jeudi 1 décembre 2016

Binche, mémoire des rues,: la rue des Archers


La rue des Archers
                                                                                                                                     Alain GRAUX
En 1364 camp des Fèbvres.
Le grand serment des archers de Binche, placé sous l’invocation de St Sébastien a été érigé le 10-8-1400. Le berceau est au milieu du jardin dit de St Sébastien.
Le 12-11-1556, Jehan Desmoullins potier demeurant à Hautrage a donné « irrévocablement à Jeannette, Barbe et Catherine Desmoulins, ses sœurs germaines et à Philipotte Desmoulin fille de feu Jehan Desmoulins son père, et de Judith le Flameng sa seconde femme, une grange et jardin qu’il a près du Marché aux Bestes à Binch, tenant à la rue des Masures , et à la rue allant au Jardin des Archers, à Georges de Sars et à la cense de Melyon »[1].
Le 16-6-1571, Demoiselle Ysabeau du Trieu veuve de Collart de le Tenre s’est fait morte au profit de Andrieu et Antoine de le Tenre les deux fils demeurés de son feu mari, leur donnant un jardin sis dans la rue du Jardin des Archers à Binche.
Ceci fait, ses deux fils l’ont baillé à rente à Lio Belle, et à Jehan de le Forge et  à sa femme Simonne des Sars[2].
Le 23-3-1708, Antoine Legaitte lègue à Jeanne-Marie Ghislain « une masure à présent jardinet potager gisant à fronc de la rue des Archers, tenant à la veuve Double ».(A.E.M. Notariat 14)
Le cahier des XXe de cheminées de 1715 ne renseigne aucune maison dans cette rue.
Le recensement de 1795, renseigne 25 foyers, dont:
Des petits artisans : quatre tailleurs, un perruquier, un cordonnier, deux maçons, un menuisier, un serrurier
Treize Journaliers
Un fermier, un rentier, deux  hommes de loi, un homme de lettre.
1 - DELCOURT Pierre tailleur, veuf.
2 - DELCOURT André cordonnier, et  DEPRET Marie Thérèse sa femme.
3 - FRANCQ Jean Baptiste, maçon, et  COLLE Marie Philippe sa femme.
     GOUVIGNON Jean, journalier et GOREZ Isabelle sa femme,  Caroline, sa fille.
4 - MICHEL Joseph, journalier, et RAMBOUX Caroline, sa femme.
     L'EMPEREUR Maximilienne Joseph., sa mère.
5 - FRANCQ Maximilien, perruquier, BUISSERET Marie Claire, sa femme,    
     BUISSERET Ursmer son beau-père.
6 - FAYT Charles, journalier BLONDIAUX Caroline sa femme
7 - SAUVENIER Philippe, journalier,  CARLIER Rosalie sa femme
8 - CORNEZ Pierre, la veuve journalière
9 - PERCY Albert tailleur, et  CORNEZ Marie Augustine sa femme
10 - BUSQUIN Alexandre,  journalier, et  HALLEZ Marie Philippe, sa femme
11 - BABLART Donat, menuisier, et PIRET Catherine, sa femme
12 - ALARD Hubert, serrurier, et  GOFFAUX Marie Françoise, sa femme  Charles Auguste et  François, ses
       fils.
13 - BRICHOT Jacques,  tailleur, veuf,  François et Joseph ses fils, Angélique et Victoire ses filles.
14 - FRANCART Joseph maçon PARMENTIER Marie Antoine, sa femme
15 - BRASSELET Joseph,  journalier, et  VENGELAIRE Augustine sa femme
16 - EMPAIN Ferdinand, journalier, et  PLISNIER Marie, sa femme
17 - LEROY Laurent, fermier, et LAMBRET Marie Thérèse, sa femme,  HAUQUIERRE Hélène, sa mère  
       MICHEL Joseph, domestique et GONDRY Catherine, servante.
18 - MARGOT Marie Antoine journalière
19 - LEGRAND Jacques François, journalier, veuf
20 - PETIT Jean Nicolas, journalier, et  LEGRAND Séraphine, sa femme
21 - BRICHOT Théodulphe,  tailleur, et BOUILLON Marie Philippe, sa femme
22 - MAYEUR Marguerite, journalière, veuve
23 - LIAU François, journalier, veuf, Louise et Marie Philippe, ses filles
24 - GOBART Nicolas, rentier, veuf, Charles et  Emmanuel, ses fils, hommes de loi, et Victoire sa fille.
       DELMOTTE Joséphine, servante.
25 - SARTIAUX Joseph, homme de lettres, et LEROY Ursmarine, sa femme et Amélie sa fille.

