dimanche 18 décembre 2016

Binche, mémoire des rues, le faubourg du Posty


LE FAUBOURG DU POSTY

                                                                                                                                         Alain GRAUX

Après avoir examiné le faubourg Saint-Paul[1], et le faubourg de Bon-Secours[2], nous aborderons le Faubourg du Posty situé dans la partie basse de la ville.
Nous limiterons cette étude au delà des murs situés à partir de la tour d’angle du rempart, dite la tour sur roc, jusqu’au début de la rue Sainte-Aumône qui forme le début du quartier Saint-Jacques au lieu dit Phénix. Nous n’étudierons pas le rempart proprement dit, les investigations des archéologues ont  laissé des travaux très intéressants, tels M. de Waha, ou encore Didier Dehon qui a effectué les fouilles que tous connaissent. On se référera aussi à la belle publication  de Guy Durieux sur les remparts.
Ce quartier situé au dehors de la porte de la Roquette ne comportait que quelques rares maisons qui faisaient partie, au moyen-âge, d’un fief dévolu aux châtelains héréditaires de Binche, les seigneurs de la famille de Braine dont on retrouve la première mention en 1161[3].
Sohier de Braine, vraisemblablement le dernier « castelain » de Binche, céda au comte de Hainaut, avant 1265, tous les droits qu’il avait sur le fief de la Roquette et sur le donjon de la ville : « …et ore a li cuens aquis tout che ke mesire Sohiers de Braine avoit en le Rokete et le dognon…»[4].
A cette époque, le cartulaire signale qu’il y a nonante bourgeois vivant en ce lieu «.. Et si en le Rokète a Binch entor 90 boriois, desquels cascuns solait devoir 4 d. par an…»
Ce nom de Roquette vient d’une carrière ayant formé la cuvette connue de nos jours sous le nom de place du Pont-Martine. Les affleurements rocheux servirent probablement à la construction de la première enceinte de la ville [5], contrairement à la deuxième enceinte bâtie en grès de Bray.

EVOLUTION DU PAYSAGE URBAIN
Le premier plan de Binche réalisé entre 1550 et 1575 par Jacques de Deventer nous montre que la topographie des lieux n’a guère changé.

PLAN CADASTRAL DU FAUBOURG DU POSTY VERS 1830


A partir de 1822, la ville aliéna de nombreuses parcelles à condition d’y bâtir des habitations, on voit sur ce plan  la rue du Posty dite Faubourg du Posty, huit maisons sont bâties longeant le rempart. La rivière la Samme la sépare d’une rue plus ou moins parallèle, appelée ruelle Sainte-Aumône, deux ruelles les relient, la ruelle aux Morts et une autre ruelle  dite ruelle du Pont Martine, venant de la porte du Posty, dévale par des escaliers et continue vers la ruelle du Pont-Martine menant au lieu-dit Mont Sarah vers Waudrez.
Le chemin menant à « la Fontaine de Jouvence » figurée sur le plan (non visible ici) est nommé chemin de Bonne-Espérance. Sur le même plan figure encore la chapelle du Mont Serrat nommée erronément  Mont Darras.

PLAN CADASTRAL POPP (1862 env.)


 Comme on peut le constater sur une période d’environ 30 ans, c’est surtout la rue du posty qui a été la plus bâtie, de même que «  les vingt-quatre montées » . la ruelle sainte aumône ne s’est enrichie que de quelques maisons.
C’est à la fin du XIXe s. et début du XXe s. que l’on bâtit le plus de maisons dans le faubourg du Posty et que l’on connaît la date de leur construction :

Rue Faubourg du Posty
Propriétaire bâtisseur           Nbre       Date                Remarque

Derval-Derval Nicolas           6          6-3-1885         Tenant au propriétaire.
Hannecart-Derval Alexandre             22-7-1885       Exhausser 1 maison qui lui appartient.
Denamur Emile                      4          3-2-1887
Garain Auguste                                  21-2-1889       Modifier façade de 2 maisons.
Denamur Emile                      4          7-5-1891
Fourez (vicaire)                      1          19-5-1892       Maison d’habitation pour le concierge du
                                                                                    patronage.
Campion François                  1          7-5-1893
Pruniaux Auguste                   3          24-5-1894
Petit Nicolas                           2          25-3-1897
Hirsoux Louis                         3          3-8-1900
Hubert Henri                                      25-8-1902       Exhausser une maison
Vandewalle Edmond 3                      12-9-1902
Naveau Joseph                       1          20-6-1912
Jaume Armand                       1          29-3-1914      
Dupont-Naveau Jules 1                      29-3-1914

