A PROPOS DE LA DISTRIBUTION D’EAU AU XIXe SIECLE
Alain GRAUX
Depuis la naissance de la Ville plusieurs
fontaines et/où puits alimentaient la ville en eau potable, les principales
étaient :
La fontaine de la Grand-Place
La grande fontaine qui se trouvait sur le Marché en face
de la rue des Pelletiers, montrait un piédestal ou colonne d’où l’eau sortait
par quatre tuyaux pour se répandre dans un réservoir octogonal formé de belles
pierres bleues.
Autrefois, des barrières la ceignaient, on y attachait
parfois des prisonniers mis à la « vergogne ».
Elle
disparut en 1863[1].
La fontaine de la
Grand-place vers 1854. Lithogravure de Th. Ch. Hoolans
La
fontaine de la Grand-rue
Appelée
« la petite fontaine », elle était établie en face de l’église des Récollets. En 1863, elle fut supprimée lorsqu’on installa dans la ville le système
de distribution d’eau à domicile.
La fontaine de Million
Le quartier de Million était desservi par une fontaine. Le
18-12-1896, le Conseil communal, vu la lettre de l’ingénieur hydrologue, Moulan
en date du 12-12-1894, sur la qualité de l’eau de la fontaine de Million, et sur le rapport de M.
Ghisbain , conseiller, est unanimement d’avis de supprimer cette fontaine[2]
La fontaine du Pont-Martine
C’est en 1897, que le conseil communal prend la décision
de supprimer la fontaine du
Pont Martine[3].
Les puits
Des puits publics se situaient
rue de Mons, sur la Grand-rue proche de la ruelle Sainte-Anne, rue de la Biche, rue des Pelletiers au
carrefour de la rue St-Jacques.
Construction de conduits en briques pour l’alimentation
en eau
Afin
d’amener l’eau aux fontaines, la construction de plusieurs conduits fut
nécessaire
a)
En
octobre 1822
La construction fut commencée au citerneau n°1,
tenant au chemin de Merbes, ayant 1
m de profondeur jusqu’au citerneau n°2 situé dans la
même prairie occupée par M. Delhaye dit Lolo, lequel à 1,5 m de profondeur sur une
longueur de 52 m .
Il se prolongera dans la prairie de M. Nicolas Hazendonck à partir du citerneau
n°3 qui a une profondeur de 2,5m jusqu’au citerneau n°4 situé dans la même
prairie et qui a 0,60 cm
de profondeur, sur une longueur de 200 m .
La
construction aura donc 252m de long.
La ville fournira aux maçons les briques, la
pierre si on en emploie, la chaux, les cendres, les tuiles si on en emploie.
Les briques
seront prises à la briqueterie M. Hazendonck.
Les maçons commis à ce travail sont Joseph
Houssière, François Lefrancq, Ursmer Seghin et Nicolas Beaudoux, ils seront
payés pour cette construction, ensemble, 368 Frs.[4].
b)
En
août 1827
Un autre conduit fut décidé, dans le bas du
citerneau qui existe dans le bas de la prairie du sieur Hazendonck, tenant à la
ruelle de l’abbaye de Bonne-espérance jusqu’au grand chemin de Morneau, près de
la ferme de ce nom, à la rencontre du conduit en briques existant, il y a 335 m de longueur.
c) En 1858
Le rapport du collège du bourgmestre et des échevins
adressé au conseil communal signale :
« En mai dernier, à la suite d’une sécheresse extraordinaire qui
avait déterminé un abaissement inaccoutumé du niveau des sources ; et
aussi à cause du mauvais état des
conduits et tuyaux servant à amener les eaux dans les fontaines publiques, la
ville de Binche se trouvait à la veille d’être tout à fait dépourvue d’eau.
Sur notre proposition, vous avez voté la somme
nécessaire pour l’exécution d’un travail ayant pour but d’amener en ville une
quantité d’eau suffisante pour le besoin des habitants.
Ce travail important qui n’a pas duré moins de
trois mois au milieu de grandes difficultés, a été couronné d’un plein
succès….ce travail doit être complété et entièrement terminé, de manière à
pouvoir faire des concessions d’eau à des particuliers. Ce serait le seul moyen
de retirer un intérêt de l’argent dépensé et d’amortir annuellement une partie
du capital dépensé »
Restauration des puits publics en 1824[5]
a. Les
puits de la Grand-rue et de la rue de Mons
Par une délibération du conseil de régence de
la ville de Binche du 22 avril 1824, on décide d’effectuer le placement de deux
pompes aux puits publics de la ville.
