vendredi 2 décembre 2016

L'horloge du beffroi


A PROPOS DE L’horloge du beffroi
                                                                                                                                                  Alain GRAUX

De temps immémorial, il existe au beffroi une horloge pourvue de plusieurs cadrans annonçant l’heure aux bourgeois.
L’horloge fut refaite en 1555 par « Jehan Emgle, orlogeur de Mons »
« A Jehan de Hove, couvreur, pour ung jour et demy qu’il a employet au mois d’avril LV à mectre du plomb au loing leuwalle de la couverture de l’orloge, craindant la pluye, luy a esté payé à X s. par jour, XV s. »
« A Absalon du Trilz et Ustace Questre, soyeurs, pour chacun III jours, qu’ils ont employés en la semaine finye le XXIIe jour de juing LV à sayer aucunes buzes de fontaine, pluysieurs sortes de bois pour employer à faire le chèyère du nouveau orloge, craindant la pluye, luy a esté payé à X IIs. par jour, chacun par jour… LXXII s. »
« A Georges et Pierchon de Sars, carpentiers…pour ung jour demy qu’ils ont emploié à asseoir le nouveau orloge, à X s. par jour, XV s. »
« Item, pour chacun deux jours ung quart qu’ils ont employé à faire ung faulx comble dessus l’orloge, parce qu’il pleuvoit dessus ledit orloge, au pris de LIIII s.
« Item, pour avoir fait la dite cheyère de bois pour asseoir ledit orloge estante à III pans assemblée en anglet. »
« A Jehan du Quesne… pour la modelle du nouveau orloge par foeillez de VIII pieds de loing chacun à VII d. le pied, XLVI s. VIII d.[1]
« A George de Sars, carpentier de la ville, pour avoir reculé le fiest du grand ouvraige de  la maison de ville, que pour faire le thoure pour mettre l’orloge, aussy pour avoir mis jus les deux grandes chintes du maiseau et avoir reportez les estansons, pour les deux parties emploiés jour et nuit…18 s. » [2]

En 1632, le préposé à l’horloge recevait 24 livres pour ses gages, tandis que l’horloger touchait 75 livres du massard[3].
En 1653 « Audit Porchier orlogeur pour une année de gaiges la somme de 80 livres pour avoir conduit l’orloge l’espace d’un an[4]

En 1705 «        A Jean Outrequin pour avoir travaillé à l’orloge de cette ville selon qu se voit  plus amplement par billet, a esté payé 5 livres »[5].
 « A Charles Ghobart, cloqman au gage annuel de 40 livres et en d’orlogeur de 24 livres » [6]
« A Pierre Lachapelle a esté payé 12 livres 10 sols tant pour avoir livrez 3 peinture que pour une douzaine de touches pour l’orloge et autre ouvrage plus amplement repris dans son ordonnance »[7].
« Audit (Charles) Ghobart en qualité d’orlogeur pour son gage annuel echeue au St-Jean-Baptiste 1718, payé 80 livres »[8].
« A Jacq Soileur de cette ville a estez payez…à lui aussy at esté payez 80 livres pour une année de gage d’orlogeur et 12 livres pour avoir sonné la cloche de retraite pendant l’année finie le 15 du mois d’avril 1731 »[9].

Idem, pour l’année finie  le 15 avril 1746 [10]

Suite au règlement communal de 1766, il n’y avait plus qu’un seul employé attaché au soin de l’horloge, ainsi qu’aux matériaux nécessaires à l’entretien, moyennant un gage de 92 livres.
« A Jean-Baptiste Maréchal chargé d’entretenir l’horloge et de fournir les ingrédiens nécessaires à cet effet, et sonner la cloche de retraite , 62 livres pour gages échus le 31 octobre 1788 »[11].
« A Thomas Jaupart chargé d’entretenir l’horloge et de fournir les ingrédiens nécessaires à cet effet, et sonner la cloche de retraite, 92 livres pour gages échus le 8 décembre 1792 »[12].