Ruelle du Pont Martine
Geuse Jean                             3          11-8-1898

Ruelle Sainte-Aumône          
Winance Louis                                   11-10-1891     Reconstruire une tannerie.
Dutilleux (Vve.)                                 21-3-1894       Exhausser une petite maison.
Grégoire Eric                         1          4-11-1900
Ramboux Ursmar                               18-4-1901       Transformer un bâtiment.
Boudart Edouard dit Paul      1          13-9-1901
Boudart Jules                         1          13-9-1901
Boudart Léon                         1          13-9-1901
Boudart Louis                        1          13-9-1901
Boudart Louise (Heritiers)     1          13-9-1901
Debaise Alfred                       1          13-9-1901
Boudart Adhémar                  1          13-9-1901
Majorelle Constant                 1          14-8-1892
Navez Emile                           9          23-4-1902
Latteur Alexandre                  1          6-11-1908
Garain Auguste                      7          6-11-1908

D’après la liste électorale de 1912, on relève :
146 maisons au faubourg du Posty
37 Maisons rue du Pont Martine
46 maisons, ruelle sainte-Aumône
Afin de dégager les remparts il fallut faire disparaître 23 maisons au faubourg du Posty

TOPONYMIE DES LIEUX


BRECHE DE LA COUR
Suite au siège de la ville en septembre 1578 par le duc d’Alençon, une brèche fut ouverte par la canonnade dans le rempart vis à vis du château.
La tannerie et jardin en contrebas prit le nom de brêche de la cour.

Le 13-12-1618, devant les Jurés Bard, Willot, Roiart, Voet, Jacquet. « Barbe Zègre veuve de Charles Laigneau a mis à rente au plus offrant une tannerie et jardin gisant en dessous la brèche de la cour, tenant aux hoirs Jean Lespoix , à Jacques le Ghait, à la rue et au rieu du moulin.
Demeuré à Ursmer Lespoix, bourgeois de cette ville au prix de 46 L. 10 s. » [6]
Le 15-1-1622, est encore signalé «  ..ung jardin qu’on dit la bresse dessoulz la court.. »[7].

FONTAINE DU PONT MARTINE
En 1897, le conseil communal décide de supprimer la fontaine du Pont Martine [8]

ESKIEVIN (ruelle --)
Le rentier du chapitre de Saint-Ursmer mentionne en 1460 « …le ruyelle que on dist Eskievin…situé en la Rockette.. »

FONTAINE DE JOUVENCE (chemin allant à --)
Le chemin ou rue de la Fontaine de Jouvence menant au hameau « de la Guingette »s’appelait autrefois chemin menant de Binche à Waudrisseau, plus tard chemin de Bonne-Espérance.
« La Fontaine de Jouvence » était un cabaret estimé des bourgeois de Binche.
Waudrisseau était un hameau du village de Waudrez.

GHORREAUX
La terre à Ghorreaux est signalée par quelques textes anciens :
Le 3-12-1463 : « Jehan Longhet, sour son vignoble, courtil et tenure, gisant en le voye de Pagot, qui fut Jaquemart Longhet son père, tenant a le terre condist au Goheriaux… » [9].
En 1548 :
« …la maison et gardin gisant emprès la ville de Binch condist a Pagot avec ung prêt et pasturaige gisant la assez pres la terre a Ghorreaux… » [10].

MONT SARA
Le toponyme est attribué à une chapelle, à la ruelle où elle est située et à  la butte qui l’entoure. Cette chapelle était vraisemblablement dédiée à Notre-Dame du Mont Serrat, lieu de pèlerinage situé en Espagne.
La ruelle du Mont Serrat fait limite entre Waudrez et Binche, la chapelle de Mont Serrat y était établie au carrefour du chemin du Pont Martine, du chemin du moulin Ma Campagne et celui qui se dirige vers Waudrez lieu-dit la Guinguette, la chapelle est mentionnée depuis 1664 « au terne de Mont Sara gisant proche la chappelette de Mont Sara.. »
Le 18-2-1708, les héritiers Nicolas Lucq font partage de nombreux biens, et entre autres « Un jardin au Mont Sarra, tenant aux héritiers de Monteville »
Un siècle plus tard on cite le 1er pluviôse an X (21-1-1802) « …Michel Trempont au lieu de M. Monteville 14 s. de rente sur une maison et jardin au Mont Sara, contenant 4 journels et tenant au chemin, à Nicolas Willemotte, à la veuve Gobert… » [11].