Le plan de Binche  de1786 situe la rue du Berceau comme étant l’actuelle rue des Archers

Venant de la Haute chaussée (Avenue Charles Deliège) on voit à droite une suite de maisons ouvrières et, isolée de celles-ci,  la ferme Leroy.
A gauche, quelques maisons de notables.

Sur le 2e tronçon de la rue ne figurent que des jardins et le berceau des archers.




En 1808, l’affiche de vente des biens nationaux n° 362 énonce que le jardin des archers, de 9a 3 ca de terres en jardins divisé en 8 petits jardins tenant au levant au Sr Picard,  au Midi à un chemin, au couchant et au Nord au rempart de la ville est en vente.

Situation vers 1825

Deux maisons figurent au début de la rue, elles disparaîtront en 1842 lors du redressement de la rue de Mons, dans ce tronçon on ne trouve qu’un seul bâtiment appartenant à la veuve François Philippart.
Les deux maisons formant l’angle de la rue appartiennent au jardinier Joseph Picart.
En remontant la rue, sur la gauche on trouve la ferme appartenant à la veuve Laurent Leroy (cadastre B. 707). Suivent une série de petite maison et ensuite deux grosses demeures appartenant aux héritiers Ghobart d'Herchies, et à Augustin Buisseret, tanneur (B.696 et B.697).
Si l’on regarde à droite, le terrain où sera bâtie plus tard l’école, appartient à la veuve Malou, née de Biseau.
Après la rue de la Régence suit la maison appartenant à François Debaise (B.798), les deux maisons de la famille Barre, de Nivelles et de Nicolas Lambret (B.799 et B.800), suivent les deux maisons de Melle Ghobart, de Mons (B.800 et B.801)


 Situation au milieu du XIXe siècle (Vers 1860 env.):


Du côté de la rue de Mons, le ferronnier Albert Poivre-Mauroy fit élever une série de 13 maisons ouvrières (Cadastre 1719), plus loin 3 maisons sont bâties par le marchand Casimir Rucloux-Termolle, les deux maisons à l’angle de la rue  au jardinier Augustin Picart-Lambret, fils de Joseph.
La ferme Leroy appartient depuis 1831 à Cécile Babusiaux, propriétaire.
Suivent des petites maisons ouvrières, après celle-ci la grosse maison du tanneur Augustin Buisseret (B.696)  et de Lambot Jean-Baptiste (B.797) celle-ci a été réduite pour faire place à une série de petites maisons.

En remontant à droite le terrain de la future école appartient maintenant à Flore Milcamps, négociante.
Après la rue de la Régence, ma maison Debaise a été abattue et remplacée par celle du médecin Augustin Lecrinier. Les maisons cadastrée B.799 et B.800 appartiennent à Hercule Dewante, négociant, suit celle du cordonnier Henri Petit (B.801) et du barbier François Boussart-Navez.
En 1875, Désiré Hupin[3], conseiller communal, achète la maison du Dr Lecrinier et crée une manufacture de chaussures, cette usine à vapeur « système américain » est la première du genre. Il emploie 80 ouvriers. Après son décès, sa femme et son fils Raphaël, continuèrent l’entreprise.
L’école communale des garçons fut bâtie dans cette rue en 1874, sur les plans de l’architecte Mahieu, les cours ne s’ouvrirent  que le 17 octobre 1877 (T. Lejeune p 541).
En 1879, la Ville demanda à l’architecte Mahieu de fournir les plans d’une galerie vitrée dans la cour afin que les élèves puissent s’y abriter lors des récréations par mauvais temps.



En 1891, l’école des garçons est fréquentée par 160 élèves

Le 15 janvier 1926, attendu que le nombre des élèves de l’école des garçons ne permet plus d’installer six classes dans les bâtiments de la rue des Archers, et que d’autre part l’inspection scolaire ne veut plus tolérer qu’une classe soit maintenue dans les locaux du stand de tir de la rue de la Pépinière, le conseil communal décide de transférer pendant les vacances de pâques l’école des garçons à la rue Saint-Paul et celle des filles à la rue des Archers.
En mai 1926, la Ville achète un jardin de 2a 58 ca, attenant à la rue des Archers afin d’agrandir la cour de l’école.Le 10-9-1926, le conseil communal ratifie l’acquisition pour le prix de 4000 Fr. l’achat d’un terrain cadastré B.746y³ en vue de l’agrandissement des locaux de l’école.Le notaire Paulin Gaillard  est nommé notaire à Binche le 14-3-1883. Son étude est située 10 rue des Archers (Ancienne maison Dewante)

