A propos des cimetières binchois
Alain
GRAUX
L’ATTRE
A proximité du moustier
Sainte-Marie, on réserva une partie de terrain à l’usage de cimetière, mais
celui-ci était exigu vu qu’il était limité au sud par le château de la Salle.
En 1427, la communauté de
Binche doit au domaine « « pour
le vie Attre, doibt au noël XI d. »[1].
Attre du latin atrium, n’a
plus ici le sens de porche, parvis, mais bien celui de cimetière.
LE
NOUVEL ATTRE
Au XVe siècle, le cimetière
autour de l’église paroissiale devint trop petit et l’on dut établir un nouveau
cimetière « le nouvel attre » qui est notre Vieux cimetière.
« La Ville de Binch…doibt au noël pour le nouvel attre IX deniers. »
Il existait plusieurs
chapelles dans l’enceinte du cimetière :
La chapelle Saint-André, oratoire de Marie de Hongrie dit aussi
chapelle du Vieux cimetière. Construction en deux parties
dont on pouvait lire autrefois la date de 1537 sur la partie basse formant
l’entrée, et celle de 1613 sur la chapelle proprement dite, celle-ci fut érigée
par les soins du chanoine Feuillien Deppe, et plus tard fut réaménagée par le
chapitre de Cambrai. Mgr. Van der Burck, évêque de Cambrai en fit la
consécration solennelle en 1624.
Après la révolution, la
fabrique entra en possession de la chapelle. En 1807, les marguilliers y firent
placer une petite cloche.
Deux autres chapelles étaient
contigües à la chapelle Saint-André, la
chapelle Notre-Dame de Pitié et la chapelle de tous les saints
Le 1-7-1723, le chanoine
Soupart, prêtre, fit la demande au Magistrat afin qu’il puisse célébrer la
messe dans la chapelle
Notre-Dame de Pitié de cette ville et qu’on veuille faire blanchir les
linges. Ce fut accordé.[2]
Le 8-3-1796, « Monsieur Bourlart, vicaire de cette paroisse
ayant fait le catéchisme dans la chapelle de Notre-Dame de Pitié au cimetière,
les enfants lui dirent qu’il y avoit une boete jetée dans un coin dudit
cimetière. Ledit sieur vicaire en fit la levée
et y trouva un enfant mort qui à son jugement pouvoit être de cincq à
six mois…[3].
En 1832, la fabrique
d’église fit construire avec l’autorisation de la Ville, la maison du
fossoyeur, et plus tard dans le fond du cimetière, une remise pour y placer les
dais et autres objets de l’église.
Le cimetière fut désaffecté le 1er octobre 1869.
Le 29-11-1880, la Ville
vend l’ancien presbytère. En 1880, le bourgmestre Wanderpepen conteste la
propriété de la chapelle, du cimetière et de ses dépendances à la fabrique
d’église au profit de la Ville[4].
Par le jugement du
8-4-1881, le tribunal de Charleroi restitue à la ville de Binche la propriété
de l’ancien cimetière, mais permet à la Fabrique d’église de justifier les
impenses faites par elle à l’ancien cimetière (Construction d’une maison pour
le gardien, d’une remise et de la réfection du pignon de la chapelle[5].
CIMETIÈRE DE L’HÔPITAL
Le
23-3-1605, on cite « ..maison tenant
à Jean du Pairon, aux hoirs Bartholomé Marsil, à Louis Mariscault et par
derrière au cimetière de l’hôpital
Saint-Pierre, demeurée à Antoine Doige, bourgeois de Binche.. »
En 1654, le compte des Pauvres
renseigne :
« De ladite vesve Jacqz Dorez sur sa maison et
jardin au fonds de la Tripperie tenant à la cymetière de l’hospitalle et
aux hoirs Me Simon Marechault »[6]
La bourgeoisie se réservait
une place pour l’éternité au sein de l’église paroissiale Saint-Ursmer et du
couvent des Récollets et de la chapelle Saint-André, sise dans le Vieux
cimetière.
Dans la collégiale, on connaît
les emplacements des sépultures anciennes qui furent enlevées lors du placement d’un nouveau
dallage en 1837[7].