MORTS (rue des)
Tronçon en forte pente auparavant appelée ruelle des Morts, qui se situe sous les remparts au niveau du Vieux cimetière.

PAGOT/ PAJOT/PAYOT
Ce toponyme provient d’un nom de personne, il s’applique à une ruelle, une maison et tenure :
Le  3-12-1463 « …Jehan Longhet sour son vignoble, courtil et tenure gisant en le voye de Pagot qui fu Jaquemart Longhet son père, tenant a le terre condist au Goheriaux… » [12].
En 1548 on cite « …la maison et gardin gisant emprès la ville de Binch condist a Pagot avec ung pret et pasturaige gisant là assez près la terre a Ghorreaux… » [13].
Le 7-11-1566, devant les jurés Godefroid, Jacquet et Abel du Moustier, le mari de Jehanne Naret , Jehan Jacot, et son beau-frère Nicolas Roghe, époux de Catherine Naret, se faisant fort pour Marguerite Naret leur belle-sœur à marier, toutes trois filles de feux Pierre Naret et Catherine de Saint-Venant, époux décédés à Binche, en vertu des conditions faites par leur père, ont fait mettre en vente publique, un jardin gisant au Payot, faubourg de Binche, tenant  à l’héritage Guillaume Naret leur oncle, à la veuve Ursmer Naret et à un autre jardin tenant aux mêmes.
Ce patrimoine est demeuré à Me Ursmer Naret au prix de 15 L. l’an de rente [14].
Le 28-3-1596, Laurent Moreau, Gilles de Wamberchies mari de Catherine Moreau, Jacques Willot mari de Péronne Moreau, Pierre Patinier mari de Marie Moreau et Guillaume Gilbart époux de Marguerite Moreau, tous frères et beaux-frères enfants de feux Nicolas Moreau et Demoiselle Michelle Tayenne font mettre en arrentement un jardin et héritage planté d’arbres portant fruits, sis aux Rocquettes, au lieu qu’on dit Pajot, tenant par devant aux rues, d’autre part aux hoirs Jehan du Trieu et par dessus au pré de Willerzies et à un petit jardin appartenant à Josse Hulin.
Cet héritage est demeuré à Bauduin le Cocq, bourgeois de Binche au prix de 40 L. 12 s.  de rente annuelle [15].
En 1654, on peut lire :  « De la recepte de Binch, M. de Castre et M. De Toulouze sur leurs maisons et jardin gissant à Pajot qui est le jardin du Roy par confiscation, tenant au chemin.. » [16]
De même en 1670 : « Un certain jardin nommé le jardin a Pajot présentement affermé à Guillaume Hayte et au lieutenant Cloquette.. » [17]

PLAIDRET
Le 20-12-1552 : …gardin condist Plaidret gisant es Roquettes… » [18]

PLANCHE DES ROQUETTES
Dans l’ancien français planche voulait dire passerelle, celle-ci était placée sur la rivière la Samme elle menait au sentier qui menait au Mont Sara .
En 1654, le compte des Pauvres renseigne :
De la veuve Jean Hulin sur sa maison et jardin devant la planche des Roquettes, tenant à elle mesme et as hoirs Guillaume Massart et Henry Ghobert. » [19]De même en 1695 on cite «  « la ruelle qui meine à la planche qui va au mon serat »
A cette passerelle succédera un pont :

PONT DE MONTSERRAT
Le registre d’audiences du Magistrat du 4 mai 1714 signale : « Représente que la planche servante de pont allant des Roquettes à Mont Serrat est cassée et qu’il est de l’utilité pour le bien de la ville qu’il y ait un pont  pour passer la rivière …conclud de mettre un pont de bois a la rivière à la Roquette… » [20].
Il est probable qu’un pont en matériau dur succéda au pont de bois car suite à la résolution du Magistrat en date du 10-4-1777, des réparation sont effectuées aux murailles du Pont de Monserat [21].
Ce pont prit ensuite le nom de pont Martine :