La somme de 200 florins accordée par la
députation permanente du Hainaut, est ajoutée l’allocation de 450 florins déjà
accordée au budget de 1824 pour faire le placement de deux pompes aux puits
publics de la Grand-rue et de la rue de Mons.
Le cahier de charge stipule :
Pour la démolition à rez-de-chaussée de deux
puits et raccommodage en maçonnerie, placement de pierres de couverture, il
sera employé 8 journées de maçon soit 12 florins
Pour la
chaux, sable, cendre, transport
4 fl.
Pour 16
journées à divers journaliers qui prêteront la main lors du placement des
pompes et
colonnes 9, 60 fl.
Pour 16
journées de 4 ouvriers charbonniers pour tirer l’eau et curer le fond des
deux puits 19,
20 fl.
Pour divers
tuyaux en fer coulé 18,
90 fl.
Du chêne
sera employé dans les 2 puits pour soutenir le corps des pompes,
et pour
faire les planchers près des secrets en gîtes et madriers 15, 40 fl.
15 journées
de menuisiers pour ce qui précède et donner la main pour le
placement
des pompes 15,
00 fl.
Il sera
fourni en pierre bleue de Feluy, deux couvertures de puits, deux bases,
Deux
pilastres et trois bornes rondes 200, 00 fl.
Faisant au
total avec main d’œuvre 650, 00 fl.
b. Le puits
de Million
Le 17 juillet 1824, le bourgmestre et échevins
de Binche demandèrent l’autorisation au gouverneur du Hainaut, de placer une
pompe au puits de Million, ils en reçoivent l’autorisation le 7 août.
« Il est permis à la Régence de la ville
de Binche de placer une pompe au puits, dit de Million, rue de Mons, le long de
la route de 2e classe, n°9, à condition que le balancier et le rejet
ne soient pas placés du côté de la route.
Monsieur l’ingénieur en chef du « Waterstraat »
est chargé de l’exécution du présent arrêté »[6].
Pétition pour l’établissement d’une fontaine au
Posty
« Les soussignés habitants le faubourg du
Posty prennent la liberté de vous exposer que de tous les centres populeux de
notre ville, leur quartier se trouve seul privé d’une institution ordonnée par
toutes les lois de l’hygiène et de la salubrité publique, l’établissement d’une
fontaine publique.
Depuis longtemps les administrateurs qui se
sont succédé ont reconnus l’utilité de semblable institution. C’est au nom de
ce principe et des antécédents qui ont été posés, que nous sollicitons
l’établissement d’une fontaine dans le quartier du Posty
Le
21-6-1834, la Ville de Binche demande un subside de 2050 Fr. pour des dépenses
relatives au personnel de police et pour l’achat et le placement de bassins
nécessaires à deux fontaines publiques et pour travaux à une pompe.
Le 28-8-1834, la Ville de Binche est autorisée
par la Députation permanente du Hainaut à disposer jusqu’à concurrence de 2050
Fr. par prélèvement sur l’excédant de son budget
Ces deux fontaines sont celle de la Grand-rue
et de la Grand-Place.
Fontaine de la Grand-rue
Relevé des travaux nécessaires en 1834, pour
cette fontaine :
Achat de pierres à M. Jean-Baptiste Piron, de
Feluy, y compris le plan du bac 1525,
00 Fr.
Pour déchargement des pierres et démolition de
la vieille fontaine,, maçonnerie,
Briques, chaux, briquettes, transport, surveillance,
641, 40 Fr.
Pour les fers, déduction des vieux 13, 80 Fr.
Pour le cercle, agrafes 50, 00 Fr.
Pour les tailleurs de pierre 79, 40 Fr.
Pour les plombs, déduction des vieux 14, 00 Fr.
Pour logement et nourriture des tailleurs de
pierre 43, 50 Fr.
Pour mastic à l’huile 35, 35 Fr.
Pour journées payées aux ouvriers, droits de
taxes et têtes de lions aux buses 97,
55 Fr.
Total 2500,
00 Fr.
Achat de pierres à M. Nicolas de Lalieux, de
Feluy (déduction faite d’une marche, de quatre petits bancs et d’une couverte
de citerneau ne faisant pas partie de la
Fontaine) 1548,
38 Frs.
Pour déchargement de pierres, démolition de la
vieille fontaine, enlèvement
et transport des débris au château, maçonnerie,
briques, chaux, sable, cendres
gravier, frais de location d’un engin,
surveillance, pose 649, 19 Fr.
Fer, y compris celui nécessaire pour la patte
d’écrevisse 80, 56 Fr.
Pour le cercle, vis, agrafes, déduction du
vieux fer 47, 83 Fr.