Le couvent des Récollets
révèle lui aussi de nombreuses tombes qui sont elles aussi connues[8].
Les épitaphes de la chapelle
Saint-André et du Vieux cimetière firent
l’objet d’un inventaire publié par les « Amis de Binche » et la
« Société d’Archéologie de la ville de Binche »[9]
LE
NOUVEAU CIMETIÈRE
Sur un terrain qui appartenait
à la famille Louis Degueldre, cultivateur à Battignies, ses héritiers, Louis
Degueldre-Everbecq, cultivateur à Waudrez et Degueldre Rosa et Liévine
(mineures) de Waudrez, qui le vendirent en 1860 à la Ville de Binche, fut
construit un nouveau cimetière.
La bénédiction du nouveau
cimetière, situé rue du Cœur Dollent à Battignies eut lieu le dimanche 11 avril
1869.
En 1911, on érige à l’entrée
du cimetière deux pavillons dont l’un est à usage de morgue :
Le 9-6-1911, Considérant que
l’administration communale a fait bâtir un caveau d’attente au cimetière
communal afin d’être mis à la disposition des familles pour le dépôt provisoire
des corps à placer dans des concessions particulières, décide qu’il ne peut
être fait usage de ce caveau d’attente que pour les corps à placer dans les
concessions de sépulture à perpétuité. La redevance à payer est de 10 Fr. par
mois[10].
Le 5-12-1916, l’administration
communale fait l’achat d’un terrain cadastré D 47, faisant 71a 44 ca pour la
somme de 9.000 Fr. pour l’agrandissement du cimetière.
De même, le 30-10-1918, un autre agrandissement du cimetière est
effectué par l’achat d’un terrain cadastré D.82d et D.82f, faisant 1 ha 40 ca pour la somme de
38.000 Fr.
Le 4-3-1921, le conseil
communal décide faire construire un caveau de 15 places au cimetière communal
pour les corps des combattants morts
pour la patrie.
Le 26-3-1921, l’adjudication
du caveau est attribuée aux Frères Massart, entrepreneurs à Binche, pour le
montant de 2833 Fr.
31-3-1922, vu les divers
projets soumis pour le monument à ériger sur le caveau des combattants, le
conseil décide de faire ériger le monument par M. Rombaux-Roland, légèrement
modifié quant aux colonnes d’angle. La balustrade en fer qu’il proposait fut
supprimée[11]
Le conseil communal du
28-4-1922, approuve les plans du monument se montant à 10.600 Fr. y compris la
gravure des blasons et des inscriptions, la maçonnerie en béton étant à charge
de la ville.
Le caveau des combattants de
1914-1918, morts pour la patrie, occupe la place d’honneur au croisement des
allées médianes du cimetière.
Une pelouse d’honneur forme un
demi-cercle derrière les grandes sépultures sous forme de chapelle des grands
bourgeois du XIXe siècle. Les tombes des combattants de 1914-1918 et de ceux de
1940-1945 y sont disposées.
Les pavillons d’entrée ont été
remplacés par un pavillon de conception moderne vers 1960. Il se compose d’une
morgue et de plusieurs locaux.
[2] A.V.B. 00-00-01-28.
[4]
Fascicule du conseil de Fabrique intitulé La vérité sur les procès intentés
par l’administration communale de Binche au conseil de Fabrique de l’église
paroissiale,
Binche, 1881.
[5] A.V.B. 01-00-01-19/4804
[6] A.V.B. 11-00-01-54.
Comptes des Pauvres.
[7] A. MILET , Pose d’un nouveau pavement à la collégiale Saint-Ursmer, à Binche, et
enlèvement de pierres tombales anciennes (1837-1838), dans Les Cahiers Binchois, n° 14-1996,
pp.105-120.
[8] A. MILET, Millésimes, inscriptions
et épitaphes de l’église et du couvent des Récollets de Binche, annexe A de
l’article Les avatars du couvent et de l’église des Récollets à Binche, de 1796
à nos jours, dans Les Cahiers Binchois,
n° 14-1996, pp.32-38.
[9] Binche, ville musée. Le Vieux cimetière. La chapelle Saint-André. Le
trésor de la collégiale, Binche,
1972.
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