PONT MARTINE
En 1788, les  comptes de  massarderie  nous informent que l’on paie :
«  Au charretier Louis Deneufbourg pour livrance de sable et le voiturer pour construire le pont Martin …12L. 12s.
A Philippe Navez 15 L…pour la construction du pont Martin...»[22]

PLACE DU PONT MARTINE
L’actuelle place du Pont Martine n’était, avant la guerre 1940-1945, qu’un énorme terrain vague. C’est à l’initiative du bourgmestre Charles Deliège que ce terrain fut nivelé et réhabilité pour devenir la place que nous connaissons.

POSTY DE LA ROQUETTE
Il est intéressant de savoir qu’en 1321, le comte de Hainaut, Guillaume Ier d’Avesnes, avait érigé en fief la maison dite la porte de la Rokette, «  si avant comme elle s’extent à tous costeis devant et derrière, haut et bas.. » en faveur de Jacques de Maubeuge et de ses héritiers. Ceux-ci pouvaient prendre l’eau de la fontaine du château de la Salle [23]. Cette porte  de la première enceinte était une porte pour piétons.
En 1654, les comptes des Pauvres font connaître :
« De la recepte, au lieu de Jean de la Thour, sur la place où fut séante la maison dessoulre le posty de Rocquette et à présent applicquée de  S.M.  à celle tenant à la cimentier dudit Binch » [24].

LA RUE DU POSTY
On remarquera que le terme faubourg et rue du Posty, ne sont relevés qu’à partir du  18e siècle, en 1737 « faubourg de la porte du Posty ».
Dès la naissance de la ville, ce quartier s’est appelé  les « Rokettes ».
Un postil est une porte secondaire de l’ancien français postic, du latin posticum [25].
Au XVIe s., le plan de Jacques Deventer montre que des maisons sont déjà implantées le long du rempart, il est probable qu’elles disparurent lors du siège  de 1578 (voir Brèche de la cour).

