LES ABANDONS
D’ENFANTS A BINCHE
Alain
GRAUX
Au 17e siècle, l'abandon des
enfants constitue un véritable fléau dans la société. L'acte consiste
principalement à exposer son enfant dans un lieu public. La cause principale
reste l'illégitimité. Quand l'enfant naissait hors mariage, il était considéré
comme un "bâtard".
Les jeunes filles célibataires
peuvent abandonner leur enfant à cause de leur faible revenu mais aussi en
raison de leur difficulté à affronter la honte de l'éducation d'un bébé né
"hors normes". Que ce soit le père ou l'employeur, quand il découvre
la grossesse, la réaction est bien souvent la colère et l'expulsion.
Il y a également des enfants légitimes dont les parents sont incapables d'assurer l'existence.
Il y a également des enfants légitimes dont les parents sont incapables d'assurer l'existence.
L'Eglise a joué un très grand
rôle dans les abandons d'enfants car elle condamnait tout acte contraceptif et
tout avortement.
Au 18e siècle, la progression des abandons est
due à la misère des classes ouvrières populaires mais aussi au développement
des naissances illégitimes liée à la liberté des mœurs qui caractérise ce
siècle. En simplifiant, on pourrait dire que les abandons sont la conséquence
de la débauche des classes hautes et de la précarité des classes basses. En
effet, les classes populaires bénéficient d'un maigre revenu qui ne leur permet
pas d'assurer la subsistance de l'entièreté de la famille. La contraception
existe mais les familles les plus précarisées n'ont pas les moyens de
bénéficier de ce luxe étant donné leur revenu. Ce revenu ne leur suffit parfois
même pas pour pouvoir se nourrir eux-mêmes alors l'apparition d'un enfant dans
la famille est souvent très mal acceptée. Selon les statistiques de l'époque,
les mères qui abandonnent leur enfant sont le plus souvent des servantes, des
ouvrières, des domestiques, des veuves ou encore de marchandes. Ainsi
confrontés à ces problèmes financiers, les mères sont contraintes d'abandonner
leur enfant devant une maison de riches bourgeois ou encore dans un lieu public
comme devant le porche d'une église.
La ville de Binche n’est pas
absente du phénomène, bien que les cas ne se présentent pas souvent.
Suite à l’analyse et à la
rédaction de tables des registres paroissiaux, j’ai pu relever les abandons
d’enfants dans la ville.
Suite à l’abandon, le Magistrat
donne un nom à l’enfant, ce patronyme est souvent donné en fonction de
l’endroit où a été trouvé le poupin. On désigne à ce dernier un parrain et une
marraine, qui la plupart du temps lui donneront le gîte et le couvert et
veilleront à son éducation. Une rétribution leur est donnée par le
« bassin des Pauvres », en cas
de désistement, c’est l’orphelinat qui prend en charge l’enfant.
Passons en revue les enfants
abandonnés dans la ville (liste chronologique):
Nicolas Adrien, enfant
trouvé le 05-06-1645, près de la porte Saint-Paul.
Catherine,
enfant trouvée près de la porte Saint-Paul, le 18-02-1650.
Jean-Baptiste,
enfant trouvé et baptisé par la sage-femme Adrienne Empen, le 25-03-1653.
Jacques,
garçon trouvé, qualifié enfant innocent, le 17-06-1662-
Marie-Thérèse,
enfant trouvée à l'extérieur de la Neuve Porte, proche de la chapelle
Sainte-Anne, le 19-07-1669.
Marie-Anne,
enfant trouvée près de la chapelle Sainte-Anne, le 09-12-1670.
Jacques,
garçon trouvé devant la chapelle Sainte-Anne de Battignies, le 28-01-1672.
Defaux
Gilles, enfant trouvé par le mayeur de Buvrinnes, le 31-12-1677.
Delaporte
Marie, enfant trouvée devant la porte de la collégiale Saint-Ursmer, le
09-11-1688.
De
l'Escalier Marie-Isabelle, fille trouvée le 11-11-1698, sur les marches de la
collégiale Saint-Ursmer
Delahaye
François -Joseph, enfant trouvé à
Battignies, près du jardin de Charles Deprez, le 10-06-1699.
Delaporte
Jean-Charles, garçon trouvé à proximité de la porte de Mélion le 24-06-1707.
La
Roquette Marie-Marguerite, fille trouvée à proximité devant la porte de la
chapelle Saint-Roch, le 29-01-1708.
Dubled
Nicolas-Augustin, enfant trouvé le jour Saint Jacques, le 06-08-1714.
De
Bruxelles Michelle, enfant trouvée près de la porte de Bruxelles, le 08-05-1733
Degrez
Marie-Monique, enfant trouvée le 30-04-1715, sur les escaliers de l'église.
Marie-Philippe,
enfant trouvée le 01-03-1729, devant la porte des Récollets, qui selon le
médecin Milez, juré de la ville, est né de la nuit, Elle mourut le
surlendemain.
Dubanc
Antoine-Ursmer, enfant trouvé dans l'église paroissiale, le 08-02-1733.
Delporte
Jenne-Ursmarine, enfant trouvée le 05-05-1734.
Delafenêtre
Marie-Thérèse, enfant trouvée le
27-06-1735, près d’une fenêtre de la halle au blé.
Laporte
Etienne des Anges, bébé trouvé le 03-08-1738.
Jean-Baptiste,
enfant trouvé le 18-06-1748, à proximité de la porte de Bruxelles.
Nicolas, bébé trouvé près de
la porte de Mons, le 17-06-1749.
Lescaillier
Jean-Joseph, enfant trouvé sur l'escalier de la chapelle Sainte-Anne à
Battignies, le 22-03-1759.
Lescaillier
Martin-Joseph, garçon trouvé sur l'escalier de l'église paroissiale, le
11-06-1760.
Delarue
Marie-Joseph, enfant trouvée sur la rue près de la porte Saint-Paul) 11-12-1760.
Lesdegrez
Pierre-Joseph, bébé trouvé sur les escaliers d'une cave près de la porte Million, le 27-10-1767.
Lescaliez
Antoine-Joseph, enfant trouvé sur l'escalier de la maison Pierre Scohier,
demeurant au faubourg Saint-Paul, le 05-05-1793.
Raucroix
Pierre, Enfant trouvé le 01-08-1652, on lui donna son nom suite au siège de
Rocroi entre les Français et les
Espagnols.
Saint-Paul
Charles-Joseph, bébé trouvé près de la porte Saint-Paul, le 24-05-1720.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire