A propos du
jeu de quilles A BINCHE
AlainGRAUX
Le
jeu de quilles était un des loisirs que les Binchois affectionnaient, la
municipalité encourageait la tenue de ce jeu en remettant des prix
intéressants.
Prix
décernés au jeu de quilles lors de la Kermesse 1821 :
-
un beau cœur en argent du poids de deux onces, avec appendice d'une quille en
cuivre doré au feu : 74 Fr.
Pour
la façon du dit cœur, dorure et rubans : 8 Fr.
Pour
quatre demi-douzaines de cuillères à café en argent du poids de six sterlins
chaque cuillère, à 6 Fr. 50 : 47 Fr.25
Pour
la façon dès dites cuillères, les rubans et cartons : 72 Fr.
Pour
quatre pots en étain : 23 Fr.25
Tous
prix qui seront exposés, le 24 août prochain, pour célébrer l'anniversaire de
la naissance de Sa Majesté Guillaume premier, notre auguste Souverain, et faire
carillonner et sonner les divers jours anniversaires : 37 Fr.70
Pour
les balles qui seront fournies aux joueurs: 75 Fr.
Le
montant des prix qui précède s'élève à cinq cent vingt neuf francs dix
centimes, ou deux cent cinquante florins. [1]
Les
luttes de jeu de balle, de jeu de
quilles, et de jeu de fers constituent l’un des éléments attractifs de la
ducasse.
Lors
de la séance du conseil communal du 21 juin 1827, présidé par le bourgmestre de
Biseau de Hautteville, on édicta le règlement concernant le jeu de quilles lors
de la ducasse.
« Ce
jeu commencera le lundi 9 juillet, à neuf heures du matin.
l’inscription
se fera au secrétariat de la Ville qui sera ouvert à cet effet du 25 juin
courant au 8 juillet, et le tirage au sort se fera ce dernier jour.On admettra toutes les parties qui se présenteront pourvu qu’elles soient composées de quatre joueurs, aucun joueur ne sera reçu dans deux parties.
Les
prix consisteront :
- Dans un cœur en argent et quatre demi douzaines d’assiettes en étain pour la partie gagnante.
- Quatre plats aussi en étain pour la partie concurrente ».
Paulin
Gaillard, est cité président de la Société des joueurs de quilles lors du
jubilé du bourgmestre Gustave Wanderpepen, le 18-4-1881
Le
programme des fêtes communales de 1903 annonce encore le jeu de quilles
Outre le jeu de quilles de
la Grand-Place desservi par la Société des joueurs de quilles, on trouvait dans
les cafés de la ville, un bon nombre de jeux de quilles, parfois dotés de prix,
* L’inventaire du café Michel
Lombard , Grand-Place, († Binche 5-7-1844), révèle qu’il y a dans la cour,
un jeu de quilles[2].
* La Cantine de la verrerie
possédait elle aussi un jeu de quilles.
* M. Dumortier, cafetier de la
« Cantine de la verrerie » a l’honneur d’informer les amateurs de jeu
de quilles qu’un grand concours auquel une somme de 450 Fr. de prix est
attachée a commencé dans son établissement le 30 mars, mise 75 cts. [3].
Le journal Binche réclame, du 8-5-1892, nous apprend :
* Café I. Francq,
Grand-Place, concours de jeu de quilles doté de 55 Fr. de prix le 26-6-1892
* Cabaret A. Blondiau,
au faubourg Saint-Paul, en 1892, il informe les amateurs qu'il mettra en jeu 15
Fr. pour le jeu de quilles, le 8 mai
* Cabaret Auguste
Dessart, en 1892, il informe les amateurs qu'il mettra en jeu 50 Fr. pour
le jeu de quilles, le dimanche 24 avril
* Café Coquiart Florent, café de l’univers, concours
de jeu de quilles
* Café Depriester, jeu de quilles doté de 12, 5
Fr. de prix le 26-6-1892
*
Le Sr Louis Quinif, cabaretier près
de la verrerie informe les amateurs qu’il expose au grand concours au jeu de neuf
quilles, la somme de 1025 Fr. de prix et primes garantis
La
mise est de 5 Fr.
Le
concours commencera le dimanche 6 octobre pour finir le dimanche 15 décembre (9
dimanches consécutifs). Le comité est composé de César Gloze, Alphonse Gloze et
Alphonse Henri.
