UN ETONNANT MAIRE DE WAUDREZ: LOUIS LEMEREL
Alain GRAUX
Louis-Joseph Lemerel naquit à Mons en 1725, il installa à Waudrez en 1766, puis à Jemappes en 1774, deux fabriques de sel ammoniac (chlorure d'ammonium) jusque là importé d'Egypte. Ce sel s'utilisait, seul, pour étamer le fer et le cuivre et, avec l'eau forte, pour former l'eau régale, seule capable de dissoudre l'or. De ce fait il était utilisé par les monnayeurs, orfèvres, batteurs de cuivre, chaudronniers, ferblantiers et teinturiers[1]. Mais ce sel servait aussi pour les besoins des fabriques de bas, d’étoffes de laine et de chapeaux
Par
cette activité Louis Lemerel est considéré comme le fondateur de l'industrie
chimique belge[2]. Il
était associé à son neveu l'avocat Joseph-Albert Charles, dit Charles sans
chemise, devenu Jacobin et se présentait lui même comme un "sans
culotte".
Leurs
affaires ne furent guère brillantes, ce qui suscita probablement leur rancœur
et leur adhésion au parti républicain. La famille Lemerel était d'ailleurs connue
pour son jacobinisme. Son frère Michel avait déjà, lors de la première invasion
française, prononcé, le 17-2-1793, un discours virulent, à la Société des amis
de la Liberté et de l'Egalité, de Mons, un discours réclamant la déportation
des prêtres du département[3].
Louis
Lemerel fut administrateur provisoire à Mons en 1793[4],
il se réfugie à Paris après Neerwinden[5].
Membre
de la Société populaire de Binche en 1794, il se fait remarquer lors de
l'enlèvement des cloches de la collégiale Saint-Ursmer ce qui avait ému la
population et causé du trouble:
En
thermidor an II (17-8-1794), les municipaux Gathier et Dumollin s’aperçoivent
que la cloche servant aux messes basses, va être enlevée par deux membres de la
Société populaire, Stiart, de Nivelles, et Bernard Ponselet. Malgré
l’autorisation accordée par le commissaire Heriot, ils s’opposent à la
confiscation et la font transporter au collège puis à la sacristie. Les
citoyens Heriot et Lemerel, commissaires au transport des cloches sont
prévenus. Dumollin leur ayant répondu "quelle étoit autant en sureté à
la sacristie qu'au collège, le citoyen Lemerel se mit à crialler contre lui
disant qu'il étoit un contre révolutionair, qu'il le feroit saisir et fusiller
et qu'il méritoit qu'il lui passa son sabre à travers le corps, qu'il entravoit
les opérations..".
Le
commissaire civil Jasmin Lamotze qui craint une réaction à ces violences
antireligieuses décréta le 27 thermidor un arrêté d'arrestation contre Lemerel
et de le mener sous bonne escorte aux prisons du château de Mons[6].
Sous le Consulat, la loi du 28 pluviôse an VIII
(17-2-1800), rendit aux communes une administration particulière, les communes
sont recréées par dissolution des anciennes municipalités de canton. Les
autorités municipales sont désormais nommées et non élues, tous les pouvoirs
passèrent aux mains du maire et des adjoints. Les communes de moins de 2.500
habitants reçoivent un maire et un adjoint, Waudrez compte alors 348 habitant,
c'est Louis Lemerel qui est nommé maire. Il exerça sa fonction jusqu’au 8
brumaire an XII (31-10-1803) au moins, il tombe alors malade, c’est son
adjoint, L. Dujardin, qui le remplace pour rédiger les actes d’Etat civil.
L.B. Coppens, devient maire le 8 floréal an XII
(27-4-1804).
Louis Lemerel décéda à Waudrez en 1808.
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