jeudi 15 décembre 2016

Les abandons d'enfants à Binche


LES ABANDONS D’ENFANTS A BINCHE

                                                                                                                                          Alain GRAUX



Au 17e siècle, l'abandon des enfants constitue un véritable fléau dans la société. L'acte consiste principalement à exposer son enfant dans un lieu public. La cause principale reste l'illégitimité. Quand l'enfant naissait hors mariage, il était considéré comme un "bâtard".

Les jeunes filles célibataires peuvent abandonner leur enfant à cause de leur faible revenu mais aussi en raison de leur difficulté à affronter la honte de l'éducation d'un bébé né "hors normes". Que ce soit le père ou l'employeur, quand il découvre la grossesse, la réaction est bien souvent la colère et l'expulsion.
Il y a également des enfants légitimes dont les parents sont incapables d'assurer l'existence.

L'Eglise a joué un très grand rôle dans les abandons d'enfants car elle condamnait tout acte contraceptif et tout avortement.

 Au 18e siècle, la progression des abandons est due à la misère des classes ouvrières populaires mais aussi au développement des naissances illégitimes liée à la liberté des mœurs qui caractérise ce siècle. En simplifiant, on pourrait dire que les abandons sont la conséquence de la débauche des classes hautes et de la précarité des classes basses. En effet, les classes populaires bénéficient d'un maigre revenu qui ne leur permet pas d'assurer la subsistance de l'entièreté de la famille. La contraception existe mais les familles les plus précarisées n'ont pas les moyens de bénéficier de ce luxe étant donné leur revenu. Ce revenu ne leur suffit parfois même pas pour pouvoir se nourrir eux-mêmes alors l'apparition d'un enfant dans la famille est souvent très mal acceptée. Selon les statistiques de l'époque, les mères qui abandonnent leur enfant sont le plus souvent des servantes, des ouvrières, des domestiques, des veuves ou encore de marchandes. Ainsi confrontés à ces problèmes financiers, les mères sont contraintes d'abandonner leur enfant devant une maison de riches bourgeois ou encore dans un lieu public comme devant le porche d'une église.

La ville de Binche n’est pas absente du phénomène, bien que les cas ne se présentent pas souvent.

Suite à l’analyse et à la rédaction de tables des registres paroissiaux, j’ai pu relever les abandons d’enfants dans la ville.

Suite à l’abandon, le Magistrat donne un nom à l’enfant, ce patronyme est souvent donné en fonction de l’endroit où a été trouvé le poupin. On désigne à ce dernier un parrain et une marraine, qui la plupart du temps lui donneront le gîte et le couvert et veilleront à son éducation. Une rétribution leur est donnée par le « bassin des Pauvres », en  cas de désistement, c’est l’orphelinat qui prend en charge l’enfant.

Passons en revue les enfants abandonnés dans la ville (liste chronologique):
Nicolas Adrien, enfant trouvé le 05-06-1645, près de la porte Saint-Paul.

Catherine, enfant trouvée près de la porte Saint-Paul, le 18-02-1650.

Jean-Baptiste, enfant trouvé et baptisé par la sage-femme Adrienne Empen, le 25-03-1653.

Jacques, garçon trouvé, qualifié enfant innocent, le 17-06-1662-

Marie-Thérèse, enfant trouvée à l'extérieur de la Neuve Porte, proche de la chapelle Sainte-Anne, le 19-07-1669.

Marie-Anne, enfant trouvée près de la chapelle Sainte-Anne, le 09-12-1670.

Jacques, garçon trouvé devant la chapelle Sainte-Anne de Battignies, le 28-01-1672.

Defaux Gilles, enfant trouvé par le mayeur de Buvrinnes, le 31-12-1677.

Delaporte Marie, enfant trouvée devant la porte de la collégiale Saint-Ursmer, le 09-11-1688.

De l'Escalier Marie-Isabelle, fille trouvée le 11-11-1698, sur les marches de la collégiale Saint-Ursmer

Delahaye François-Joseph, enfant trouvé à Battignies, près du jardin de Charles Deprez, le 10-06-1699.

 Delaporte Jean-Charles, garçon trouvé à proximité de la porte de Mélion le 24-06-1707.

La Roquette Marie-Marguerite, fille trouvée à proximité devant la porte de la chapelle Saint-Roch, le 29-01-1708.

Dubled Nicolas-Augustin, enfant trouvé le jour Saint Jacques, le 06-08-1714.

De Bruxelles Michelle, enfant trouvée près de la porte de Bruxelles, le 08-05-1733

Degrez Marie-Monique, enfant trouvée le 30-04-1715, sur les escaliers de l'église.

Marie-Philippe, enfant trouvée le 01-03-1729, devant la porte des Récollets, qui selon le médecin Milez, juré de la ville, est né de la nuit, Elle mourut le surlendemain.

Dubanc Antoine-Ursmer, enfant trouvé dans l'église paroissiale, le  08-02-1733.

Delporte Jenne-Ursmarine, enfant trouvée le 05-05-1734.

Delafenêtre Marie-Thérèse, enfant trouvée  le 27-06-1735, près d’une fenêtre de la halle au blé.

Laporte Etienne des Anges, bébé trouvé le 03-08-1738.

Jean-Baptiste, enfant trouvé le 18-06-1748, à proximité de la porte de Bruxelles.

Nicolas, bébé trouvé près de la porte de Mons, le 17-06-1749.

Lescaillier Jean-Joseph, enfant trouvé sur l'escalier de la chapelle Sainte-Anne à Battignies, le 22-03-1759.

Lescaillier Martin-Joseph, garçon trouvé sur l'escalier de l'église paroissiale, le 11-06-1760.

Delarue Marie-Joseph, enfant trouvée sur la rue près de la porte Saint-Paul) 11-12-1760.

Lesdegrez Pierre-Joseph, bébé trouvé sur les escaliers d'une cave  près de la porte  Million, le 27-10-1767.

Lescaliez Antoine-Joseph, enfant trouvé sur l'escalier de la maison Pierre Scohier, demeurant au faubourg Saint-Paul, le  05-05-1793.

Raucroix Pierre, Enfant trouvé le 01-08-1652, on lui donna son nom suite au siège de Rocroi entre les Français et les  Espagnols.

Saint-Paul Charles-Joseph, bébé trouvé près de la porte Saint-Paul, le 24-05-1720.




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