Pour les tailleurs de pierre 123, 00 Fr.
Pour logement et nourriture des tailleurs de
pierre 109, 50 Fr.
Pour mastic à l’huile 47, 21 Fr.
Pour taxes municipales, têtes de lions aux
buses 47, 37 Fr.
Pour un robinet en cuivre pesant 15 livres , déduction du
vieux pesant 8 livres 21, 21 Fr.
A déduire le prix de la vente des pierres de
l’ancien bac (104, 00 Frs) -------------
Total 2570,
45 Fr.
La différence de
70, 45 Frs se justifie par l’excédent en grandeur de la fontaine de la Grand-Place,
par une plus forte épaisseur des pierres à la base, par les frais de conduite
des pierres qui étaient déposées au château, par la difficulté de monter la
première fontaine et enfin par les frais de confection de la patte d’écrevisse
qui a servi aussi à monter le bac de la fontaine de la Grand-rue
Aménagements effectués
en 1840[8]
Le conseil communal du 27 janvier 1840, décida
qu’il y avait lieu de faire exécuter au plus tôt les travaux suivants :
-
Remplacer
par des tuyaux en plomb ayant 8cm de diamètre, les buses en bois servant à alimenter les fontaines publiques, dans la
traverse de la prairie de M. le comte de Robiano, et une partie de la prairie
dite du roi, jusqu’au citerneau y établi, lesquelles sont défectueuses sur une
longueur de 152 m .
Dépense prévue : 2400 Fr.
-
Depuis
1836, on a augmenté d’un jet la fontaine de la Grand-rue ; établi un jet
au dessus de la pompe de la dite rue et un à la rue de la Biche. Les tuyaux
n’ayant que 4 cm
de diamètre, il convient de les remplacer sur 180m, depuis le citerneau de la fontaine
de la Grand-Place jusqu’à celui établi près de la maison M. Demaret.
Dépense estimée à 1800 Fr.
-
Il
est indispensable de poser des bacs en pierre pour recevoir les eaux des jets
de la Grand-rue et de la rue de la
Biche, d’établir un conduit de maçonnerie à cette dernière rue, pour évacuer
les eaux en dehors de la ville. Dépense prévue : 800 Fr.
Le Ville n’ayant pas de revenus
suffisants pour effectuer ces travaux sollicite du gouverneur du Hainaut,
l’autorisation de vendre des immeubles appartenant à la Ville :
- Une maison rue de Mons, n° 565, près de la porte de la ville, tenant au rempart et à M. Cordier.
- Une maison, rue de Charleroi, n° 281, près de l’ancienne porte, tenant à la route de Charleroi, à la ruelle du rempart et à M. Henri Devergnies
- Un terrain inculte tenant à gauche en sortant de la ville par la porte du Posty, tenant au chemin de Bonne-espérance, au rempart et à M. Charles Cruppe.
- Une parcelle de terrain, faubourg Saint-Paul entre deux ponts, tenant au chemin qui conduit à la ruelle à Mourdreux, au chemin du boulevard, à la partie de la rivière longeant le mur du rempart.
Construction d’une
citerne en 1848
Ce sont les maçons Maximilien
Beaudoux-Delplancq et Alexandre Houssière qui sont chargés par l’administration
communale d’exécuter une citerne publique près de la fontaine de la Grand-rue
en face de l’église du Sacré-Cœur. Celle-ci aura une longueur de 4,5 m sur 3,5m de largeur, et
une profondeur de 3,5m. Cette entreprise se fait pour la somme de 545 Fr.[9]
L’instauration de la
distribution d’eau en 1863
En 1862, le conseil communal résolut de créer un service de distribution
d’eau à domicile, les travaux de cette entreprise furent exécutés en 1863-1864.
Ces travaux exigèrent une dépense estimée à 136.000 Fr.
Ces installations durent être améliorées et
complétées à diverses reprises.
En 1885, le volume d’eau mis à disposition des
habitants était devenu tout à fait insuffisant : les jours de forte
consommation les quartiers élevés en étaient complètement dépourvus. De grands
travaux furent entrepris sous la direction de l’ingénieur hydrologue Moulan.
Commencés en 1887, ils ne furent clôturés qu’en 1891.
La dépense depuis l’origine jusqu’en 1885
s’élève à 316.192 Fr.
De 1886 à 1889 elle s’élevait à 154.998 Fr. et
de 1889 jusqu’en 1914 à 113.736 Fr.
Depuis 1891, la ville dispose d’une eau saine
et abondante, écartant ainsi les épidémies de typhus récurrentes dans le
Hainaut.
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