 1822

La construction fut commencée au citerneau n°1, tenant au chemin de Merbes, ayant 1 m de profondeur jusqu’au citerneau n°2 situé dans la même prairie occupée par M. Delhaye dit Lolo, lequel à 1,5 m de profondeur sur une longueur de 52 m. Il se prolongera dans la prairie de M. Nicolas Hazendonck à partir du citerneau n°3 qui a une profondeur de 2,5m jusqu’au citerneau n°4 situé dans la même prairie et qui a 0,60 cm de profondeur, sur une longueur de 200 m.

La construction aura donc 252m de long.

La ville fournira aux maçons les briques, la pierre si on en emploie, la chaux, les cendres, les tuiles si on en emploie.

Les briques seront prises à la briqueterie M. Hazendonck.

Les maçons commis à ce travail sont Joseph Houssière, François Lefrancq, Ursmer Seghin et Nicolas Beaudoux, ils seront payés pour cette construction, ensemble, 368 Frs.[4].

b)      En août 1827

Un autre conduit fut décidé, dans le bas du citerneau qui existe dans le bas de la prairie du sieur Hazendonck, tenant à la ruelle de l’abbaye de Bonne-espérance jusqu’au grand chemin de Morneau, près de la ferme de ce nom, à la rencontre du conduit en briques existant, il y a 335 m de longueur.

c)      En 1858

Le rapport du collège du bourgmestre et des échevins adressé au conseil communal signale :

« En mai dernier, à  la suite d’une sécheresse extraordinaire qui avait déterminé un abaissement inaccoutumé du niveau des sources ; et aussi à cause du  mauvais état des conduits et tuyaux servant à amener les eaux dans les fontaines publiques, la ville de Binche se trouvait à la veille d’être tout à fait dépourvue d’eau.

Sur notre proposition, vous avez voté la somme nécessaire pour l’exécution d’un travail ayant pour but d’amener en ville une quantité d’eau suffisante pour le besoin des habitants.

Ce travail important qui n’a pas duré moins de trois mois au milieu de grandes difficultés, a été couronné d’un plein succès….ce travail doit être complété et entièrement terminé, de manière à pouvoir faire des concessions d’eau à des particuliers. Ce serait le seul moyen de retirer un intérêt de l’argent dépensé et d’amortir annuellement une partie du capital dépensé »



Restauration des puits publics en 1824[5]

a. Les puits de la Grand-rue et de la rue de Mons

Par une délibération du conseil de régence de la ville de Binche du 22 avril 1824, on décide d’effectuer le placement de deux pompes aux puits publics de la ville.

La somme de 200 florins accordée par la députation permanente du Hainaut, est ajoutée l’allocation de 450 florins déjà accordée au budget de 1824 pour faire le placement de deux pompes aux puits publics de la Grand-rue et de la rue de Mons.

Le cahier de charge stipule :

Pour la démolition à rez-de-chaussée de deux puits et raccommodage en maçonnerie, placement de pierres de couverture, il sera employé 8 journées de maçon soit                                 12 florins

Pour la chaux, sable, cendre, transport                                                                           4 fl.

Pour 16 journées à divers journaliers qui prêteront la main lors du placement des

pompes et colonnes                                                                                                   9, 60 fl.

Pour 16 journées de 4 ouvriers charbonniers pour tirer l’eau et curer le fond des

deux puits                                                                                                                 19, 20 fl.

Pour divers tuyaux en fer coulé                                                                               18, 90 fl.

Du chêne sera employé dans les 2 puits pour soutenir le corps des pompes,

et pour faire les planchers près des secrets en gîtes et madriers                              15, 40 fl.

15 journées de menuisiers pour ce qui précède et donner la main pour le

placement des pompes                                                                                             15, 00 fl.

Il sera fourni en pierre bleue de Feluy, deux couvertures de puits, deux bases,

Deux pilastres et trois bornes rondes                                                                      200, 00 fl.

Faisant au total avec main d’œuvre                                                                        650, 00 fl.



b. Le puits de Million

Le 17 juillet 1824, le bourgmestre et échevins de Binche demandèrent l’autorisation au gouverneur du Hainaut, de placer une pompe au puits de Million, ils en reçoivent l’autorisation le 7 août.

