mardi 20 décembre 2016

Le feu sous la cendre


LE FEU SOUS LA CENDRE

                                                                                                                                  Fernand  GRAUX



Désirant me remettre un peu des fêtes de fin d’année, je me promenais seul, flânant çà et là au va comme je te pousse. Je m’arrêtai soudain devant un café où régnait une animation propre à attirer mon attention toujours un peu en éveil !

Je décidai d’y entrer, n’étant pas par nature un bois sans soif ; me voilà bientôt installé près d’une table encombrée de plusieurs magnifiques tambours aux cuivres étincelants. Je ne puis résister d’y faire jouer les doigts sur l’un d’eux mais à ma grande déception la peau en était flasque et sans aucun son.

Je tentai en vain d’échanger quelques propos sur l’actualité politique ou sur la vie chère, avec quelques voisins de table.

Mais « on » était venu pour ça ! Et qui comptait bien plus aux yeux des « purs » de la danse ! Car je dois vous le dire, j’étais tombé sur la présentation de batterie qui se fait, comme chacun le sait, dès le début de l’année.

Le chef de batterie ayant jugé le temps de s’exécuter, jetant un regard quelque peu moqueur sur l’assemblée, puis clignant de l’œil à son équipe et, se sachant le point de mire de l’assistance, lança le « on y va ? » tant attendu des connaisseurs venus en nombre pour l’audition ; en un instant l’atmosphère  se remplit des crépitements nerveux et secs des baguettes en bois d’ébène ou de frêne sur les peaux tendues cette fois à craquer, des tambours.

Les cœurs se sont pincés de plaisir, les sourires s’épanouirent et des « ça va d’aller! » « y sont s’tau point » « y sont s’t’in orde » ou autres clichés sempiternels ; se sont depuis des siècles les mêmes paroles qui reviennent de pères en fils et le diapason insensiblement a monté et les pieds sous les banquettes ont commencé à battre la mesure. Puis j’ai entendu le président de la société dire d’un ton doctoral au « gamin d’el binde de tamboureux » (C’est-à-dire : la relève) « en’ miette pu sec eyé moins râte em’fi eyé ça pourra d’aller » « nos s’rons co bie montés pou s’n’année çi ».

Et de donner à toute l’assistance qui ne demandait que cela, le signal de la danse, en virevoltant sur lui-même, le bras droit levé tenant un ramon imaginaire !

La salle était au paroxysme de l’exaltation après quelques raccords exécutés avec un brio sans pareil et après quelques danses accompagnées de rasades de bière bien fraîches, on décida de commun accord de terminer en soumonce cette première présentation dans les rues encore décorées des attributs illuminés du gille, ravivant ainsi au cœur de la multitude de Binchois accours dans la soirée, la flamme sacrée du carnaval.

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