jeudi 15 décembre 2016

l'exposition publique des malfaiteurs


L’EXPOSITION PUBLIQUE DES MALFAITEURS

                                                                                                                                          Alain GRAUX

Les « bailles » de la fontaine

La grande fontaine qui se trouvait sur le Marché en face de la rue des Pelletiers, montrait un piédestal ou colonne d’où l’eau sortait par quatre tuyaux pour se rependre dans un réservoir octogonal formé de belles pierres bleues.

Des barrières (bailles) la ceignaient, on y attachait parfois des prisonniers mis à la « vergogne ».[1].



En 1546, n certain Huten Payen est lié deux heures à une échelle attachée aux bailles (clôtures) de la fontaine, pour vagabondage après avoir subi deux[2] jours d’emprisonnement.

La même année, Martin le Groz , est « echellé » pour vols deux heures à la fontaine.

 Le 31 janvier 1562, « Sarret Gillet pour par son serviteur avoir prins et dérobet certaines thieulles (ardoises) mouvans de l’ediffice de la Noefve porte, après luy Sarret Gillet  avoir esté  condamnet à payer au proffit de l’église 2 escutz d’or et son serviteur pour  ses mésuz, d’être une heure et demye estre eschellé aux bailles de la fontaine emmy la ville »[3].



Le  pilori

Après le sac de Binche de 1568, il n’est plus question d’exposer les larrons aux bailles de la fontaine pour y subir la vindicte populaire, mais un pilori fut érigé sur « le Marché » (Grand-Place).

 En 1594, Christophe Commelle, cordonnier, célibataire de 23 ans, a été convaincu d’aller la nuit « hors d’heure » jetant des pierres et de cailloux, et de voler des fruits dans les jardins, avec d’autres comparses « que lors, il y aurait heu quelques colpx de cailloux rué à la vairière de la maison de la vesve Ursmer le Josne sur le marchié »

Le cas est grave, il s’est promené avec une rapière « attendant ung nommé Ansseau et le ruant de cailloux »

Il est condamné à être exposé au pilori quelques heures, à payer 60 sous et à faire un pèlerinage judiciaire à Notre-Dame de Hal[4].

En 1596, Henri de Ceusmes ou Cuesmes, voleur, est condamné « à pryer merchy à dieu et à justice et d’estre lyé au pilory du grant marchié portant sur la poitrine billé contenant : je suis icy pour mes larcins »[5]

Le 15 février 1610, les jurés « ...condampent le dit Martin Buiscet de prier merchy à Dieu et a justice de luy volloir pardonner ses mésuz, d’être une heure et demye au pilory sur le marchiet de ceste ville avec ung escript attaché au devant de luy… »[6].

 Vers 1625-1626, Jehan de Laroche pour avoir pris un fromage est mis « à la vergonne au pilory par lespace de demy heure »[7].

 En octobre 1790, on trouve « A Pierre Baudoux pour avoir exporté des décombres terres et ordures qui avec le tems s’y etoient accumulées et sans pouvoir découvrir d’où elles sont parvenues, à la rue Saint-Paul, sur la place près du pilori, et vis à vis de la halle, en suite de résolution de l’assemblée du 7 mars 1790, 13L. »[8].

 Comme on le sait, tous les emblèmes de la féodalité disparurent sous la révolution française







[1] T. LEJEUNE, Histoire de la ville de Binche, p. 289.
[2] A.G.R. C.C. 15032
[3] A.V.B. 00-00-02-33
[4] A.V.B. 00-00-02-33
[5] A.G.R. Acquis de Lille 1720 bis
[6] A.V.B. Reg. Audiences
[7] A.G.R. Acquits de Lille 1730
[8] A.V.B. 00-01-00-211-Massarderie

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire