vendredi 9 décembre 2016

La restauration de la chapelle St-André


LA RESTAURATION DE LA CHAPELLE SAINT-ANDRE  (1898-1901)
                                                                                                                                       Alain GRAUX

Si la restauration de l’hôtel de ville et de la collégiale Saint-Ursmer sont souvent cités, il n’en est pas de même pour la chapelle de Saint-André, monument pourtant décrit par de nombreux auteurs[1].
Le conseil de Fabrique du 6-11-1896, ayant reçu de l’Etat la somme de 3.000 fr. pour l’aliénation de ses anciennes archives, décida d’employer cette somme pour la restauration de la chapelle de l’ancien cimetière et sollicita un subside de la Ville de Binche.
Vu que d’importants travaux de restauration de l’église Saint-Ursmer, étaient alors confiés à l’architecte Charles Langerock, il fut décidé de lui demander un devis estimatif et d’inclure la restauration de la chapelle dans celle de l’église paroissiale.
Le 6-2-1897, sur le rapport de M. Vitry, conseiller communal, vu les plans et devis des travaux de restauration à exécuter à la chapelle du Vieux cimetière et de la somme dont dispose la Fabrique, le Conseil communal décida d’approuver les plans et devis des travaux et sollicita un subside de l’Etat.
Le 13-11-1897, le ministre de l’Agriculture et des Travaux publics, décide de subventionner les travaux à concurrence de la moitié du prix de la restauration.
La Commission des Monuments est également appelée à se prononcer.
L’entreprise comprenait le travail de recherche nécessaire pour la mise à jour des anciennes peintures, que l’on avait malheureusement fait disparaître en 1871 sous une épaisse couche de badigeon et qui étaient situées au dessus de la porte de la chapelle principale. Cette peinture représentait la résurrection du Christ. Celui-ci, portant la croix, s’élève au dessus d’un tombeau dont la pierre supérieure est déplacée. Quatre gardes, en hauts-de-chausses rouges blancs et jaunes, fuient ou s’apprêtent à fuir. A gauche, et en dessous, le donateur défunt sur un prie-Dieu armorié, avec une sainte patronne (abbesse avec crosse ?); à l’arrière-plan, toute une série de personnages.
A l’avant-plan, les jeunes enfants mâles du défunt. Cette description fut rédigée par le chanoine Voisin[2].
M.  Léon Bressers[3], artiste-peintre à Gand, a été chargé de ce travail délicat. Malheureusement, on a constaté, après l’enlèvement du badigeon, que la chaux vive avait rongé presque entièrement les couleurs, on n’aperçoit plus que les contours des figures et des traces de coloration.
La Commission royale des Monuments aura à décider si ces restes sont susceptibles de restauration[4].
On doit déplorer la perte de ce témoignage d’une peinture du XVIe siècle suite à l’ignorance.

Le Conseil communal du 16-11-1897, se prononça :
« Considérant qu’il résulte des rapports de la Commission des monuments, que ce petit monument aussi remarquable par son architecture que par son ameublement est menacé d’une ruine complète si des travaux de restauration n’y sont effectués d’urgence.
Considérant que l’Etat supportera la moitié de la dépense, que le Conseil de Fabrique affectera à la restauration la somme de 3.000 Fr.
Considérant que le subside communal demandé à la Ville, s’élèverait en conséquence à la somme de 3.286, 68 Fr.
Cette somme est accordée par la Ville à condition que cette dernière ait le droit d’établir, le cas échéant, au dessus de la rue Haute, une passerelle mettant en communication le parc communal et l’ancien cimetière… »[5]-[6].
En 1898, les travaux de maçonnerie sont terminés et la toiture fut achevée avant l’hiver. Les bancs en chêne sculptés à dossier continu formant lambris ont été confiés à Frantz Vermeylen sculpteur à Louvain[7].

Le comte de Borchgrave d’Altena datait ces lambris gothiques du début du XVIe siècle[8].
En 1899 les travaux de menuiserie et de plafonnage sont entrepris.
La restauration de la chapelle Saint-André, fut achevée en 1901.

