mardi 6 décembre 2016

Louis Lemerel, maire


UN ETONNANT MAIRE DE WAUDREZ: LOUIS LEMEREL

                                                                                                                                          Alain GRAUX

 Louis-Joseph Lemerel naquit à Mons en 1725, il installa à Waudrez en 1766, puis à Jemappes en 1774, deux fabriques de sel ammoniac (chlorure d'ammonium) jusque là importé d'Egypte. Ce sel s'utilisait, seul, pour étamer le fer et le cuivre et, avec l'eau forte, pour former l'eau régale, seule capable de dissoudre l'or. De ce fait il était utilisé par les monnayeurs, orfèvres, batteurs de cuivre, chaudronniers, ferblantiers et teinturiers[1]. Mais ce sel servait aussi pour les besoins des fabriques de bas, d’étoffes de laine et de chapeaux

Par cette activité Louis Lemerel est considéré comme le fondateur de l'industrie chimique belge[2]. Il était associé à son neveu l'avocat Joseph-Albert Charles, dit Charles sans chemise, devenu Jacobin et se présentait lui même comme un "sans culotte".

Leurs affaires ne furent guère brillantes, ce qui suscita probablement leur rancœur et leur adhésion au parti républicain. La famille Lemerel était d'ailleurs connue pour son jacobinisme. Son frère Michel avait déjà, lors de la première invasion française, prononcé, le 17-2-1793, un discours virulent, à la Société des amis de la Liberté et de l'Egalité, de Mons, un discours réclamant la déportation des prêtres du département[3].

Louis Lemerel fut administrateur provisoire à Mons en 1793[4], il se réfugie à Paris après Neerwinden[5].

Membre de la Société populaire de Binche en 1794, il se fait remarquer lors de l'enlèvement des cloches de la collégiale Saint-Ursmer ce qui avait ému la population et causé du trouble:

En thermidor an II (17-8-1794), les municipaux Gathier et Dumollin s’aperçoivent que la cloche servant aux messes basses, va être enlevée par deux membres de la Société populaire, Stiart, de Nivelles, et Bernard Ponselet. Malgré l’autorisation accordée par le commissaire Heriot, ils s’opposent à la confiscation et la font transporter au collège puis à la sacristie. Les citoyens Heriot et Lemerel, commissaires au transport des cloches sont prévenus. Dumollin leur ayant répondu "quelle étoit autant en sureté à la sacristie qu'au collège, le citoyen Lemerel se mit à crialler contre lui disant qu'il étoit un contre révolutionair, qu'il le feroit saisir et fusiller et qu'il méritoit qu'il lui passa son sabre à travers le corps, qu'il entravoit les opérations..".

Le commissaire civil Jasmin Lamotze qui craint une réaction à ces violences antireligieuses décréta le 27 thermidor un arrêté d'arrestation contre Lemerel et de le mener sous bonne escorte aux prisons du château de Mons[6].

Sous le Consulat, la loi du 28 pluviôse an VIII (17-2-1800), rendit aux communes une administration particulière, les communes sont recréées par dissolution des anciennes municipalités de canton. Les autorités municipales sont désormais nommées et non élues, tous les pouvoirs passèrent aux mains du maire et des adjoints. Les communes de moins de 2.500 habitants reçoivent un maire et un adjoint, Waudrez compte alors 348 habitant, c'est Louis Lemerel qui est nommé maire. Il exerça sa fonction jusqu’au 8 brumaire an XII (31-10-1803) au moins, il tombe alors malade, c’est son adjoint, L. Dujardin, qui le remplace pour rédiger les actes d’Etat civil.

L.B. Coppens, devient maire le 8 floréal an XII (27-4-1804).

Louis Lemerel décéda à Waudrez en 1808.

 










[1] DARQUENNES R. Le Centre sous les révolutions et l'Empire (1787 à 1814), Haine-Saint-Pierre, 1992, p.69.

[2] ANDRE-FELIX Annette, Les débuts de l'industrie chimique dans les Pays-Bas autrichiens, Bruxelles, 1971.

[3] MILET A., Binche au début de la seconde occupation française (1794). Le commissaire civil Jasmin Lamotze et la saisie du trésor de la collégiale de saint Ursmer, dans Les Cahiers Binchois, n°8, 1987, p.25, n. 89.

[4] ARNOULD Marie, L'administration communale de Mons de 1785 à 1835, U.L.B. Mémoire de licence, 1978, 1er volume.

[5] Pour rappel: C'est à Neerwinden que Frédéric de Saxe-Cobourg vainquit Dumouriez le 18-3-1793.


[6] MATTHIEU E. La Société populaire et républicaine de Binche, in A.S.A.B. t.2, 1923, pp.35-36.


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