ROKETTES/ROQUETTES
Comme on l’a vu plus haut, le toponyme « Roquette » s’applique à la carrière formant actuellement la place du Pont-martine. Par extension il s’étend à tout les environs
Le 20-7-1540, devant les Jurés, Pierre Vernoye, Désiré de Saint-Venant, Jehan Lescaillier et Remy le Voet, Delle Marguerite Gérard, veuve Simon de Saint-Venant, se fait morte [26] au profit de Jacquemin de Saint-Venant, le seul fils qui lui reste, de la moitié, part qu’elle a sur une maison sise aux Rocquettes, l’autre moitié est détenue par Désiré de Saint-Venant. Ce bien venant de feu Jehan de Saint-Venant père des dits Désiré et feu Simon.
Cela fait, Jacquemin de Saint-Venant vend sa part à son beau-frère Pierre Naret époux de Catherine, sa sœur,  à charge de 4 L. 6 s. tournois de rente annuelle.
Les biens spécifiés voisinent un jardinet appartenant à Pierre Naret par achat qu’il fit naguère à Jehan Naret fils Michel.
Le 5-1-1544, devant les Jurés de  Saint-Venant, Hollande et Tayenne,  Collart Naret fils feu Collart, donne sa maison sise aux Rocquettes à Jehanne Naret, sa femme, fille de feu Ghobert,  pour qu’après elle le bien revienne à ses enfants tant fils que filles [27].
Le 21-1-1544, devant les jurés Tayenne, Fiefvet et Hulin Depret, Collart Gilbart, Jehan de Dinant et Quentin Naret veuf de feu Marie Gilbart, ont vendu à Bauduin Deppe 20 s. de rentes qu’ils avaient sur la maison du dit Bauduin, gisant aux Rocquettes [28].
Le 16-11-1544  devant les jurés du Trilz, Fiefvet et Hulin de Prêt, Jehanne Le Clercq veuve de Jehan Naret demeurant à Mons, s’est fait morte au profit de François de Ghorges son beau-fils, marit à Jehanne Naret. Elle lui accorde l’héritage d’une tenure gisant aux Rocquettes, tenant à Anthoine Plicette  et à la veuve Collart du Bois, à charge de 100 s. tournois par an pour tous cens. Elle adhérite Jean Lespoix preneur de cette rente pour lui et ses héritiers [29].
Le 4-5-1545, Jehan Naret fils Michel, tapissier demeurant à Binche a vendu à Pierre Naret, tanneur demeurant à Binche, une masure sise aux Rocquettes, tenant à Ursmer de Walhain, à Pier Naret même, aux hoirs Jehan du Trilz, tanneur, à la veuve Collart du Bois et aux rues, l’acheteur ayant femme et enfants [30].
 Cet acte fut passé devant les jurés Vernoye, Prevost, St-Venant, du Trilz, et les Hommes de fief : Prévost, du Trilz et Jean Naret.
Le 9-5-1551, devant les jurés Gilbart, de le Tenre et Fiefvet, les frères du Trilz : Anthoine, Bertrand et Jehan, enfants de feu Christophe reconnaissent avoir vendu à Pierre Naret la part et portion qu’ils possèdent, consistant  en ¼ d’un jardin, lieu et tenure, gisant aux Rocquettes, tenant à l’héritage Pierre Naret. Les ¾ restant  appartienent à Antoine Plicette [31].
Le 22-3-1564, devant les jurés Charles Ansseau, Godefroid Jocquet, Vinchent Leghait et Michel Desmoulins, maître Ursmer, Jehan et Vinchent Naret, frères, enfants de feu Pierre et de Catherine de Saint-Venant, se faisant forts pour Pierre et Philippe Naret, leurs frères absents, font mettre à rente un jardin planté de pommiers, poiriers et autres arbres gisant aux Rocquettes, faubourg de Binche, tenant à l’héritage de la veuve de Saint Venant, à Ursmer de Walhain et au chemin..
Le jardin est acquis par Pierre le Voet au prix de 7 L. 10 s. t.[32].
Le 12-2-1572, devant les jurés Bauduin Deppe, Nicolas Moreau, Jehan Houssart et Philippe de Jeumont, Demoiselle Catherine de Trahegnies veuve Collart Deslens, demeurant au faubourg à Binche requiert comme mambour Philippe Fiefvet fils Philippe et dit que sa maison, jardin, tannerie gisant aux Rocquettes échoira après son trépas à son fils Nicolas Deslens pour lui et ses hoirs [33].
Le 12-3-1572 « La tesnerie, cuves, plains et vinaiges qui fut aux hoirs Antoine Plicette gist. aux Rocquettes faubourg de Binche, ten. à l’héritage Jehan de Faulx fils Gilles et au chemin »est demeurée à nouvelle rente selon l’ancienne loi au prix de 4 L. 12 d., à Guillaume le Voet et Ursmer Lespoix.
La répartition des charges dues sur cette tannerie se fit le 25-8-1573.
Parmi les rentiers :
-          Michel Desmoulins en action de feue sa femme, Jehanne du Trieu apparant par le chassereau de feu Désiré de Saint-Venant qui fut le grand père de Jehanne du Trieu, il demande 30 s.[34].
Une autre tannerie fut vendue le 16-10-1572 :
« La tesnerie, escorcherie plain et vinaige qui fut à Jehan et Ursmer Lespoix gisant aux Rocquettes faubourg de Binche, tenant  aux hoirs Collart du Bois et au chemin » est demeurée à nouvelle rente selon l’ancienne loi à Pierre le Ghait au prix de 119 sols blancs par an
La répartition des charges dues sur ce bien fut réalisé le 7-1-1573 par les jurés Bauduin Deppe, Me Godefroid de Trahegnies, Jean Houssart et Philippe de Jeumont
Parmi les rentiers :
Les héritiers Franchois de la Gorge demandent 100 s. t.qui font 83 s. 4 d. [35].
Le 10-1-1607, Ysabeau le Voet veuve de Bauduin le Cocq fit différentes fondations pieuses à l’hôpital Saint-Pierre, à l’église, pour des obits, sépulture, etc.
Elle se deshérite de diverses pièces d’héritages à savoir :
« Un jardin de 2 bonniers gisant aux Rocquettes , tenant aux  prés de Willerzies et aux hoirs Jean du Trieu et aux rues.
La moitié d’une tannerie plains, cuves et vinages gisant aux Rocquettes, tenant à elle même, à la rivière et aux rues ».
De même, un don que lui avait fait Pierre le Voet, son oncle, de 8 L. 13 s. de rentes dues par Quintine le Voet, veuve Remy de Faulx sur sa maison en la Carlerie qui avait appartenu à Catherine Fiefvet, tenant à Nicolas Moreau et à Bertrand Barat.
Diverses autres rentes
Elle adhérite Laurent Moreau, homme de loi, comme mambour pour sa vie durant, prévoit son remariage et s’il n’y en a pas, que ces biens aillent après son trépas  à ses parents : de son côté à Jeannette, Quintine et Anne le Voet et leurs héritiers et aussi Jeanne Walbrecq sa nièce, fille de Catherine le Voet au lieu de sa mère, décédée.
Elle fonde un obit à la chapelle Saint-Nicolas en l’église de Binche, à lever sur un jardin planté d’arbres « qui fut aux hoirs Michelle Tayenne gisant es Rocquettes, ten. au pré du Roy qu’on dit Willerzie et aux hoirs Jean du Trieu ». Elle en adhérite Laurent Moreau en qualité de confrère de la dite chapelle [36].
Le 19-3-1620, les jurés de Binche ayant l’administration des biens des enfants mineurs de feu Bauduin Deppe mettent en location pour le terme de 3 ans une maison et jardins plantés d’arbres contenant 4 journels « gisant aux Rocquettes tenant par  dessous au rieu du moulin de Saint-Pol, pardessus à Philippe de Prisches, Jean Hulin et Jean Dampremy, demeuré à Guillaume Ferret pour 58 s.
Une uisinne avecq four et chambre dessus demeurée à Philippe de le Motte et Pierre Naret pour 80 s.
Un autre  jardin  de 4 journels gisant es Waudrisseau, ten. à la veuve Estienne Royart et à Philippe de Prisches, demorée à Jean Walbrecq pour 50 s. »
Conditions générales : les marchands payeront  le prix de la demeurée à Demoiselle Catherine de Jeumont, veuve Nicolas le Doulx, grand-mère et tutrice des dits mineurs.
Fait à la maison de Paix le 19 mars 1620.
Signé Dartevelle et Gilbart »  [37].

