L’EXPOSITION
PUBLIQUE DES MALFAITEURS
Alain
GRAUX
Les « bailles » de la fontaine
La grande fontaine qui se trouvait sur le Marché en face
de la rue des Pelletiers, montrait un piédestal ou colonne d’où l’eau sortait
par quatre tuyaux pour se rependre dans un réservoir octogonal formé de belles
pierres bleues.
Des barrières (bailles) la ceignaient, on y attachait
parfois des prisonniers mis à la « vergogne ».[1].
En 1546, n certain Huten Payen est lié deux heures à une
échelle attachée aux bailles (clôtures)
de la fontaine, pour vagabondage après avoir subi deux[2] jours
d’emprisonnement.
La même année, Martin le Groz , est « echellé » pour vols deux
heures à la fontaine.
Le 31 janvier 1562, « Sarret Gillet pour par son serviteur avoir prins et dérobet certaines
thieulles (ardoises) mouvans de
l’ediffice de la Noefve porte, après luy Sarret Gillet avoir esté
condamnet à payer au proffit de l’église 2 escutz d’or et son serviteur
pour ses mésuz, d’être une heure
et demye estre eschellé aux bailles de la fontaine
emmy la ville »[3].
Le pilori
Après le sac de Binche de 1568, il n’est plus question
d’exposer les larrons aux bailles de la fontaine pour y subir la vindicte
populaire, mais un pilori fut érigé sur « le Marché » (Grand-Place).
En 1594, Christophe Commelle, cordonnier, célibataire de
23 ans, a été convaincu d’aller la nuit « hors d’heure » jetant des
pierres et de cailloux, et de voler des fruits dans les jardins, avec d’autres
comparses « que lors, il y aurait
heu quelques colpx de cailloux rué à la vairière de la maison de la vesve
Ursmer le Josne sur le marchié »
Le cas est grave, il s’est promené avec une rapière
« attendant ung nommé Ansseau et le
ruant de cailloux »
Il est condamné à être exposé au pilori quelques heures, à
payer 60 sous et à faire un pèlerinage judiciaire à Notre-Dame de Hal[4].
En 1596, Henri de Ceusmes ou Cuesmes, voleur, est condamné
« à pryer merchy à dieu et à justice et d’estre lyé au pilory du grant
marchié portant sur la poitrine billé contenant : je suis icy pour mes
larcins »[5]
Le 15 février 1610, les jurés « ...condampent le
dit Martin Buiscet de prier merchy à Dieu et a justice de luy volloir pardonner
ses mésuz, d’être une heure et demye au pilory
sur le marchiet de ceste ville avec ung escript attaché au devant de luy… »[6].
Vers
1625-1626, Jehan de Laroche pour avoir pris un fromage est mis « à la
vergonne au pilory par lespace de demy
heure »[7].
En octobre
1790, on trouve « A Pierre Baudoux pour avoir exporté des décombres
terres et ordures qui avec le tems s’y etoient accumulées et sans pouvoir
découvrir d’où elles sont parvenues, à la rue Saint-Paul, sur la place près du pilori, et vis à vis de la halle, en suite de
résolution de l’assemblée du 7 mars 1790, 13L. »[8].
Comme on le sait, tous les emblèmes de la féodalité disparurent
sous la révolution française
[1] T. LEJEUNE, Histoire de la ville de Binche, p. 289.
[3] A.V.B. 00-00-02-33
[4] A.V.B. 00-00-02-33
[5] A.G.R. Acquis de Lille
1720 bis
[6] A.V.B. Reg. Audiences
[7] A.G.R. Acquits de Lille
1730
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire