LES FÊTES DE LA
VICTOIRE A BINCHE
Alain GRAUX
A la fin des hostilités de la guerre 1940-1945,
au milieu de la plus vive animation, Binche célébra avec faste la victoire des
alliés. Le 15-16 et 17 septembre
Le samedi
Dès samedi soir, une foule innombrable assiste
à l’ouverture des festivités. Quand les fanfares locales se dirigent vers la
Grand-Place, décorée tout spécialement, celles-ci sont reçues sous des nuées
d’acclamations.
Une salve d’artillerie éclate alors, suivie
immédiatement d’une vibrante sonne « Aux Champs » et le la
« Brabançonne », pendant que les drapeaux belges et alliés sont
hissés.
Après l’exécution des hymnes alliés par la
fanfare royales « Les Chasseurs », la société royale « Les
Pélissiers » donne le départ à la
retraite aux flambeaux, qui parcourent les rues de la cité, qui habituellement
sont délaissées. C’est ainsi que, suivis par toute la jeunesse et beaucoup
d’autres qui ne veulent pas rater l’occasion de se dérouiller les jambes. Le
cortège va vers la gare, descend par la
rue de Senzeilles, rue de Merbes, rue des Tanneries, rue de Robiano, rue de la
Gaieté, rues des Trois Escabelles, rue des Orphelins, rue des Archers, place du
Centenaire, rue de la Pépinière, avenue Albert Ier et Grand-Place où a lieu la
dislocation pendant que les deux sociétés exécutent des airs de Gilles pour le
plus grand plaisir de tous. Ainsi se termine la première journée des fêtes.
Le dimanche
Malheureusement, pour les organisateurs, la
pluie fait son apparition. Néanmoins, le programme prévu se déroula normalement.
A 9h 30, les autorités communales, conduites
par le bourgmestre Charles Derbaix, se dirigent vers le cimetière. En tête du
défilé, on notait la présence des délégations et des drapeaux des groupements
de combattants de 1914-1918 et 40, des Croix de Feu, des prisonniers, des
otages, etc.
Après s’être inclinés devant le monument aux
morts binchois de 14-18, les participants au cortège se rendirent sur la tombe
de deux soldats français, tombés chez nous en combattant, en mai 1940. Ils sont
accompagnés de soldats français fixés dans la région, qui s’étaient déplacés en
groupe avec leur drapeau à la croix de Lorraine.
A 11h, un « Te Deum » fut chanté en
la collégiale Saint-Ursmer à la mémoire des 42 disparus binchois.
Le cortège
Après le service religieux, un cortège se forma
avec toutes les sociétés locales et se rendit au monument de l’Indépendance,
place Eugène Derbaix, où le bourgmestre déposa une couronne au nom de la ville.
Pendant que les « Pélissiers » exécutent une marche, tous les
participants défilent et déposent des fleurs.
Après-midi, le grand cortège de la Victoire se
mit en branle et par les principales artères de la ville, fit admirer dans
l’ordre suivant ses chars copieusement fleuris :
- B.B.C. et presse clandestine
- Un groupe de cavaliers
- Tous les drapeaux alliés
- Les groupements patriotiques comprenant : AS., les prisonniers, les otages, les combattants français
- La fanfare « En Avant », qui refait son apparition après 5 ans d’arrêt forcé.
- Le char « Amérique », avec les photos d’Eisenhower et de Roosevelt.
Le
char « Angleterre »
- Le char « Russie »
- Le char « France »
- Le char « Chine »
- Le char « Hollande »
- Le char « Congo belge »
- La société royale « Les Pélissiers
- Un épisode de l’évacuation, vraiment frappant de vérité et qui réunit toutes les phases de l’exode de 1940.
- Le char des « Partisans du F.I. »
- Un char de prisonniers dans les barbelés gardés à vue par les Allemands
- Un char avec tous les métiers locaux, tailleurs, cordonniers, verriers, dentellières.
- Un char avec les acteurs du carnaval : Pierrots, Marins, Paysans, et un Gille en grande tenue, qui récolte de nombreux bravos sur son passage.
- la fanfare royale « Les Chasseurs »
- Pour terminer le char « Belgique et ses neuf provinces.
A son retour sur la Grand-Place, au milieu
d’une foule très nombreuse, les autorités militaires belges et alliées, civiles
et religieuses prennent place sur une
tribune d’honneur érigée devant le théâtre communal
Le salut au drapeau
Les sociétés se forment devant la tribune, et
pendant qu’une musique militaire jour une « Brabançonne, un prisonnier
hisse les couleurs.
M Derbaix prononce ensuite un brillant
discours, remercie les autorités qui rehaussent la cérémonie, et spécialement
le chef du détachement américain et rappelle ce que notre pays doit à
l’Amérique, qui nous libéra du joug teuton.
Il s’adresse ensuite au groupe imposant des
prisonniers de guerre et les cite en exemple. Il rend aussi un vibrant hommage
aux disparus, combattants de 1940, fusillés, résistants, déportés, et souhaite
que leur nom restent gravés au cœur de tous les Binchois.
Pour terminer cette cérémonie, la musique du 1er
Chasseurs à pied de Mons exécuta les hymnes des pays alliés.
A 18h, cette phalange de musiciens prend
possession du kiosque et fait entendre un concert de grande valeur qui
recueille un succès mérité auprès des nombreux auditeurs. A noter que par une
attention justement appréciée des Binchois, le chef, le lieutenant Jacobs,
dérogea au programme et interpréta la fantaisie de Paul Gilson sur les airs
fameux du carnaval. En intermède le ténor Jules Ducène remporta un grand succès
en interprétant des fragments de « Werther » et du « Pays du
sourire ».
Ensuite l’orchestre « Merry Danz »
ouvrit le bal. Jeunes et vieux s’en donnèrent alors à cœur joie jusqu’au moment
où les premières fusées du feu d’artifice éclairèrent le ciel.
Le bal reprit après de plus belle jusqu’à la
fin de la nuit.
Le lundi
Sous les auspices de l’amicale des cafetiers de
la Grand-Place, des rues de l’Eglise et rue Notre-Dame, des jeux populaires
furent organisés pendant la journée du lundi.
Un jeu de corbeille fut réservé aux jeunes
filles, dans la rue de l’Eglise, plus de 60 concurrentes y participèrent, c’est
Sophie Meurant qui remporta le 1er prix.
Les hommes au nombre de 36, disputèrent une
course à la brouette, remportée par L. Dessart.
Une épreuve similaire pour dames, c’est Mme
Gaillard qui gagna l’épreuve.
Une course pour jeunes garçons de moins de 12
ans fut enlevée par E. Cuvelier.
D’autres jeux eurent lieu, une course de
lenteur, équilibre sur poutrelles, lancer de balle, et une course aux
travestis.
Et pour terminer toutes ces manifestations, une
sortie en batterie anima tout le quartier jusqu’aux petites heures.
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