En 1819, on remplaça le "tambour" pour le carillon de l’hôtel-de-ville[13] :
" Nous, Membres de la Régence de la ville de Binche, réunis en nombre compétent en notre chambre ordinaire d'assemblée, en suite de convocation du Collège de Régence, soussignés, le Bourgmestre a fait connaître qu'une découverte d'un tambour propre au carillon de l ‘heure, de la demi-heure et du quart d'heure vient d'être faite par le nommé Jenicot, directeur de l'horloge de cette ville.
Que ce tambour en fer, monté sur une belle charpente aussi en fer, était accompagné de tous les rouages, ressorts, etc. nécessaires à son mouvement.
Que ce tambour, muni de toutes ses pièces, était celui du ci-devant prieuré du Bois Seigneur-Isaac, et aussi bon que neuf, appartenait, par l'achat qu'il en avait fait, dans le tems, au nommé
Cornil-Joseph Godeau, maréchal ferrant en la commune du dit Bois Seigneur-Isaac; qu'il le vendrait, nulle pièce exceptée ni réservée, pour le prix d'une plaquette la livre, si toutefois on en faisait l'achat sans nul délai, et si on lui en payait le prix de suite.
Empressé de saisir un marché aussi avantageux, et craignant de voir passer en d'autres mains une mécanique dont nous avions un pressant besoin sous le rapport de l'utilité d'un carillon annonçant l’heure et des agréments qu’il procure en mettant en jeu 15 cloches ou clochettes qui sont dans un accord parfait et harmonieux,
Craignant que le simple exposé du prénommé Jenicot, quoique très instruit dans le mécanisme dont s'agit, ne renfermât pas tous les détails nécessaires, nous avons estimé prudent de le renvoyer après lui avoir adjoint le secrétaire de la Régence, au lieu de dépôt du dit tambour, avec injonction de procéder l'un et l'autre à un nouvel et le plus scrupuleux examen, et avec autorisation, vu l'urgence. S’ils ne découvraient aucun défaut ni aucune détérioration, d'en faire l'achat et d'acquitter le montant du prix convenu, seul moyen que plusieurs concurrents rendaient nécessaire.
Le tambour dont s'agit ainsi que toutes ses autres pièces nécessaires pèsent ensemble huit cent quarante livres de Hainaut, au prix d'une plaquette (ou 15 cents) la livre,
Fait une somme de Cent vingt six florins des Pays-Bas                                126 fl.
Pour frais de transport, sept florins 50 cents                                                   7 fl.50
Total : cent trente trois florins cinquante cents                                           133 fl. 50
Nous nous sommes d'autant plus déterminés à saisir cette belle occasion que comme il est annoncé ci-devant, il y avait urgence, et que nous avons encore en dépôt les fers de l'ancienne horloge qui, devenue irrégulière par vétusté, a dû être remplacée il y a trois ans par une excellente qu'une occasion aussi favorable que celle-ci nous a procurée; en outre par la raison que les fers provenant de cette ancienne horloge, mis en vente, couvriront en grande partie les frais d'achat du dit tambour.
Toujours pénétrés du plus sain des devoirs d'avoir pour l'autorité supérieure la plus profonde vénération, nous affirmons qu'aucun autre motif nous a dirigés dans l'achat du dit tambour, sans l'autorisation préalable du Noble et Très-Honorable Collège des Etats députés, que la crainte de le voir passer dans l'intervalle dans des mains étrangères. Par les renseignements que nous avons obtenus, nous avons fixé la dépense que l'achat, le transport, le placement du dit tambour, ainsi que les changements à faire dans le placement des cloches du carillon, entraîneront une somme de deux cent soixante huit florins 50 cents, et que le produit de la vente du fer de la vieille horloge est présumé devoir s'élever à cent et deux florins 85 cents (ce qui fait, en tout) un déficit de cent soixante cinq florins 65 cents. (...)"
(Ont signés :) N. Coquiart, Max. De Biseau, N. Sebille, C.H. Dumolin, C. Cruppe, A. Leghait, Brouwet et Legrand, secrétaire.

