LA RESTAURATION DE LA CHAPELLE
SAINT-ANDRE (1898-1901)
Alain GRAUX
Si la restauration de
l’hôtel de ville et de la collégiale Saint-Ursmer sont souvent cités, il n’en
est pas de même pour la chapelle de Saint-André, monument pourtant décrit par
de nombreux auteurs[1].
Le conseil de Fabrique du
6-11-1896, ayant reçu de l’Etat la somme de 3.000 fr. pour l’aliénation de ses
anciennes archives, décida d’employer cette somme pour la restauration de la
chapelle de l’ancien cimetière et sollicita un subside de la Ville de Binche.
Vu que d’importants travaux
de restauration de l’église Saint-Ursmer, étaient alors confiés à l’architecte
Charles Langerock, il fut décidé de lui demander un devis estimatif et
d’inclure la restauration de la chapelle dans celle de l’église paroissiale.
Le 6-2-1897, sur le rapport de M.
Vitry, conseiller communal, vu les plans et devis des travaux de restauration à
exécuter à la chapelle du Vieux cimetière et de la somme dont dispose la
Fabrique, le Conseil communal décida d’approuver les plans et devis des travaux
et sollicita un subside de l’Etat.
Le 13-11-1897, le ministre de
l’Agriculture et des Travaux publics, décide de subventionner les travaux à
concurrence de la moitié du prix de la restauration.
La Commission des Monuments est
également appelée à se prononcer.
L’entreprise comprenait le
travail de recherche nécessaire pour la mise à jour des anciennes peintures,
que l’on avait malheureusement fait disparaître en 1871 sous une épaisse couche
de badigeon et qui étaient situées au dessus de la porte de la chapelle
principale. Cette peinture représentait la résurrection du Christ. Celui-ci,
portant la croix, s’élève au dessus d’un tombeau dont la pierre supérieure est
déplacée. Quatre gardes, en hauts-de-chausses rouges blancs et jaunes, fuient
ou s’apprêtent à fuir. A gauche, et en dessous, le donateur défunt sur un
prie-Dieu armorié, avec une sainte patronne (abbesse avec crosse ?);
à l’arrière-plan, toute une série de personnages.
A l’avant-plan, les jeunes
enfants mâles du défunt. Cette description fut rédigée par le chanoine Voisin[2].
M. Léon Bressers[3],
artiste-peintre à Gand, a été chargé de ce travail délicat. Malheureusement, on
a constaté, après l’enlèvement du badigeon, que la chaux vive avait rongé
presque entièrement les couleurs, on n’aperçoit plus que les contours des
figures et des traces de coloration.
La Commission royale des
Monuments aura à décider si ces restes sont susceptibles de restauration[4].
On doit déplorer la perte de ce
témoignage d’une peinture du XVIe siècle suite à l’ignorance.
Le Conseil communal du
16-11-1897, se prononça :
« Considérant qu’il résulte des
rapports de la Commission des monuments, que ce petit monument aussi
remarquable par son architecture que par son ameublement est menacé d’une ruine
complète si des travaux de restauration n’y sont effectués d’urgence.
Considérant que l’Etat supportera
la moitié de la dépense, que le Conseil de Fabrique affectera à la restauration
la somme de 3.000 Fr.
Considérant que le subside
communal demandé à la Ville, s’élèverait en conséquence à la somme de 3.286, 68
Fr.
Cette somme est accordée
par la Ville à condition que cette dernière ait le droit d’établir, le cas
échéant, au dessus de la rue Haute, une passerelle mettant en communication le
parc communal et l’ancien cimetière… »[5]-[6].
En 1898, les travaux de
maçonnerie sont terminés et la toiture fut achevée avant l’hiver. Les bancs en
chêne sculptés à dossier continu formant lambris ont été confiés à Frantz
Vermeylen sculpteur à Louvain[7].
Le comte de Borchgrave d’Altena
datait ces lambris gothiques du début du XVIe siècle[8].
En 1899 les travaux de menuiserie
et de plafonnage sont entrepris.
La restauration de la chapelle
Saint-André, fut achevée en 1901.
La chapelle Saint-André, a fait, par période, l'objet d'une
attention particulière. Il est peut-être bien de rappeler que durant les
années 1977 à 1980 (?), Madame E. BEAUVENT, bénévole, conseillée par des
ingénieurs chimistes et aidée de quelques élèves
volontaires, ont procédé au nettoyage, à l'entretien de la poutre de
gloire, des modillons sculptés et au remplacement de chevilles en chêne;
elle a, à l'époque, dans un souci de protection, insisté pour que la mise
au tombeau et le Christ aux liens qui s'y trouvaient soient transférés à
la collégiale Saint-Ursmer .
Au cours du temps,
cette chapelle a fait l'objet d'actes de vandalisme répétés: bris de vitraux,
percement des grilles de protection, forcement de la porte d'entrée, ... on y a
toujours remédié en plaçant des renforts que l'on espérait
efficaces, ce qui a engendré des dépenses
importantes. Mais rien ne fit! Dernièrement encore, ces
actes se sont multipliés et aggravés; à l'extérieur: grilles de
protection des fenêtres croquées, vitraux cassés; à l'intérieur: installation
électrique arrachée, pierres tombales cassées, lambris enfoncés,tags, ...
bref, un sérieux désastre! Dans quel but? Pour quel motif?
pour la sauvegarde de ce joyau en péril ,sis dans un
environnement bucolique, et qui pourrait être ouvert à des activités
culturelles.
Une réunion s'est
tenue, sur les lieux, le jeudi 19 mai en présence de représentants de la SAAMB , de la Fabrique d'Eglise, du S.P.W.
et de la Ville. Des
dispositions sérieuses sont envisagées pour mettre un terme à ce
vandalisme.
Espérons que
cette chapelle, qui fut l'oratoire de Marie de Hongrie, en son temps,
retrouvera bientôt toute sa sérénité.
[1] A ce sujet, voir : DERBAIX E. Les monuments de la ville de Binche, Mons 1928. DEMARET P. et GLOTZ S. Binche-Ville musée, la chapelle St-André, Binche 1972, 30 p.
[2] La danse macabre et la fleur de la mort à la chapelle du cimetière de
Binche, dans bulletin de la
Commission royale d’art et d’archéologie, 8e
année, p. 246 et bulletin de la
Société historique et littéraire de Tournai, t. XIV, p. 78.
Rapport du collège du bourgmestre et des
échevins, année 1898.
[3] Léon Bressers (1865-1947) est
peintre de sujets religieux et de peintures murales, décorateur, peintre sur
céramique. Fils d'A. Bressers, il recevra une formation artistique dans
l'atelier de son père et à l'école Saint-Luc de Gand, où il est mentionné en
cinquième année en 1885. Il reprit intégralement les activités des ateliers
Bressers-Blanchaert, s'appliquant spécialement à la peinture murale. Il
restaura un grand nombre de peintures murales historiques en Belgique.
[5] A.V.B. 01-00-01-21
[6] On notera que cette passerelle ne fut réalisée que récemment, suite aux
fouilles et restauration des remparts réalisées par Didier Dehon.
[8]
DEMARET
P. et GLOTZ S…o.cit, p. 18.
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