En
1927, la Ville de Binche propose un règlement pour la location du jeu de
quilles de la Grand-Place :
« Cahier de charges de la location publique du
jeu de quilles de la Ville, Grand-Place, du 1er janvier au 31
décembre de chaque année.
Art. 1. La Ville
de Binche mettra à la disposition des preneurs, les dimanches et jours de fête,
le jeu de quilles qui se trouve sur la Grand-Place, avec les piquets et cordes
nécessaires pour le clôturer, à l’exception du dimanche de la procession de la
Fête-Dieu, de la 1ère semaine de la fête communale et de la foire
d’hiver aux baraques. En outre, la Ville
e réserve le droit de disposer de l’emplacement du jeu pour autoriser ou y
organiser en tous temps des fêtes ou cérémonies publiques, sans pouvoir exiger
une réduction de leur prix de location.
Art. 2. Les
preneurs devront fournir à leurs frais, les quilles, boules, bancs, etc. nécessaires
pour les parties ou concours qu’ils organiseront.
Art. 3. Les
preneurs devront faire chercher à leurs frais, à la remise du matériel de la
Ville, les cordes et les piquets nécessaires et les faire placer eux-mêmes
autour de l’enceinte du jeu.
Art. 4. La Ville n’interviendra pas dans les frais de
concours, de réception, vin d’honneur, qu’il est d’usage d’offrir aux
vainqueurs, ni dans les frais d’affiches annonçant ces concours
Art. 5. Aucune
partie ne pourra être jouée sur le jeu de la Ville avant 8h du matin et après
8h le soir.
Art.6. La
location est faite aux enchères. Chaque enchère sera de 10 Fr. au moins
…
Art.11. Il est interdit aux preneurs de tolérer des
paris entre les joueurs ou entre les joueurs et spectateurs, sur le jeu de la
Ville.
Arrêté par le conseil communal, en séance publique à
Binche le 21 janvier 1927 »
Avec
le temps, on perfectionne le jeu de quilles avec le bouloir :
On cite pour la période
1908-1933, le café Clovis Pimparet[4], rue de la
Pépinière, où existe un jeu de bouloir.
Dans son « T’Avau Binche », René Légaux exprime avec gouaille le jeu de quilles :
« On
djuwe à guilles.
Dèspus dès années, dins I' coin dèl
place, tout près dèl rue Saint-Roch, on djuwe à guilles.
Dèssus ène piêrre carrée d'in mète dé
longueur, on a planté neuf guilles ; à sèpt mètes dé distince, lès djweûs
rueront à l' force du pougnèt ène boule in bos, qui pèse au moins six kilos.
C'è-st-au pus d' points qu’on f'ra, éièt
au pus adroit qui abattra lès neuf guilles d'in seûl côp d' boule.
Dj'ai vu dès djweus parier « neuf
guilles pou ne pinte » de lès abatte tèrtous, quinze coups à l'affilée.
On djue souvint tois-quate diminces ;
c'èst lès gangnants qui d’mor’ont pou l’décision qui a toudis lieu èl djoû du
Toussaint…
Les Binchous sont là, pou incouradgie
Dédé éièt l’Gillard Delval, infin toute ène fine fleûr, qui font in tapâche
comme èl tambour du diâbe.. »
Alfred
Delval[5] dit
« el Gillard Delval » était le plus connu des joueurs de quilles.
Charles Deliège entre autres anecdotes raconte :
« Alfred astout èl pus fourt d’jweu d’guilles
dé Binche.
I n’erculout jamais quand on l’attaquout
ou quand on l’défiout.
- Neuf guilles ou n’pinte,
Gillard ?
I lançout lés guilles à s’mode, frottout
s’main dins lés cindes, d’allout au pas éièt après avoir m’suré s’coup in
balançant s’boule deux, twois coups…raf…lés neuf guilles astin’té stindues.
C’qui d’a gagnie des pintes, dés gouttes
éièt dés concours sus l’Place, chez l’Grand Méchior… »
El Gillard Delval
[2] A.E.M. Justice de Paix du
canton de Binche 24/77
[4] Pimparet Clovis, °
Hautmont (FR.) 30-7-1889, x Binche 28-2-1910, Mansy Nelly, ° Binche 4-11-1889.
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