samedi 10 décembre 2016

Les fêtes de la victoire en 1945


LES FÊTES DE LA VICTOIRE A BINCHE

                                                                                                                              Alain GRAUX



A la fin des hostilités de la guerre 1940-1945, au milieu de la plus vive animation, Binche célébra avec faste la victoire des alliés.  Le 15-16 et 17 septembre



Le samedi

Dès samedi soir, une foule innombrable assiste à l’ouverture des festivités. Quand les fanfares locales se dirigent vers la Grand-Place, décorée tout spécialement, celles-ci sont reçues sous des nuées d’acclamations.

Une salve d’artillerie éclate alors, suivie immédiatement d’une vibrante sonne « Aux Champs » et le la « Brabançonne », pendant que les drapeaux belges et alliés sont hissés.

Après l’exécution des hymnes alliés par la fanfare royales « Les Chasseurs », la société royale « Les Pélissiers »  donne le départ à la retraite aux flambeaux, qui parcourent les rues de la cité, qui habituellement sont délaissées. C’est ainsi que, suivis par toute la jeunesse et beaucoup d’autres qui ne veulent pas rater l’occasion de se dérouiller les jambes. Le cortège  va vers la gare, descend par la rue de Senzeilles, rue de Merbes, rue des Tanneries, rue de Robiano, rue de la Gaieté, rues des Trois Escabelles, rue des Orphelins, rue des Archers, place du Centenaire, rue de la Pépinière, avenue Albert Ier et Grand-Place où a lieu la dislocation pendant que les deux sociétés exécutent des airs de Gilles pour le plus grand plaisir de tous. Ainsi se termine la première journée des fêtes.



Le dimanche

Malheureusement, pour les organisateurs, la pluie fait son apparition. Néanmoins, le programme prévu se déroula normalement.

A 9h 30, les autorités communales, conduites par le bourgmestre Charles Derbaix, se dirigent vers le cimetière. En tête du défilé, on notait la présence des délégations et des drapeaux des groupements de combattants de 1914-1918 et 40, des Croix de Feu, des prisonniers, des otages, etc.

Après s’être inclinés devant le monument aux morts binchois de 14-18, les participants au cortège se rendirent sur la tombe de deux soldats français, tombés chez nous en combattant, en mai 1940. Ils sont accompagnés de soldats français fixés dans la région, qui s’étaient déplacés en groupe avec leur drapeau à la croix de Lorraine.

A 11h, un « Te Deum » fut chanté en la collégiale Saint-Ursmer à la mémoire des 42 disparus binchois.



Le cortège

Après le service religieux, un cortège se forma avec toutes les sociétés locales et se rendit au monument de l’Indépendance, place Eugène Derbaix, où le bourgmestre déposa une couronne au nom de la ville. Pendant que les « Pélissiers » exécutent une marche, tous les participants défilent et déposent des fleurs.

Après-midi, le grand cortège de la Victoire se mit en branle et par les principales artères de la ville, fit admirer dans l’ordre suivant ses chars copieusement fleuris :

  1. B.B.C. et presse clandestine
  2. Un groupe de cavaliers
  3. Tous les drapeaux alliés
  4. Les groupements patriotiques comprenant : AS., les prisonniers, les otages, les combattants français
  5. La fanfare « En Avant », qui refait son apparition après 5 ans d’arrêt forcé.
  6. Le char « Amérique », avec les photos d’Eisenhower et de Roosevelt.
                                                            Le char « Angleterre »
  1. Le char « Russie »
  2. Le char « France »
  3. Le char « Chine »
  4. Le char « Hollande »
  5. Le char « Congo belge »
  6. La société royale « Les Pélissiers
  7. Un épisode de l’évacuation, vraiment frappant de vérité et qui réunit toutes les phases de l’exode de 1940.
  8. Le char des « Partisans du F.I. »
  9. Un char de prisonniers dans les barbelés gardés à vue par les Allemands
  10. Un char avec tous les métiers locaux, tailleurs, cordonniers, verriers, dentellières.
  11. Un char avec les acteurs du carnaval : Pierrots, Marins, Paysans, et un Gille en grande tenue, qui récolte de nombreux bravos sur son passage.
  12. la fanfare royale « Les Chasseurs »
  13. Pour terminer le char « Belgique et ses neuf provinces.



A son retour sur la Grand-Place, au milieu d’une foule très nombreuse, les autorités militaires belges et alliées, civiles et  religieuses prennent place sur une tribune d’honneur érigée devant le théâtre communal



Le salut au drapeau

Les sociétés se forment devant la tribune, et pendant qu’une musique militaire jour une « Brabançonne, un prisonnier hisse les couleurs.

M Derbaix prononce ensuite un brillant discours, remercie les autorités qui rehaussent la cérémonie, et spécialement le chef du détachement américain et rappelle ce que notre pays doit à l’Amérique, qui nous libéra du joug teuton.

Il s’adresse ensuite au groupe imposant des prisonniers de guerre et les cite en exemple. Il rend aussi un vibrant hommage aux disparus, combattants de 1940, fusillés, résistants, déportés, et souhaite que leur nom restent gravés au cœur de tous les Binchois.

Pour terminer cette cérémonie, la musique du 1er Chasseurs à pied de Mons exécuta les hymnes des pays alliés.

A 18h, cette phalange de musiciens prend possession du kiosque et fait entendre un concert de grande valeur qui recueille un succès mérité auprès des nombreux auditeurs. A noter que par une attention justement appréciée des Binchois, le chef, le lieutenant Jacobs, dérogea au programme et interpréta la fantaisie de Paul Gilson sur les airs fameux du carnaval. En intermède le ténor Jules Ducène remporta un grand succès en interprétant des fragments de « Werther » et du « Pays du sourire ».

Ensuite l’orchestre « Merry Danz » ouvrit le bal. Jeunes et vieux s’en donnèrent alors à cœur joie jusqu’au moment où les premières fusées du feu d’artifice éclairèrent le ciel.

Le bal reprit après de plus belle jusqu’à la fin de la nuit.



Le lundi

Sous les auspices de l’amicale des cafetiers de la Grand-Place, des rues de l’Eglise et rue Notre-Dame, des jeux populaires furent organisés pendant la journée du lundi.

Un jeu de corbeille fut réservé aux jeunes filles, dans la rue de l’Eglise, plus de 60 concurrentes y participèrent, c’est Sophie Meurant qui remporta le 1er prix.

Les hommes au nombre de 36, disputèrent une course à la brouette, remportée par L. Dessart.

Une épreuve similaire pour dames, c’est Mme Gaillard qui gagna l’épreuve.

Une course pour jeunes garçons de moins de 12 ans fut enlevée par E. Cuvelier.

D’autres jeux eurent lieu, une course de lenteur, équilibre sur poutrelles, lancer de balle, et une course aux travestis.

Et pour terminer toutes ces manifestations, une sortie en batterie anima tout le quartier jusqu’aux petites heures.

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