« Il est permis à la Régence de la ville de Binche de placer une pompe au puits, dit de Million, rue de Mons, le long de la route de 2e classe, n°9, à condition que le balancier et le rejet ne soient pas placés du côté de la route.

Monsieur l’ingénieur en chef du « Waterstraat » est chargé de l’exécution du présent arrêté »[6].



Pétition pour l’établissement d’une fontaine au Posty

« Les soussignés habitants le faubourg du Posty prennent la liberté de vous exposer que de tous les centres populeux de notre ville, leur quartier se trouve seul privé d’une institution ordonnée par toutes les lois de l’hygiène et de la salubrité publique, l’établissement d’une fontaine publique.

Depuis longtemps les administrateurs qui se sont succédé ont reconnus l’utilité de semblable institution. C’est au nom de ce principe et des antécédents qui ont été posés, que nous sollicitons l’établissement d’une fontaine dans le quartier du Posty



Restauration des fontaines en 1834[7].

Le 21-6-1834, la Ville de Binche demande un subside de 2050 Fr. pour des dépenses relatives au personnel de police et pour l’achat et le placement de bassins nécessaires à deux fontaines publiques et pour travaux à une pompe.

Le 28-8-1834, la Ville de Binche est autorisée par la Députation permanente du Hainaut à disposer jusqu’à concurrence de 2050 Fr. par prélèvement sur l’excédant de son budget

Ces deux fontaines sont celle de la Grand-rue et de la Grand-Place.



Fontaine de la Grand-rue

Relevé des travaux nécessaires en 1834, pour cette fontaine :

Achat de pierres à M. Jean-Baptiste Piron, de Feluy, y compris le plan du bac      1525, 00 Fr.

Pour déchargement des pierres et démolition de la vieille fontaine,,  maçonnerie,

Briques, chaux, briquettes, transport, surveillance,                                                    641, 40 Fr.

Pour les fers, déduction des vieux                                                                               13, 80 Fr.

Pour le cercle, agrafes                                                                                                  50, 00 Fr.

Pour les tailleurs de pierre                                                                                            79, 40 Fr.

Pour les plombs, déduction des vieux                                                                          14, 00 Fr.

Pour logement et nourriture des tailleurs de pierre                                                      43, 50 Fr.

Pour mastic à l’huile                                                                                                     35, 35 Fr.

Pour journées payées aux ouvriers, droits de taxes et têtes de lions aux buses           97, 55 Fr.

Total                                                                                                                         2500, 00 Fr.



Achat de pierres à M. Nicolas de Lalieux, de Feluy (déduction faite d’une marche, de quatre petits bancs et d’une couverte de citerneau ne faisant pas partie de la

Fontaine)                                                                                                                  1548, 38 Frs.

Pour déchargement de pierres, démolition de la vieille fontaine, enlèvement

et transport des débris au château, maçonnerie, briques, chaux, sable, cendres

gravier, frais de location d’un engin, surveillance, pose                                            649, 19 Fr.

Fer, y compris celui nécessaire pour la patte d’écrevisse                                             80, 56 Fr.

Pour le cercle, vis, agrafes, déduction du vieux fer                                                     47, 83 Fr.

Pour les tailleurs de pierre                                                                                          123, 00 Fr.

Pour logement et nourriture des tailleurs de pierre                                                    109, 50 Fr.

Pour mastic à l’huile                                                                                                     47, 21 Fr.

Pour taxes municipales, têtes de lions aux buses                                                         47, 37 Fr.

Pour un robinet en cuivre pesant 15 livres, déduction du vieux pesant 8 livres          21, 21 Fr.

A déduire le prix de la vente des pierres de l’ancien bac (104, 00 Frs)                      -------------

Total                                                                                                                         2570, 45 Fr.