    
 La chapelle Saint-André, a fait, par période, l'objet d'une attention particulière. Il est peut-être bien de rappeler que durant les années 1977 à 1980 (?), Madame E. BEAUVENT, bénévole, conseillée par des ingénieurs chimistes et  aidée de quelques élèves volontaires,  ont procédé au nettoyage, à l'entretien de la poutre de gloire, des modillons sculptés  et au remplacement de chevilles en chêne; elle a, à l'époque, dans un souci de protection, insisté pour que la mise au tombeau et le Christ aux liens qui s'y trouvaient soient transférés à la collégiale Saint-Ursmer .

        Au cours du temps, cette chapelle a fait l'objet d'actes de vandalisme répétés: bris de vitraux, percement des grilles de protection, forcement de la porte d'entrée, ... on y a toujours remédié en plaçant des  renforts que l'on espérait efficaces, ce qui a engendré des dépenses importantes.  Mais rien ne fit!  Dernièrement encore,  ces actes se sont multipliés et aggravés; à l'extérieur: grilles de protection des fenêtres croquées, vitraux cassés; à l'intérieur: installation électrique arrachée, pierres tombales cassées, lambris enfoncés,tags, ... bref, un sérieux désastre! Dans quel but? Pour quel motif?

        La Fabrique d'Eglise, propriétaire de l'édifice est découragée par les déprédations successives.

        La S.A.A.M.B., comme de nombreux citoyens, ne peut rester indifférente et s'inquiète de l'avenir de ce patrimoine classé; elle s'est adressée, en tant qu'intermédiaire,  au Service du Patrimoine Wallon, afin d'être conseillée et aidée
pour la sauvegarde de ce joyau en péril ,sis dans un environnement bucolique, et qui pourrait être ouvert à des activités culturelles.

        Une réunion s'est tenue, sur les lieux, le jeudi 19 mai en présence de représentants de la SAAMB, de la Fabrique d'Eglise, du S.P.W. et de la Ville. Des dispositions sérieuses sont envisagées pour mettre un terme à ce vandalisme.

        Espérons que cette chapelle, qui fut l'oratoire de Marie de Hongrie, en son temps, retrouvera bientôt toute sa sérénité.


 

[1] A ce sujet, voir : DERBAIX E. Les monuments de la ville de Binche, Mons 1928. DEMARET P. et GLOTZ S. Binche-Ville musée, la chapelle St-André, Binche 1972, 30 p.


[2] La danse macabre et la fleur de la mort à la chapelle du cimetière de Binche, dans bulletin de la Commission royale d’art et d’archéologie, 8e année, p. 246 et bulletin de la Société historique et littéraire de Tournai, t. XIV, p. 78. Rapport du collège du bourgmestre et des  échevins, année 1898.
[3] Léon Bressers (1865-1947) est peintre de sujets religieux et de peintures murales, décorateur, peintre sur céramique. Fils d'A. Bressers, il recevra une formation artistique dans l'atelier de son père et à l'école Saint-Luc de Gand, où il est mentionné en cinquième année en 1885. Il reprit intégralement les activités des ateliers Bressers-Blanchaert, s'appliquant spécialement à la peinture murale. Il restaura un grand nombre de peintures murales historiques en Belgique.
[4] Rapport du collège du bourgmestre et des échevins, année 1897.

[5] A.V.B. 01-00-01-21
[6] On notera que cette passerelle  ne fut réalisée que récemment, suite aux fouilles et restauration des remparts réalisées par Didier Dehon.
[7] Franz Vermeylen, est un sculpteur, statuaire et graveur-médailleur belge, né à Louvain 25-11-1857, y décédé le 18-12-1922. On se rappellera qu’il fut un des deux sculpteurs des statues du square de l’Indépendance, place Eugène Derbaix.
[8] DEMARET P. et GLOTZ S…o.cit, p. 18.

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