Le 15-9-1819, La députation des Etats de Hainaut arrête
Les bourgmestre et échevins de Binche sont autorisés à ordonner sur les fonds libres communaux le prélèvement d’une somme de 165 florins 65 cts pour être employés à l’achat d’objets nécessaires au rétablissement du carillon de cette ville [14]
Etat de M. Milcamps, aubergiste à Binche :
Pour avoir nourri et logé M. Charven, horloger à Mons du 4 au 11 juillet 1834…60fr. pendant le temps qu’il a travaillé à l’horloge de la ville[15].
A Messieurs le bourgmestre et échevins de Binche
J’ai l’honneur de vous avertir que après nous avoir consulté… nous sommes consentant à accepter pour notre salaire des travaux faits à l’horloge en 1834, la somme proposée de 500fr. dont 300 comptant et 200 autres au prochain budget a été proposé par le secrétaire …
                                   Votre très soumis serviteur, Jean-Baptiste Decharven
Mons 28-2-1839[16],
« Compte des ouvrages faits pour la réfection de l’horloge de la ville de Binche par M. Decharveng François, horloger de la ville de Mons.
Il est du au sieur Deharveng pour avoir nettoyé la dite horloge, avoir tourné les pivots, avoir rebouché les trous, fait les engrenages dont il n’en restait plus un de bon, l’un était trop faible, l’autre était trop fort, avoir limé toutes les dents de chaque roue, avoir fait l’encre d’échappement, un arbre tourné sur quoi l’encre d’échappement se place par le moyen d’une assiette et un écrou tourné par un bout de l’arbre est un pivot par l’autre bout ou est suspendue la verge  et la lentille est une suspension à couteau, avoir fait la verge pour couper l’air la lentille de même avec un écrou tourné pour pouvoir monter et descendre, avoir arrangé toutes les roues et les lanternes pour les retourner parce que les dents des roues et les ailes des lanternes étaient usées et ne tournaient ni rondes ni plates, avoir ajusté la pièce qui s’adapte sur la grande roue moyenne par un car(r)é qui sert à mener les conducteurs des aiguilles, avoir rebouché le trou de la roue qui sert à mener et remettre les aiguilles, avoir nettoyé les conducteurs des aiguilles et avoir arrangé les dentures qui allaient se gêner.
Dans le fond, nettoyé les roues sur lesquelles les aiguilles sont placées, avoir fait les engrenages avec les conducteurs, avoir ajusté les pignons qui sont  ajustés sur les grandes roues moyennes des deux sonneries qui mènent les roues de comptre. Avoir  ajusté les trous de ces roues et avoir ajusté ces roues que les sonneries décomptait toujours, avoir fait deux volants de sonnerie qui ne tenaient plus et qui maintenant peuvent se fermer et s’ouvrir à volonté, avoir fait une petite roue de rochet pour le volant de la sonnerie de l’heure, avoir fait deux détentes pour que la pendule en marchant fasse marcher les deux sonneries par ce que c’était le carillon qui faisait marcher les deux sonneries, et vu que le carillon est maintenant nul les sonneries (ne) pouvaient pas marcher sans cette réfection. Avoir ajusté les ponts pour la suspension de l’échappement, avoir ajusté les deux détentes qui tire les marteaux qui sonne l’heure et la demi heure, ces deux détentes sont attachées à la muraille.
Il est du au dit sieur Deharveng pour tous ces objets la somme de 900 Fr.
Messieurs les membres de l’administration  trouveront peut-être que le prix est élevé, mais nous avons travaillé pendant un mois depuis trois heures du matin jusque neuf heures du soir, sans toutes les pièces que nous avons fait faire, car en comptant seulement les journées, cela fait déjà les 900 Fr, à 15 Fr par jour cela fait 30 Fr. pour mon père et moi son fils…
J’ai appris de bonne part qu’il y avait plusieurs membres qui ont critiqué l’ouvrage sans avoir aucune connaissance de l’horlogerie, jusqu’à dire que l’horloge va pis qu’avant, pour vous prouver que l’horloge va bien, je suis content de rester 8 à 10 jours, je ne ferai que la remonter , l’horloge ne variera pas, mais que celui qui est chargé de l’horloge veut la faire marcher comme sa montre qui ne marche pas juste, alors l’horloger ne peut suivre sa montre, alors il est obligé de la faire avancer et retarder suivant sa montre et l’on dit que l’horloge ne marche pas bien,
Mons, le 17 juillet 1834, Jean-Baptiste Deharveng. »[17]