A la fin du XIXe siècle et  début du XXe de nombreuses maisons sont construites :
En 1885 : H. Dewante : 1
      1887 : L. Deliège-Rochez : 4,
      1892 : Everbecq-Daumerie : 5
      1893 : Ch. Camion-Groise : 1 ; L. Blairon-Bailly : 1
      1899 : L. Raparlier : 9
      1900 : G. Babusiaux-Bailly : 3
      1901 : A. Hupin-Gallez : 2 maisons, Campion-Groise : 2,
      1905 : L. Raparlier : 2.

En 1905, à l’emplacement de l’ancienne ferme Leroy, Victor Babusiaux-Hallez, héritier de Cécile Babusiaux, marchand de chevaux  fait construire une maison et dans la cour, fait bâtir des écuries
Sous la majorité catholique dirigée par le bourgmestre Charles Derbaix, la rue de la Pépinière est mise en alignement dès 1911 et un débouché est réalisé par la disparition des deux maisons de la famille Picart et le percement des remparts au tournant de la rue des Archers.Le 26-1-1911, une adjudication est lancée et remportée par Adolphe Graux pour le percement d'un passage reliant la rue des Archers à la rue de la Pépinière[4], scindant ainsi la rue des Archers en deux tronçons distincts.



                                           Cette vue de la rue des Archers vers 1900, nous montre :
A droite, l’ancienne ferme Leroy, devenue propriété  de la famille Babusiaux.
Au fond les maisons de la famille Picart formant l’angle de la rue avant le percement du rempart.
A gauche la maison et l’atelier de Raphaël Hupin et la tour d’angle de l’école communale.


Le 2-7-1920, Arthur Traets, rachète les anciens ateliers de fabrication de chaussure de Raphaël Hupin situés au coin de la rue des Archers et de la rue de la Régence. L’atelier est décrit comme suit :
Une maison d'habitation avec atelier de confection et terrain, rue des Archers faisant 6 a. 60 ca.  Il agrandit son usine vers la rue de la Régence, ses ateliers forment le coin de cette rue avec celle des Archers.
Cette demeure appartient à Arthur Traets suite à la dissolution de la société par commandite simple "Arthur Traets et Cie".
La firme Traets modernisa ses installations vers 1938.
La dissolution de la firme se passa le 4-12-1971[5]. La firme occupait plus de 100 personnes à sa fermeture.
Le 1-1-1920, la Société coopérative socialiste «En Avant » achète un bâtiment rue des Archers. Elle sollicite l’autorisation d’établir dans les locaux de la coopérative, la mise en bière en bouteilles. Une machine laveuse serait mue par un moteur de 1 Cheval. Le 5-8-1921, M. Limbourg, fondé de pouvoir demande l’autorisation d’établir dans ses nouveaux locaux (Rue des Archers, en face de l’école communale des garçons) un moteur électrique d’une force d’un cheval, pour une lessiveuse de bouteilles à bière.
La firme appartient plus tard à un nommé Calicum
De 1934 à 1950, le marché dit Saint-Jean animait la rue tous les samedis.
En 1945, Marcel Paindavoine rachète les entrepôts de brasserie de Georges Nicaise pour en faire une habitation et un garage. Il installe une pompe à essence et crée plus tard une firme de tourisme par autocars. Plus tard il créa un magasin de fourniture de pièces automobiles repris par son beau-fils Roger Brogniez, ces derniers avaient agrandi leur entreprise en augmentant le magasin  par la démolition des anciennes écuries  Russel Brogniez (autrefois Babusiaux)
L’école fut cédée par la Ville de Binche à la Province du Hainaut. Cette dernière fit abattre le bâtiment pour le remplacer par une nouvelle construction : l’Institut Provincial de la Confection.


[1] A.E.M. Embrefs reg.3, f° 66 v°
[2] A.E.M. Embrefs, reg. 4 , f° 106.
[3] Hupin Désiré, ° Binche 10-12-1839, négociant, .x 1°- Binche 20-5-1862, Seghin Marie-Joséphine, x 2°- Binche 31-5-1880, Sebille Ida-Julie-Françoise, ° Binche 26-9-1855
[4] AVB 01-00-01-21
[5] M.B. 3166.2/1971

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