vendredi 2 décembre 2016

L'ancien musée d'histoire


                                     L’ANCIEN MUSEE COMMUNAL DE BINCHE
                                                                                                                                        Alain GRAUX

Le musée de l’école moyenne

L’idée  de créer un musée historique de la ville de Binche fut émise au Conseil communal par Alfred Dumont, elle fut tout de suite adoptée.
Une affiche fut placardée en ville, elle annonçait :
                                                                 Ville de Binche.
                                                     Création d’un musée communal.
            Le Collège des bourgmestre et échevins a l’honneur d’informer  le public que par délibération du 22 août 1895, le Conseil communal a décidé la création d’un musée communal en cette ville.
            Ce musée établi provisoirement dans une salle de l’école  moyenne, est destiné à recevoir tous les objets anciens intéressant, à un titre quelconque, notre cité et ses environs, tels que pierres sculptées, meubles, ancienne coutellerie de Binche, dentelles , livres édités en notre ville etc.
            Les dons sont reçus avec reconnaissance. Une inscription appliquée sur chaque objet rappellera les noms des donateurs.
            Le cas échéant, l’Administration communale entrera en négociations avec les propriétaires pour l’achat d’objets de valeur.
Le musée fut installé sous les combles de l’école moyenne, au troisième étage, l’entrée se faisait par le grand escalier de pierre situé au centre du bâtiment.

Le Collège échevinal de 1896[1] signale que de nombreux dons sont parvenus à l’Administration communale, parmi  eux, beaucoup présentent pour notre histoire locale, un réel intérêt . Ils garnissent toute une salle de l’école moyenne. Il propose de publier dans le rapport de l’année suivante, la liste des objets avec les noms des donateurs.
Il précise : « Une autre salle est remplie des objets trouvés au cours des fouilles pratiquées dans une partie du parc. On remarque parmi ceux-ci des serrures, clefs, pentures, etc. en fer forgé d’un beau travail et surtout un très grand nombre de poteries émaillées d’un dessin remarquable. Un rapport spécial sur le résultat des fouilles sera adressé par M. l’architecte Saintenoy et nous nous proposons de le publier ultérieurement ».

Le rapport de l’année suivante, ne contient que ces lignes :
« Le musée communal. Au cours de cette année, le musée s’est enrichi de dons assez nombreux dont plusieurs offrent le plus sérieux intérêt. Nous devons ajourner à l’année prochaine la publication de la liste des objets et les noms des donateurs ».

Hélas, plus rien ne parle du musée dans les années suivantes.

Une belle collection de monnaies anciennes fut offerte par Auguste Pourbaix-Ravaux. Cet éventail de pièces fut malheureusement volé pendant la guerre 1914-1918, les grands écus d’argent et la moitié des pièces romaines disparurent[2].

Des fouilles eurent lieu dans le parc en 1916 sous l’impulsion d’Eugène Derbaix, et continuées jusqu’en 1926 sous la conduite de l’architecte Emile Devreux[3]. De nombreux fragments et panneaux en terre cuite vernissée représentant les sujets les plus divers.

C’est dans les locaux du musée qu’Auguste Derbaix et l’architecte communal Vital Gaillez reconstituèrent des ensembles constituant des poêles utilisés dans le château de Marie de Hongrie.

Le musée de la rue de la Pépinière

Au cours de l’année 1925 les classes de l’école communale des garçons occupèrent les locaux de l’ancien stand de tir de la garde civique de Binche situé rue de la Pépinière. A la fin de l’année scolaire les classes partirent ailleurs et les locaux furent attribués au musée communal. Pendant le cours de l’année 1926, le service des travaux de la ville aménagea des vitrines et fit transporter tout ce qu’il y avait de présentable provenant du musée de l’école moyenne, ainsi qu’un tas d’archives.
Le  rez-de-chaussée est affecté au musée et l’étage reçoit les archives communales. Le 7 septembre 1928, Paul-Clovis Meurisse[4] est nommé conservateur du musée et archiviste de la ville[5].
L’association des « Amis du vieux Binche » recueille des objets pour le musée et en assure la promotion. Mais le musée n’ouvrit ses portes qu’en…1934.
Les locaux de l’école moyenne restèrent encombrés pendant de nombreuses années des débris provenant des fouilles du château.

Les collections

Le musée comprend deux pièces assez spacieuses, il comporte une belle collection de tableaux installée en 1936 grâce aux démarches du Cercle auprès des autorités communales de Mons, et qui obtinrent la garde de précieux souvenirs.





On reconnaît les portraits du général André Boussart et de sa famille, son père, officier de Marie-Thérèse d’Autriche; son frère, colonel de gendarmerie; son oncle, officier hollandais.
Des photographies des bourgmestres Gustave Wanderpepen  et Alfred Pourbaix, et du Cercle Choral Binchois.
Le manteau de cheminée s’orne d’une belle boiserie ancienne et du vieux drapeau de l’Harmonie, l’étendard du Cercle Choral est déployé à côté.
Un mur est garni par une panoplie d’objets, au centre, le glaive de la justice, insigne du lieutenant-prévôt, ainsi que des armes à feu, des sabres, des lances, une arbalète. Ces armes avaient été léguées par le conseiller Fernand Derijcke.
Dans la vitrine centrale figurent des livres anciens ainsi que l’exemplaire manuscrit des coutumes de Binche avec le Grand sceau du roi d’Espagne. Le dessous est occupé par quelques tronçons de poutres provenant de l’église Saint-Ursmer. A proximité le coffre aux fermes de la ville de Binche est orné de ferrures en équerre, de chaînes servant à fixer la lourde caisse en bois aux murs de la tour de l’église, et de cinq serrures dont les clefs étaient détenues par cinq jurés.
Sous d’autres vitrines sont exposées des pièces de monnaies, des médailles, des débris de verre coloriés provenant du palais de Marie de Hongrie, et divers menus objets de l’histoire locale. On y expose aussi des fossiles extraits des charbonnages voisins et de la sablière d’Epinois.
Une curieuse collection de poids en pierre et mesures anciennes, tel les rasières portant le B de Binche[6].





