Charles
de Lorraine, DUC D’AUMALE, gouverneur de Binche
Alain GRAUX
Il naquit au château de Maulny, second fils de Claude de
Lorraine, duc d’Aumale (1526-1573) et de Louise de Brezé. Charles était pair de
France et grand veneur jouissant de la confiance du souverain qui le chargea de
plusieurs missions importantes, il reçut en 1579 le collier de l’Ordre du
Saint-Esprit. Il était aussi comte de Maulenrier et de Valier.
Grâce à une dispense papale, il épousa à Joinville le 10
novembre
1576, sa cousine Marie de
Lorraine d’Elbeuf, elle lui donna cinq enfants.
Chef de la Sainte
Ligue
Rappelons que la Sainte-Ligue fut créée en 1576, elle
visait à combattre les progrès du protestantisme en France. Inspirée et dirigée
par Henri de Guise, dit le Balafré, elle se transforma en machine de guerre contre
Henri III, coupable, à ses yeux, de tiédeur, voire de compromission avec
l’hérésie protestante. Le duc de Guise se posa, en 1586, en compétiteur d’Henri
III et s’allia avec Philippe II d’Espagne, considéré comme le champion du
catholicisme.
Henri III chercha alors le concours de son cousin Henri de
Navarre en même temps que l’appui de la reine Elisabeth d’Angleterre. La Ligue
avait de son côté les ecclésiastiques dont l’ascendant sur la bourgeoisie et le
petit peuple était grand. Elle parvint à chasser le souverain de Paris à
l’occasion de la journée dite des Barricades (12 mai 1588). Sept mois plus
tard, le Balafré fut assassiné en même temps que son frère l’archevêque de
Reims.
De retour dans sa capitale, Henri III sera tué à son tour
et la situation de la France n’aura jamais été aussi critique.
On fit appel à Henri de Navarre, qui pour être accepté
comme roi, se convertit au catholicisme,
Paris valait bien une messe. Sa conversion allait contribuer à la défaite de la
Sainte-Ligue dont les vedettes s’empressèrent de solliciter le pardon du nouveau
souverain qui le leur accorda et les autorisa à récupérer leurs biens qui
avaient été confisqués.
Un seul ne courba pas l’échine : le duc d’Aumale qui
décida de persister à sa cause jusqu’à son dernier soupir, et s’obstinant à
demeurer hors de l’obéissance du Roy. Le parlement de Paris le condamna pour crime
de lèse-majesté et, le 30 mars 1595, son effigie, vêtue à l’espagnole, fut trainée
en la place de grève où, par l’exécuteur de justice, elle fut mise en quatre
quartiers[1]. Son
épouse alla se réfugier en son château d’Anet.
L’exilé
Charles de Lorraine, duc d’Aumale, héros du catholicisme
français, fut reçu à bras ouverts à Bruxelles.
Il y fera partie de la cour des archiducs Albert et
Isabelle qui le chargeront de nombreuses
missions durant la campagne de 1600 à 1607 contre la
France, il sera blessé à la Bataille des Dunes et se battra lors du siège
d'Ostende.
Eu égard à son rang princier, notre exilé se devait
d’avoir, dans la capitale, une bonne maison, une domesticité, des équipages,
etc., il emprunta beaucoup d’argent. Il acheta l’ancien palais Granvelle,
achevé en 1555. Mais ne l’estimant pas assez vaste, il acheta encore quelques
maisons voisines, le 10 mars 1605.
Charles d’Aumale, se trouva bientôt en butte à une
nouvelle meute de créanciers.
L'année d’acquisition du palais Granvelle et d’une maison
de plaisance à Anderlecht coïncide avec les débuts de la restauration du
château de Mariemont. Bien que les travaux fussent loin d'êtres terminés, les
Archiducs Albert et Isabelle y faisaient de fréquents séjours tant le site leur
plaisait : les locaux destinés à leur usage étant les seuls achevés. Tous les
membres de leur suite, dont le duc d’Aumale, devaient se faire héberger dans
les maisons de campagne de la région ou dans les hôtelleries de Binche.
Le 2 octobre 1611, Charles de Lorraine, duc d’Aumale fut
nommé gouverneur, prévôt et bailli des bois de la terre et seigneurie de Binche,
Heigne et Jumet[2]. C’était une manière
élégante de l’éloigner de Bruxelles et de ses nombreux créanciers.
En rémunération de ses fonctions, le duc, en plus de son
traitement fixe, touchait un tiers de toutes les amendes et lois qui revenaient
à Binche et ses environs.
Nous ne devons pas oublier que ces fonctions impliquaient
des dépenses de prestige auxquelles décemment il ne pouvait se dérober. Ces
dépenses excessives le firent tomber dans de graves embarras pécuniaires.
Le montant arrondi de ses dettes était, à cette époque, de
cent mille florins. Il crut pouvoir tirer quelque argent de ses biens sis en
France, mais ceux-ci avaient été confisqués au profit de la Couronne.
Pour comble de malheur, l’Archiduc Albert, son
bienfaiteur, passa de vie à trépas en 1621. Le jour des funérailles, on put
voir le Duc d’Aumale parmi les seigneurs et dignitaires admis à suivre le
corbillard.
Il continua de servir Madrid en la personne de
l’Archiduchesse Isabelle mais passa toujours le plus clair de son temps à
Binche et Mariemont. On ne le vit plus à Bruxelles, où résidaient la plupart de
ses créanciers. A Binche, il continua de mener une vie de grand seigneur, où il
était l’objet d’hommages comme maître de ces lieux.
C’est à Binche que l’illustre exilé décéda le 13 février 1630.
Le duc d’Aumale accorda son estime à l’ordre fondé par
saint François de Paul, il mit tout en œuvre pour voir des pères Minimes
établir un couvent aux abords de sa maison de plaisance d’Anderlecht.
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