Le 26-8-1857 eut lieu une convention  entre les soussignés Hubert-Joseph Wanderpepen, bourgmestre, et Célestin Lecocq, échevin de la ville de Binche, d’une part, et A.L. Vanaerschodt, fondeur de cloches demeurant à Louvain
Il a été convenu ce qui suit,
Le soussigné de seconde part d s’engage envers l’administration communale de Binche à lui fournir pour un carillon en métal de cloche parfaitement mélodieux, juste et accordé dans toutes les règles de l’art musical, composé de trois octaves en 34 cloches dont le poids approximatif sont de 1355 kilogrammes.
La cloche dite Benoite formant la tonique du carillon actuel fera partie du carillon à fournir et sera aussi la tonique de ce carillon, c.-à-d. la note Ut
Suivent ensuite le son de la note et le poids de chaque cloche
Conséquemment le soussigné de seconde part s’engage à accorder parfaitement ces 34 cloches avec celle désignée ci-dessus de sorte que la première à fournir ou la plus basse sera le Ré  du poids de 197 kg.
La seconde, le Mi de 136 kg
La troisième le Fa de 117 kg
La quatrième le Fa dièse de 112 kg 5 hg
La cinquième le Sol de 94 kg
La 6e le Sol de 69 kg
Les soussignés de 1ère  part s’obligent envers le Sr Vanaerschodt à lui payer pour prix du carillon 4 Fr 80 cts du kg et pour le poids de 1355 kg s’il y a lieu, la somme de 6460 Fr 80 cts comme suit :
3000 Fr dans les 2 mois du placement et de l’acceptation du carillon
La somme de 1153 frs 60 cts le 1er octobre 1848
Même somme de 1153 Fr 60 cts le 1er octobre 1849
La même somme de 1153 Fr 60 cts le 1er octobre 1850
Le transport de ces 34 cloches de Louvain à Binche est à la charge de l’administration communale de Binche, mais le Sr Vanaerschodt en est responsable durant le trajet












[1] Archives communales de Binche (A.V.B.00-00-01-1). Compte de Rémy du Puich, massard, du 9 novembre 1555 au 8 novembre 1556.
[2] Compte rendu par Andrieu le Cocq, massard de Binche du 9-11-1557 au 9-11-1558
[3] A V.B. 00-01-00-62.
[4] A.V.B. 00-01-00-82
[5] A.V.B. 00-01-00-123
[6] Idem
[7] A.V.B. 00-01-00-128
[8] A.V.B. 00-01-00-133
[9] A.V.B. 00-01-00-146
[10] A.V.B. 00-01-00-161
[11] A.V.B. 00-01-00-207
[12] A.V.B. 00-01-00-215
[13] Extrait du Registre des délibérations du Conseil de Régence de la Ville de Binche, province de Hainaut. Assemblée extraordinaire de la Régence du 10 septembre 1819 (Archives de l'Etat à Mons, Régime français et hollandais, liasse 37). Paru dans les « Cahiers Binchois » n°14-1996

[14] A.E.M. Archives locales P.1180
[15] A.E.M. P.1074
[16] A.E.M. P.1074
[17] A.E.M. P. 1179

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