NOTRE-DAME DE LA SALETTE (CHAPELLE --)
La chapelle Notre-Dame de la Sallette fut intégrée dans une maison de la rue du Pont Martine.
C’est un petit sanctuaire en brique doté d’une belle porte du XVIe s. en calcaire à large mouluration gothique. Les montants sont chaînés avec des bases prismatiques et le linteau est en accolade bordé d’un larmier retourné. Les vantaux sont ajourés de cœurs.
Entre 1970 et 1980, le Doyen De Smet revint d’un voyage en Espagne avec une statue d’une vierge dite de Monserrat, qu’il fit placer dans cette chapelle.



 SAINTE-AUMÔNE (Ruelle --)
Beaucoup de chercheurs se sont arrêtés sur ce toponyme [38], en réalité personne n’a pu définir d’où il venait, on suppose qu’un terrain établi en ce lieu appartenait à une institution de bienfaisance.

STEFAYT
Le 6-7-1551, devant les jurés  Gilbart, de le Tenre, Fiefvet et l’ Escaillier, Jehanne de Pitepan ayant épousé Hubert de Lattre, de son gré, s’est fait morte au profit de Guillaume du Pairoy comme mari de Isabeau Tayenne, la fille qu’elle eut de feu Franchois Tayenne qui fut son 1er mari, lui donnant « un jardin qu’on dist le Vignoble gist es Rocquettes faubourg de Binch, tenant aux murailles de la ville, à Jehan de Pitpan et aux rues ; aussi un jardin qu’on dist Stephayt, tenant à Philippe Tayenne et au chemin ; un autre jardin gisant assez près du précédent de l’autre côté du chemin, tenant à Jean Massoul et au chemin »
Cet acte réalisé, le dit Guillaume a vendu 6 L. de rente dus sur ce bien, à Jehan Moiset, couturier demeurant à Bruxelles, et ce avec l’accord de sa  femme[39].
Le 9-11-1553 , devant les jurés Remy le Voet, Collart Gilbart, Collart de le Tenre et Me Godefroid de Trahegnies, Guillaume du Paroulx a vendu à Philippe Tayenne fils de feu Gilles, un jardin où est assise la maison nouvellement faite en l’héritage qui fut Stephayt, tenant au dit Philippe Tayenne[40].