La différence  de 70, 45 Frs se justifie par l’excédent en grandeur de la fontaine de la Grand-Place, par une plus forte épaisseur des pierres à la base, par les frais de conduite des pierres qui étaient déposées au château, par la difficulté de monter la première fontaine et enfin par les frais de confection de la patte d’écrevisse qui a servi aussi à monter le bac de la fontaine de la Grand-rue



Aménagements effectués en 1840[8] 

Le conseil communal du 27 janvier 1840, décida qu’il y avait lieu de faire exécuter au plus tôt les travaux suivants :

-          Remplacer par des tuyaux en plomb ayant 8cm de diamètre, les buses en bois servant à  alimenter les fontaines publiques, dans la traverse de la prairie de M. le comte de Robiano, et une partie de la prairie dite du roi, jusqu’au citerneau y établi, lesquelles sont défectueuses sur une longueur de 152 m. Dépense prévue : 2400 Fr.

-          Depuis 1836, on a augmenté d’un jet la fontaine de la Grand-rue ; établi un jet au dessus de la pompe de la dite rue et un à la rue de la Biche. Les tuyaux n’ayant que 4 cm de diamètre, il convient de les remplacer  sur 180m, depuis le citerneau de la fontaine de la Grand-Place jusqu’à celui établi près de la maison M. Demaret.

Dépense estimée à 1800 Fr.

-          Il est indispensable de poser des bacs en pierre pour recevoir les eaux des jets de la Grand-rue  et de la rue de la Biche, d’établir un conduit de maçonnerie à cette dernière rue, pour évacuer les eaux en dehors de la ville. Dépense prévue : 800 Fr.

Le Ville n’ayant pas de revenus suffisants pour effectuer ces travaux sollicite du gouverneur du Hainaut, l’autorisation de vendre des immeubles appartenant à la Ville :

  1. Une maison rue de Mons, n° 565, près de la porte de la ville, tenant au rempart et à M. Cordier.
  2. Une maison, rue de Charleroi, n° 281, près de l’ancienne porte, tenant à la route de Charleroi, à la ruelle du rempart et à M. Henri Devergnies
  3. Un terrain inculte tenant à gauche en sortant de la ville par la porte du Posty, tenant au chemin de Bonne-espérance, au rempart et à M. Charles Cruppe.
  4. Une parcelle de terrain, faubourg Saint-Paul entre deux ponts, tenant au chemin qui conduit à la ruelle à Mourdreux, au chemin du boulevard, à la partie de la rivière longeant le mur du rempart.
  5.  

Construction d’une citerne en 1848

Ce sont les maçons Maximilien Beaudoux-Delplancq et Alexandre Houssière qui sont chargés par l’administration communale d’exécuter une citerne publique près de la fontaine de la Grand-rue en face de l’église du Sacré-Cœur. Celle-ci aura une longueur de 4,5 m sur 3,5m de largeur, et une profondeur de 3,5m. Cette entreprise se fait pour la somme de 545 Fr.[9]

           

L’instauration de la distribution d’eau en 1863   

En 1862, le conseil communal  résolut de créer un service de distribution d’eau à domicile, les travaux de cette entreprise furent exécutés en 1863-1864. Ces travaux exigèrent une dépense estimée à 136.000 Fr.

Ces installations durent être améliorées et complétées à diverses reprises.

En 1885, le volume d’eau mis à disposition des habitants était devenu tout à fait insuffisant : les jours de forte consommation les quartiers élevés en étaient complètement dépourvus. De grands travaux furent entrepris sous la direction de l’ingénieur hydrologue Moulan. Commencés en 1887, ils ne furent clôturés qu’en 1891.

La dépense depuis l’origine jusqu’en 1885 s’élève à 316.192 Fr.

De 1886 à 1889 elle s’élevait à 154.998 Fr. et de 1889 jusqu’en 1914 à 113.736 Fr.

Depuis 1891, la ville dispose d’une eau saine et abondante, écartant ainsi les épidémies de typhus récurrentes dans le Hainaut.



[1] T. LEJEUNE, Histoire de la ville de Binche, p. 289.
[2] A.V.B. 01-00-01-21
[3] A.V.B. 01-00-01-21
[4] A.V.B. 01-10-04-60
[5] A.V.B. 01-10-04-61
[6] A.V.B. 01-10-04-60
[7] A.V.B. 01-10-04-61
[8] A.V.B. 01-10-04-70
[9] A.V.B. 01-10-04-73

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