vendredi 16 décembre 2016

Binche, mémoire des rues, la "Pépinière"


A PROPOS DU LIEU-DIT « LA PÉPINIÈRE »
                                                                                                                                        Alain GRAUX

A l’endroit s’appelait autrefois le Paradis des chiens, existait déjà sous l’ancien Régime, la pépinière de Battignies, elle appartenait aux Récollets de Binche. Comme tous les biens religieux, elle fut saisie par l’administration républicaine et devint bien national, c’est ainsi qu’elle devint le siège de inspection de Bois et forêts  du canton de Binche.
Le premier inspecteur connu est Alexandre Hocquart. Sous l’ancien Régime,  il était bailli des bois domaniaux au quartier de Mons. Le 7 juin 1795, il fut nommé sous-inspecteur des bois et forêts du département de Jemappes[1].
Le 3 février 1796, les municipaux binchois ordonnèrent au citoyen Hocquart, sous-inspecteur des forêts nationales de « faire arracher le plus beau chêneau de la pépinière des Récollets » et de planter ce nouvel arbre de la Liberté avec ses racines sur la Grand-Place de Binche le jeudi 4 février[2]
Louis-Charles Prévost, arrivé dans le département de Jemappes à la suite des armées républicaines était devenu sous-inspecteur des Eaux et Forêts sous l’Empire, il avait son siège dans la pépinière de Battignies. Il méditait d’y ouvrir une filiale de la société nationale d’agriculture[3].
Les forêts départementales ayant beaucoup souffert des dévastations, pillages, réquisitions, etc. l’administration décida un reboisement systématique qui s’imposait. La Société d’encouragement pour l’agriculture et l’industrie du département de Jemappes y tint une séance solennelle le 14 février 1811, dans la pépinière de Battignies, sous la houlette de Louis Prévost. 
« Après une messe à la chapelle Ste Anne,  le cortège reprit sa marche vers la Pépinière …nous nous rendîmes au lieu préparé pour la plantation, objet de la fête ; ce terrain de 40 à 50 ares environ présente dans son enclos, qui fait face du côté sud à la grande route projetée de Paris à Aix-le Chapelle, par Mons, Binche et Charleroi ; un carré prolongé s’élevant en amphithéâtre, à l’extrémité duquel nous avons fait élever un large plateau garni de gradins et auquel on arrive par deux avenues de chacune 42 chênes, par nous plantés le jour d’hier ; sur ce plateau, un demi cercle se décrivait formé par 19 peupliers d’Italie…
 Au son allègre d’une musique guerrière, scandée par des décharges de mousqueterie, un chêne vigoureux qu’on appela Napoléon fut planté à côté d’un élégant mélèze Laryx  baptisé Marie-Louise. Symbole des chères espérances de la famille impériale, un chêneau qu’on appela aussi Napoléon fut placé entre les deux tuteurs. » [4].
La propriété passa plus tard dans le domaine privé.
Le 6-6-1845, le bourgmestre de Battignies, Massart[5], demande à la veuve Blairon (propriétaire de la pépinière) d’améliorer l’état du sentier qui traverse la propriété[6]
Cette pépinière devint la propriété d’Augustin Paris[7], garde général des eaux et forêts de l’arrondissement de Charleroi, le registre de population de 1846, le signale vivant avec son fils Rodolphe et sa famille.
A sa mort, le domaine fut vendu lors d’une séance tenue au café Lebrun-Coppin, place de Battignies, le 2 avril 1862.
Cette propriété comprenait outre l’habitation avec remise, hangar, four et puits, un jardin, terre et verger, guinguette, tir à l’arc, à l’arbalète, à la carabine, etc. Elle s’étendait sur près d’un ha se trouvant à l’emplacement de la place du Centenaire actuelle. C’est son fils Rodolphe et son neveu Rodolphe-Pierre, qui en furent acquéreurs
La matrice et plan Popp de Battignies renseigne :
Parcelle A.127a : terre, 2ha 17a 90 ca appartenant à Paris Rodolphe, ingénieur civil, de Battignies et Thibaut Edouard, de Lobbes.
Parcelles A.124 : Jardin,  8a 10 ca appartenant à Paris Rodolphe-Pierre[8]
               A. 125 : Maison, 11a                       «          «          « 
               A. 126 : Terre,    38a                       «          «          « 
En 1884, J. Babusiaux informe « qu’il y aura bal en son local les dimanches, lundis et jours fériés. L’excellent orchestre sera renforcé d’un bon tambourin. Consommations de premier choix » [9].
Vers 1900, la propriété appartenait à la famille Bracq


 Le 8-11-1908, l’échevin Babusiau fait état d’une demande d’ouverture de rue faite par M. Wolters et consorts, dans les terrains leur appartenant à la Pépinière[10]
Le 6-3-1909, l’échevin Lévie, fait connaître au conseil communal qu’en vue de l’établissement d’un tir pour la garde civique et de l’amélioration du quartier, le collège s’est porté adjudicataire au nom de la Ville de la propriété dite « la Pépinière »
 Le 6-9-1909, la Ville  de Binche acquiert la pépinière faisant alors 4 ha 46 a de terrain pour le prix de 35.000 Fr.[11]
Le 1012-1926, la ville approuve le plan d’alignement et cahier des charges des travaux d’établissement d’une place publique à travers la propriété non bâtie dite « la Pépinière » appartenant à la Ville, dressés par M. Bertholet, ingénieur civil des mines.
31-1-1929, la décision est prise par le conseil communal de créer une place à l’emplacement de la Pépinière[12].
Dès lors, la Société coopérative « Habitations à Bon Marché » créée en 1928 à l’initiative du bourgmestre Derbaix, fait construire une série de 24 maisons sur la place du Centenaire nouvellement créée et 12 maison, rue Prince Bauduin et rue E Drisse. L’accès à ce nouveau quartier a été possible par le percement des remparts à la rue de Archers.
Le 4-9-1930, eut lieu la plantation de l’arbre du Centenaire, commémorant le centenaire de la Belgique.
C’est donc par la plantation d’un arbre que commence et finit l’histoire « d’el Pinpinière » comme les Binchois appellent ce lieu  qui donna son nom à la rue qui longe l’ancienne propriété.


[1] A.V.B. 2723.
[2] A.V.B. 00-00-01-41
[3] Darquennes  R. Histoire économique du département de Jemappes, dans ACAM, t, LXV, 1962, p.214.
[4] HUBINON Histoire de Morlanwelz, p.56.
[5] Massart Ursmer, ° Battignies 9-5-1813, y † 25-10-1853, x Binche 12-6-1838, Lecocq Stéphanie-Emérante, ° Binche 9-5-1807.
[6] A.V.B. 02-00-02-2
[7] Paris Augustin-Nicolas, ° Morlanwelz 20-8-1779, † Battignies 29-12-1861, x Thirimont Marie-Anne, ° Morlanwelz 1778, † Battignies 7-3-1837.
[8] Paris Rodolphe-Pierre, ° Buytenzorg (Java) 17-9-1821x Battignies 6-4-1842, Paris Pauline-Augustine, ° Baudour 18-6-1811, † Battignies 24-12-1879
[9] La Constitution, n° 14, 7e année, 6-4-1884
[10] A.V.B. 01-00-01-21.
[11] A.V.B. 01-00-01-21.
[12] A.V.B. 01-00-01-23.

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