TERNE GERMINEAU
Le 1-10-1556, les masures, jardins, lieux et tenures qui furent  à Jehan de Prisches gisant aux Rocquettes faubourg de la ville, au lieu dit Terne Germineau[41],  tenant au chemin de deux côtés aussi à Collart Naret et une autre masure, tenant aussi à Guillaume de Prisches et à Pierre du Bois, demeurèrent à nouvelle rente à Guillaume de Prisches au prix de 35 L. 5 s. par an
La répartition des charges se fit par les jurés le 29-10-1557, parmi les rentiers :
-          Les hoirs Ursmer de Prisches y demandent 48 s. 10 d.
-          Franchois Moreau par acquêt fait par lui 46 s. 5 d.[42].
Le 15-2-1564, on cite la maison qui fut à François Sebille gisant au terne Germineau, faubourg de Binche, tenant de deux côtés au chemin et à Jehan Candamaine fils[43].
Le 3-8-1602, devant les jurés Candamaine, Merchier et le Maire, Jean Naret, greffier à Binche, a donné en arrentement au prix de 20 L. de rente par an, à Jos Hulin, bourgeois de Binche, un jardin gisant au terne Jamineau, tenant à Ansseau le Chien et à Andrieu du Quesne, Il se deshérite et adhérite Jos Hulin et son épouse Anne Dor. Après le décès de cette dernière, le bien appartiendra aux enfants qu’il a eu de Péronne le Cocq  sa première femme, pour eux et leurs héritiers [44].
Le 31-1-1613, Bauduin Witteau, bourgeois de Binche a fait plainte, pour non payement de rente, contre Laurent Moreau et Philippe Witteau, afin d’hériter 1/3 d’héritage et propriété  « en un jardin planté d’arbres contenant environ un journal, gisant au lieu qu’on dit terre Germineau es faubourgs de Binche, tenant à Jean Naret, à Jean Lespoix et au chemin allant à Waudrisseau, portant pour les autres 2/3 contre lesdits Laurent Moreau et Philippe Witteau et sa femme Anne Laigneau, cette dernière étant en Espagne, étant assisté de Charles Laigneau son père.
Demoré à Bauduin Witteau, bourgeois de Binche pour 30 L. blancs par an »[45].

VIGNOBLE (Jardin)
Voir plus haut : Stephayt au 6-7-1551
Le 12-7-1604, Bauduin le Cocq, bourgeois de Binche, époux d’Isabeau le Voet veut que tous ses biens demeurent au dernier survivant d’eux.
Il laisse pour après son trépas un jardin garni d’arbres gisant au faubourg de Binche en dessous du Vignoble, une partie à Charles Posteau son neveu, l’autre partie aux enfants de Jos Hulin son beau-frère, et de feue Péronne le Cocq, sa sœur [46].

VINGT QUATRE MONTEES
Escalier reliant la place du Pont Martine à la rue du Posty.
En 1460, le rentier du chapitre signale « …au devant de le porte a le Rockette tenant d’une part as degrées allant  le dite Rockette.. »







Ces deux vues nous montrent le même endroit, avant et après la rénovation de la place du Pont Martine, réalisée sous le mayorat de Charles Deliège après la guerre 1940-1945.

WILLERZIES (Prés de -)
Voir plus haut, rubrique Payot, 28-3-1596.
Le 10-1-1607, Ysabeau le Voet veuve de Bauduin le Cocq fait différentes fondations pieuses à l’hôpital Saint-Pierre, à l’église, obits, sépultures etc.
Elle se deshérite de diverses pièces d’héritages à savoir :
Un jardin de 2 bonniers gisant aux Rocquettes, tenant aux prés de Willerzies et aux hoirs Jean du Trieu et aux rues.
Elle fonde un obit à la chapelle Saint-Nicolas en l’église de Binche, à lever « sur un jardin planté d’arbres qui fut aux hoirs Michelle Tayenne gisant es Rocquettes, tenant au pré du Roy qu’on dit Willerzie et aux hoirs Jean du Trieu. Elle en adhérite Laurent Moreau en qualité de confrère de laditte chapelle » [47].

Vue du Faubourg du Posty, prise vers 1930, du chemin du Pont Martine.

