dimanche 4 décembre 2016

Le ramassage de gilles


« RAMASSAGE » ou « PRISE DE GILLE »

                                                                                                                                      Alain GRAUX    

Le dimanche 22 janvier 2012, lors de l’inauguration du monument dédié au tamboureur, le bourgmestre Laurent Devin, a fait dans son allocution, une allusion au ramassage des Gilles lors du carnaval.
Quel n’a pas été mon étonnement, lorsqu’un spectateur de l’événement, fit remarquer que le terme de « ramassage » était inapproprié et que c’était la formule «prise de Gille », qu’il fallait dire terme plus correct.
Pour ma part, je n’avais jamais entendu cette expression, j’ai donc recherché, au travers de divers auteurs des extraits de textes relatifs au carnaval, afin de voir ce qu’il en était.

 La relation du carnaval organisé le 22 juillet 1941 dans l’Oflag A. de Breslau parle lui aussi du ramassage :
« Les six Gilles logeaient dans des chambrées différentes. Le ramassage lui-même fut reconstitué. Le tamboureur se rendait dans les chambrées pour chercher les Gilles et y jouer un « avant dinner »

 Gérard Prévot, dans son article  Comment un étranger doit venir voir le carnaval de Binche[1] cite:
« …Donc, vous devez vous lever tôt. L’essentiel est d’être à Binche vers neuf heures et plus tôt si vous le pouvez. Parce que le mardi-gras à Binche commence à l’aube. A cinq heures, le « ramassage » commence, les tambours battent… »

 Martine Antoine, relate dans l’article, des traditions, un carnaval.[2]
« …le groupement est suivi d’amis, de parents. Une fois le ramassage terminé, les groupes venus des quatre coins de la ville se réunissent au local… »

 Dans le commentaire d’une photo du « Bulletin d’information du service presse de la Ville de Binche[3],)
             « Les Pierrots, ramassage à la viole »
Le même bulletin cite, page 23.
« La vie du tamboureur n’est pas une mince affaire,…le mardi, le ramassage débute vers six heures… »
 Michel Révelard, dans son livre, Le carnaval, des hommes, des traditions de Binche[4]
           « Le Gille est prêt, heureux et impatient. Le « tamboureur » est allé chercher son premier
            Gille puis, selon la tradition établie par le comité en fonction des quartiers où résident les   
            sociétaires, il a commencé le « ramassage » de maisons en maisons… »

 Dans son étude sur les tamboureurs, Frédéric Bastien cite pour le dimanche-gras[5]
« Pour les tamboureurs justement cette première journée de carnaval est une sorte de « mise en bras »avant la longue journée du mardi. Les ramassages se font au début de la matinée, pas trop tôt… »
 Il cite une seule fois la « prise de Gille » (p.25)
 « Au cœur du carnaval, le tamboureur joue plusieurs rôles. C’est bien lui qui « ouvre le bal » puisque bien avant l’aube, vers 04h00 à 05h00 du matin, il va de maison en maison chercher les Gilles (ce que l’on nomme « ramassage ou prise du Gille »… »


En conclusion, on peut dire que  la forme populaire « ramassage » est depuis toujours la plus employée. L’emploi du terme « prise de Gille » est peut-être une évolution due à un embourgeoisement de la société binchoise, présenté afin de magnifier le rôle du Gille.


[1] Binche, cité des Gilles, Mons, février 1956, p.25.
[2] Office du Tourisme, 1998, p.9.
[3]Bulletin  n°55, 1982, p.16
[4] Tournai, 2002, p.67.
[5] Tambours, éditions I.P.H. (Imprimerie provinciale du Hainaut), Jumet, , 2001, p.52.

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