A PROPOS DE LA
PRISON DE LA VILLE
Alain
GRAUX
Sous l’ancien régime, les malfaiteurs binchois
ayant subi une peine de prison sont conduits à la prison de Binche, ceux de
l’alleu de Binche sont menés à la prison de Waudrez. Les sergents reçoivent 6
deniers pour la garde et 4 deniers pour
les dépenses de chaque prisonnier.
Accorde de pouvoir faire laditte prison dans le buchet[1], au lieu destiné…»[2].
Malgré la décision de créer une prison dans l’hôtel de ville, la réalisation des fit attendre.
Le 8 novembre 1736, le Magistrat de Binche fait une requête à Marie-Elisabeth, gouvernante de Pays-Bas autrichiens:
« Puisque la ville de Binch manquant tout à
fait de prison, les remanants sont obligez de faire conduire à grands fraix ou
par la mareschaussée ou par les archers, les prisonniers à Mons où ils sont
obligés de se rendre ou d’y demeurer pour instruire leurs procès… les
suppliants avertissent Votre A.S. qu’il y a dans Binch deux thours sur les
remparts nomées la thour Saint-Roch et la Thour
de la Sorcière, qu’avec une somme de
cens florins on pourroit racomoder une de ces thours et la rendre telle qu’il
la faut pour y mettre en sureté les prisonniers qu’abondent dans la ditte terre
de Binch, au moyen d’une prison à Binch… »[3]
Cette possibilité ne fut pas
agréée et l’idée de construire une prison dans les locaux de l’hôtel de vile
continua de progresser, un plan de construction d’une prison fut demandé à
l’arpenteur Nicolas Leclercq[4]. Le
projet est établi à l’emplacement de la halle aux grains et des maisons y
attenante, il fut levé en 1753.
Pour la même circonstance un autre plan situant
l’emplacement de deux maisons situées derrière l’hôtel de ville fut également levé
en 1753, par l’arpenteur Nicolas Leclercq, il montre l’impossibilité de
construire ou de convertir en prison l’hôtel de ville[5].
Cette prison ne vit pas le jour, néanmoins un petit local
fut réservé dans l’hôtel de ville pour les incarcérations de courte durée.
C’est
vers 1770, que fut bâtie à l’entrée de la rue de la Halle-aux-filets une
« conciergerie », c’est-à-dire une prison, comme en témoigne ce texte
du 24-9-1770 : « …la rue St
Jacques faisant coing à la rue de la Halle-aux-Filets tenante à la Conciergerie… »[6].
Sous le régime français, le
geôlier était Pierre-François-Joseph Caillaux, il le fut jusqu’à son décès
survenu en 1821. Il fut également huissier du tribunal civil du département de Jemappes
En 1855, un nommé Dafe, qui avait
fini la peine de prison qu’avait prononcé contre lui le tribunal de simple
police du canton de Merbes-le-Château, s’évada de la prison de Binche. Le
gardien de la prison de Binche, nommé Picard, dut répondre de cet incident
devant le tribunal de Charleroi. Il fut acquitté pour le motif qu’aucune peine
ne peut être appliquée au gardien de prison qui laisse évader un individu
confié à sa garde après l’expiration de sa peine jusqu’à son transfert dans un
dépôt de mendicité[7]
Le rapport sur l’administration
et les affaires de la Ville de Binche signale en 1858 : »Cette ville
possède une maison d’arrêt très saine et sûre qui sert :
1°. De prison de passage pour
tous les détenus transférés de Mons à Binche et de Binche à Charleroi et
vice-versa ; depuis l’établissement du chemin de fer, le nombre de
passagers est considérablement diminué. Le transport s’effectue de Mons à
Charleroi par Manage.
2°. De prison de police
municipale pour les condamnés des cantons de Binche et de Merbes-le-Château.
En 1870, par suite d’une décision
ministérielle, la prison cantonale a été reconnue propriété communale.
En mai 1870, on décida la
transformation de la prison. Le premier étage fut transformé en Justice de Paix
et le rez-de-chaussée transformé en trois maisons louables et un amigo[8].
L’une des maisons est destinée au logement d’un agent de police qui est chargé
de la surveillance de l’amigo, qui fut construit dans la cour. Les deux autres
maisons furent louées et le prix de la location fut suffisant pour couvrir
l’intérêt d’une bonne partie de la somme employée à ce travail.
[2] A.V.B. 00-00-01-28.
[3] A.V.B.
00-00-01-30
[4] A.E.M. plan 1842. H. 21 cm . Et larg. 33 cm
[5] A.E.M. plan 1844
[6] S.G. A.E.M. Gr.
Sc.
[8] Le nom d'"Amigo" serait dû, au fait que la
soldatesque espagnole du XVIème siècle connaissait mal le flamand: elle aurait
confondu le mot "vrunt" (prison) avec le mot "vriend" (ami)
et l'aurait donc traduit par "amigo", vocable espagnol que la
population trouva sonore et imagé.
L'Amigo était une prison relativement débonnaire, qui
servait principalement de "violon" aux individus arrêtés pour de
petits délits et aussi aux vagabonds et aux ivrognes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire