jeudi 15 décembre 2016

La prison de Binche


A PROPOS DE LA PRISON DE LA VILLE
                                                                                                                                                        Alain GRAUX

Sous l’ancien régime, les malfaiteurs binchois ayant subi une peine de prison sont conduits à la prison de Binche, ceux de l’alleu de Binche sont menés à la prison de Waudrez. Les sergents reçoivent 6 deniers  pour la garde et 4 deniers pour les dépenses de chaque prisonnier.
Le 26 mai 1725, le Sr. Dessars lieutenant-prévôt se présente devant le Magistrat de Binche  « …représente qu’il n’y a point de prison seure en cette ville pour le seconder à exécuter les ordres de S.M. suivant ses placarts et ordonnances, ce pourquoy il demande de pouvoir faire construire dans un endroit de cet hôtel de ville plus convenable, aux fraix de S.M.
Accorde de pouvoir faire laditte prison dans le buchet[1], au lieu destiné…»[2].
Malgré la décision de créer une prison dans l’hôtel de ville, la réalisation des fit attendre.
Le 8 novembre 1736,  le Magistrat de Binche fait une requête à Marie-Elisabeth, gouvernante de Pays-Bas autrichiens:
« Puisque la ville de Binch manquant tout à fait de prison, les remanants sont obligez de faire conduire à grands fraix ou par la mareschaussée ou par les archers, les prisonniers à Mons où ils sont obligés de se rendre ou d’y demeurer pour instruire leurs procès… les suppliants avertissent Votre A.S. qu’il y a dans Binch deux thours sur les remparts nomées la thour Saint-Roch et la Thour de la Sorcière, qu’avec une somme de cens florins on pourroit racomoder une de ces thours et la rendre telle qu’il la faut pour y mettre en sureté les prisonniers qu’abondent dans la ditte terre de Binch, au moyen d’une prison à Binch… »[3]

Cette possibilité ne fut pas agréée et l’idée de construire une prison dans les locaux de l’hôtel de vile continua de progresser, un plan de construction d’une prison fut demandé à l’arpenteur Nicolas Leclercq[4]. Le projet est établi à l’emplacement de la halle aux grains et des maisons y attenante, il fut levé en 1753.

Pour la même circonstance un autre plan situant l’emplacement de deux maisons situées derrière l’hôtel de ville fut également levé en 1753, par l’arpenteur Nicolas Leclercq, il montre l’impossibilité de construire ou de convertir en prison l’hôtel de ville[5].

Cette prison ne vit pas le jour, néanmoins un petit local fut réservé dans l’hôtel de ville pour les incarcérations de courte durée.

C’est vers 1770, que fut bâtie à l’entrée de la rue de la Halle-aux-filets une « conciergerie », c’est-à-dire une prison, comme en témoigne ce texte du  24-9-1770 : « …la rue St Jacques faisant coing à la rue de la Halle-aux-Filets tenante à la Conciergerie… »[6].

Sous le régime français, le geôlier était Pierre-François-Joseph Caillaux, il le fut jusqu’à son décès survenu en 1821. Il fut également huissier du tribunal civil du département de Jemappes

En 1855, un nommé Dafe, qui avait fini la peine de prison qu’avait prononcé contre lui le tribunal de simple police du canton de Merbes-le-Château, s’évada de la prison de Binche. Le gardien de la prison de Binche, nommé Picard, dut répondre de cet incident devant le tribunal de Charleroi. Il fut acquitté pour le motif qu’aucune peine ne peut être appliquée au gardien de prison qui laisse évader un individu confié à sa garde après l’expiration de sa peine jusqu’à son transfert dans un dépôt de mendicité[7]

Le rapport sur l’administration et les affaires de la Ville de Binche signale en 1858 : »Cette ville possède une maison d’arrêt très saine et sûre qui sert :

1°. De prison de passage pour tous les détenus transférés de Mons à Binche et de Binche à Charleroi et vice-versa ; depuis l’établissement du chemin de fer, le nombre de passagers est considérablement diminué. Le transport s’effectue de Mons à Charleroi par Manage.

2°. De prison de police municipale pour les condamnés des cantons de Binche et de Merbes-le-Château.

En 1870, par suite d’une décision ministérielle, la prison cantonale a été reconnue propriété communale.

En mai 1870, on décida la transformation de la prison. Le premier étage fut transformé en Justice de Paix et le rez-de-chaussée transformé en trois maisons louables et un amigo[8]. L’une des maisons est destinée au logement d’un agent de police qui est chargé de la surveillance de l’amigo, qui fut construit dans la cour. Les deux autres maisons furent louées et le prix de la location fut suffisant pour couvrir l’intérêt d’une bonne partie de la somme employée à ce travail.



[1] Buchet : lieu où l’on entrepose le bois de chauffage.
[2] A.V.B. 00-00-01-28.
[3] A.V.B. 00-00-01-30
[4] A.E.M. plan 1842. H. 21 cm. Et larg. 33 cm
[5] A.E.M. plan 1844
[6] S.G. A.E.M. Gr. Sc.
[7] Tribunal de Charleroi, affaire Picard, 15-1-1855.
[8] Le nom d'"Amigo" serait dû, au fait que la soldatesque espagnole du XVIème siècle connaissait mal le flamand: elle aurait confondu le mot "vrunt" (prison) avec le mot "vriend" (ami) et l'aurait donc traduit par "amigo", vocable espagnol que la population trouva sonore et imagé.
L'Amigo était une prison relativement débonnaire, qui servait principalement de "violon" aux individus arrêtés pour de petits délits et aussi aux vagabonds et aux ivrognes.

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