A PROPOS DU
LIEU-DIT « LA PÉPINIÈRE »
Alain
GRAUX
A l’endroit s’appelait autrefois le Paradis des
chiens, existait
déjà sous l’ancien Régime, la pépinière de Battignies, elle appartenait aux Récollets de Binche.
Comme tous les biens religieux, elle fut saisie par l’administration
républicaine et devint bien national, c’est ainsi qu’elle devint le siège de
inspection de Bois et forêts du canton
de Binche.
Le premier inspecteur connu
est Alexandre Hocquart. Sous l’ancien Régime,
il était bailli des bois domaniaux au quartier de Mons. Le 7 juin 1795,
il fut nommé sous-inspecteur des bois et forêts du département de Jemappes[1].
Le 3 février 1796, les municipaux
binchois ordonnèrent au citoyen Hocquart, sous-inspecteur des forêts nationales
de « faire arracher le plus beau
chêneau de la pépinière des Récollets » et de planter ce nouvel arbre
de la Liberté avec ses racines sur la Grand-Place de Binche le jeudi 4 février[2]
Louis-Charles Prévost, arrivé
dans le département de Jemappes à la suite des armées républicaines était
devenu sous-inspecteur des Eaux et Forêts sous l’Empire, il avait son siège
dans la pépinière de Battignies. Il méditait d’y ouvrir une filiale de la
société nationale d’agriculture[3].
Les forêts départementales
ayant beaucoup souffert des dévastations, pillages, réquisitions, etc.
l’administration décida un reboisement systématique qui s’imposait. La Société
d’encouragement pour l’agriculture et l’industrie du département de Jemappes y tint
une séance solennelle le 14 février 1811, dans la pépinière de Battignies, sous
la houlette de Louis Prévost.
« Après une messe à la chapelle Ste Anne,
le cortège reprit sa marche vers la Pépinière …nous nous rendîmes au lieu préparé pour la
plantation, objet de la fête ; ce terrain de 40 à 50 ares environ présente
dans son enclos, qui fait face du côté sud à la grande route projetée de Paris
à Aix-le Chapelle, par Mons, Binche et Charleroi ; un carré prolongé
s’élevant en amphithéâtre, à l’extrémité duquel nous avons fait élever un large
plateau garni de gradins et auquel on arrive par deux avenues de chacune 42
chênes, par nous plantés le jour d’hier ; sur ce plateau, un demi cercle
se décrivait formé par 19 peupliers d’Italie…
Au son allègre d’une musique
guerrière, scandée par des décharges de mousqueterie, un chêne vigoureux qu’on
appela Napoléon fut planté à côté d’un élégant mélèze Laryx baptisé Marie-Louise. Symbole des chères
espérances de la famille impériale, un chêneau qu’on appela aussi Napoléon fut
placé entre les deux tuteurs. » [4].
La propriété passa plus tard dans
le domaine privé.
Le
6-6-1845, le bourgmestre de Battignies, Massart[5],
demande à la veuve Blairon (propriétaire de la pépinière) d’améliorer l’état du
sentier qui traverse la propriété[6]
Cette pépinière devint la propriété d’Augustin Paris[7],
garde général des eaux et forêts de l’arrondissement de Charleroi, le registre
de population de 1846, le signale vivant avec son fils Rodolphe et sa famille.
A sa mort, le domaine fut vendu lors d’une séance
tenue au café Lebrun-Coppin, place de Battignies, le 2 avril 1862.
Cette propriété comprenait outre l’habitation avec
remise, hangar, four et puits, un jardin, terre et verger, guinguette, tir à
l’arc, à l’arbalète, à la carabine, etc. Elle s’étendait sur près d’un ha se
trouvant à l’emplacement de la place du Centenaire actuelle. C’est son fils
Rodolphe et son neveu Rodolphe-Pierre, qui en furent acquéreurs
La matrice et plan Popp de Battignies renseigne :
Parcelle A.127a : terre, 2ha 17a 90 ca
appartenant à Paris Rodolphe, ingénieur civil, de Battignies et Thibaut
Edouard, de Lobbes.
Parcelles A.124 : Jardin, 8a 10 ca appartenant à Paris Rodolphe-Pierre[8]
A. 125 : Maison, 11a « « «
A. 126 : Terre, 38a « « «
En 1884, J. Babusiaux informe « qu’il y aura bal
en son local les dimanches, lundis et jours fériés. L’excellent orchestre sera
renforcé d’un bon tambourin. Consommations de premier choix » [9].
Vers 1900, la propriété appartenait à la famille Bracq
Le 8-11-1908, l’échevin Babusiau fait état d’une
demande d’ouverture de rue faite par M. Wolters et consorts, dans les terrains
leur appartenant à la Pépinière[10]
Le 6-3-1909, l’échevin Lévie, fait connaître au
conseil communal qu’en vue de l’établissement d’un tir pour la garde civique et
de l’amélioration du quartier, le collège s’est porté adjudicataire au nom de
la Ville de la propriété dite « la Pépinière »
Le 6-9-1909, la Ville de Binche acquiert la pépinière faisant alors
4 ha 46 a de terrain pour le prix
de 35.000 Fr.[11]
Le
1012-1926, la ville approuve le plan d’alignement et cahier des charges des
travaux d’établissement d’une place publique à travers la propriété non bâtie
dite « la Pépinière » appartenant à la Ville, dressés par M.
Bertholet, ingénieur civil des mines.
31-1-1929,
la décision est prise par le conseil communal de créer une place à
l’emplacement de la Pépinière[12].
Dès
lors, la Société coopérative « Habitations à Bon Marché » créée en
1928 à l’initiative du bourgmestre Derbaix, fait construire une série de 24
maisons sur la place du
Centenaire
nouvellement créée et 12 maison, rue Prince Bauduin et rue E Drisse. L’accès à
ce nouveau quartier a été possible par le percement des remparts à la rue de
Archers.
Le 4-9-1930, eut lieu la plantation
de l’arbre du Centenaire, commémorant le centenaire de la Belgique.
C’est donc par la plantation
d’un arbre que commence et finit l’histoire « d’el Pinpinière » comme
les Binchois appellent ce lieu qui donna
son nom à la rue qui longe l’ancienne propriété.
[1] A.V.B. 2723.
[2] A.V.B. 00-00-01-41
[5] Massart Ursmer, ° Battignies 9-5-1813, y
† 25-10-1853, x Binche 12-6-1838, Lecocq Stéphanie-Emérante, ° Binche 9-5-1807.
[7] Paris
Augustin-Nicolas, ° Morlanwelz 20-8-1779, † Battignies 29-12-1861, x Thirimont
Marie-Anne, ° Morlanwelz 1778, † Battignies 7-3-1837.
[8] Paris Rodolphe-Pierre, °
Buytenzorg (Java) 17-9-1821x Battignies 6-4-1842, Paris Pauline-Augustine, °
Baudour 18-6-1811, † Battignies 24-12-1879
[9] La Constitution , n° 14, 7e année,
6-4-1884
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