L’embellissement des abords des remparts nécessita la démolition des maisons qui y étaient accolées.


[1] GRAUX A., Au delà des remparts de Binche : évolution du quartier du Faubourg Saint-Paul et du rempart Saint-Georges au XIXe s., dans Bulletins S.A.A.M.B., oct.-nov. et déc. 2004.
[2] GRAUX A., Le rempart de Bon-Secours et l’aménagement de ses alentours, dans Bulletins S.A.A.M.B. avril 2006.
[3] LEJEUNE T., Histoire de la ville de Binche, pp. 313-317.
[4] DEVILLERS L. Cartulaire des rentes et cens dus au comte de Hainaut (1265-1286), t.1, p.100.
[5] DEHON D., Binche, sa fortification et ses châteaux, dans Les cahiers de l’urbanisme, n° 44, juin 2003, p.40.
[6] A.E.M. Registre 3 des criées. Document disparu
[7] Copie d’acte par S.Glotz, A.E.M. Gr. Sc. Document disparu.
[8] A.V.B. 01-00-01-21.
[9] Copie d’acte par S.Glotz, A.E.M. Gr. Sc. Document disparu.
[10] A.G.R. C.C. 9806. Comptes du Domaine.
[11] A.V.B. 4070. Bordereau des biens et rentes de l’église non déclarés au domaine national et destinés au Bureau de Bienfaisance.
[12] A.E.M. G. S. Transcription de S. Glotz
[13] A.G.R. C.C. 9806. Comptes du Domaine.
[14] Criées, reg. 2, f° 55 v°. Toutes les copies d’actes reprises sous la mention criées, embrefs et rentes ont été prises avant 1940 par le baron Moreau. Tous ces documents sont disparus dans le bombardement de Mons
[15] Criées reg. 3
[16] A.V.B. 11-00-01-54. Comptes des Pauvres.
[17] A.E.M. A-E. 5409. Estat de la consistance du domaine du roy de la terre et seigneurie de Binche
[18] A.E.M. G. S. Transcription de S.Glotz.
[19] A.V.B. 11-00-01-54..
[20] A.V.B. 00-00-01-26.
[21] A.V.B. 00-01-00-195. Massarderie.
[22] A.V.B. 00-01-00-215.
[23] DEVILLERS L. Monuments pour servir à l’histoire des provinces de Namur, de Hainaut et de Luxembourg, 1874, t.3, p.94.
[24] A.V.B. 11-00-01-54.
[25] PINON R. La Sainte-Aumône de Binche, dans El Mouchon d’Aunia, n° 3, 1992, pp. 15-16.
[26] Transaction coutumière du Hainaut.
[27] Embrefs, reg. 1 f°67 v°. Document disparu.
[28] Embrefs, reg. 1 f° 66 v°
[29] Embrefs, reg. 1 f° 63 v°
[30] Embrefs, reg. 1 f° 71.
[31] Embrefs, reg. 1 f° 58
[32] Criées reg. 2, f° 45.
[33] A.E.M. G.S. Document disparu
[34] Rentes, reg. 1 , f° 113 v°.
[35] Rentes, reg. 1 , f° 115.
[36] Embrefs, reg. 6, f° 155.
[37] Criées reg. 3
[38] Voir à ce sujet : PINON R., « Le maître des pauvres », le père des pauvres et la Sainte Aumône, dans El Mouchon d’Aunia, n° 1, 1996, pp.20-24 ; PINON R., La Sainte-Aumône de Binche, dans El Mouchon d’Aunia, n° 3, 1992, pp. 12-17 ; PINON R. La Sainte Aumône de Binche, notes complémentaires, dans El Mouchon d’Aunia, n° 2, 1993, pp.5-6. ; GLOTZ S. Mise au point, à propos de la Sainte-Aumône de Binche, dans bulletin S.A.A.M.B. , fév. 1993, pp.3-5.
[39] Embrefs, reg. 1 f° 60 v°
[40] Embrefs, reg. 1 f° 101.
[41] Le terne veut dire la butte ou le mont
[42] Rentes reg.1, f° 21
[43] Rentes, reg. 1  f° 64 v°
[44] Embrefs, reg. 6, f°  9 v°
[45] Criées reg. 3
[46] Embrefs, reg. 6, f° 64
[47] Embrefs, reg. 6, f° 155

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