 Dans cette salle se trouve aussi le lourd couvercle du sarcophage d’un prêtre du XVe. siècle, curieusement sculpté de lis, d’animaux du genre chacal ailés, et d’inscriptions. Il fut offert par l’administration communale de Mont-Sainte-Geneviève.
Quelques pierres provenant de l’ancienne chapelle du Mont-Sarat.
Les pièces maîtresses du musée sont les reconstitutions des poêles du palais de Binche. On y découvre aussi de nombreuses taques en fonte, des crémaillères, etc., découvertes dans les fouilles du parc[7].
De nombreux débris de poteries en grès de Bouffioulx, des pierres provenant de cheminées, des chapiteaux, des enseignes telles celle du Gant d’or, la Clef d’or, le Cygne de 1619. Des tuyaux provenant des canalisations amenant l’eau du Menu-Bois au château.
Marius Rochez fit don de souvenirs de guerre provenant des armées alliées et allemandes. Ils sont étalés sur une table.
L’entrepreneur Victor Lemaire-Magnies, de Bascoup fit don d’un moulin en grès provenant de l’abbaye de l’Olive, ainsi que des pierres anciennes tels qu’un chapiteau provenant de l’église de Carnières, une résille de fenêtre gothique provenant d’une chapelle, un vieux poids de pierre de 10 Kg., etc.


Le musée montre aussi divers objets hétéroclites tel qu’un ancien vélo ayant appartenu à M. Boulanger, directeur de la verrerie ; une bourse à pigeons servant pour les concours, un rouet servant à filer ;  des objets congolais etc.
L’entrée du musée était gratuite. Il était ouvert tous les dimanches et jours fériés de 10 à 12h. et de 14 à 17 h.[8].
P.C. Meurisse démissionna pour raisons de santé le 17-5-1954, il fut remplacé par Samuel Glotz en 1956.
Le musée fut forcé de déménager pour laisser place à une école communale maternelle. La collection lapidaire ainsi que les poêles Renaissance furent déposés dans les caves Bette, ancien refuge de l’abbaye de Bonne-Espérance. Malheureusement l’état du bâtiment et des déprédations ruinèrent les collections.


En 1980, l’archiviste de la Ville, M.  Révelart  déclarait [9]:
« Lorsque durant l’entre-deux guerres les Caves Bette cessèrent d’abriter les magasins Bette-Lebeau, grossiste en denrées  coloniales, elles firent l’objet d’aménagements et furent      transformées en Musée archéologique : celui-ci constitué sous l’impulsion de l’archiviste communal P.C. Meurisse accueillit  diverses trouvailles recueillies un peu partout dans la région :           objets provenant des fouilles du palais de Marie de Hongrie,       chapiteaux romans provenant de découvertes fortuites, collection    de silex, plaques de cheminées, etc.. Un manque d’intérêt et   des négligences des pouvoirs publics, puis un retard apporté à la réalisation d’un plan de restauration dressé par l’architecte Simon    Brigode en 1970, le pillage des collections du musée lapidaire, puis l’effondrement des toitures, aboutirent à une profonde dégradation de l’ensemble.
La même publication dit encore :

« Des actions furent entreprises sur le terrain, entre autres :
Le nettoyage du site et la récupération des collections du musée  lapidaire ayant échappé au pillage et à la destruction ; en réalité bien peu de choses ».
Une partie des collections du musée fut déposée dans les caves de l’actuel musée et l’autre, dans les greniers du service des archives
Plus de Vingt ans ont passé depuis cette désolante constatation, l’idée de faire renaître le musée historique de la ville n’a toujours germé, les collections croupissent dans les greniers bien que la ville ait fait appel dès 1995 à un bureau de consultants en tourisme qui aboutit à la création d’un plan de développement endogène de la ville de Binche et qui fut adopté à l’unanimité par le Conseil communal le 29-1-1996.
Cette stratégie vise à faire du tourisme une activité économique reposant sur la réalisation d’investissements pour la mise en valeur des remparts, du musée et du cadre urbain.








[1] A.V.B., Rapport sur l’administration et la situation des affaires de la ville de Binche fait par le Collège des bourgmestre et échevins en séance publique du Conseil communal,, Binche, 1896, éd. V. Winance.
[2] [F.P.] Un quart d’heure avec M. Paul Meurisse, dans Le Centre du 2-8-1936.
[3] E. DEVREUX, Les châteaux de Binche, dans Congrès archéologique et historique de  Mons, 1928, Frameries, 1930,
[4] Meurisse Paul-Clovis, ° Binche 26-11-1887
[5] A.V.B. 01-01-01-23, Conseil communal du 6-7-1928
[6] [F.P.] Le musée communal, dans le Centre du 26-7-1936, p.3.
[7] [F.P.] Le musée communal, dans le Centre du 2-8-1936, p.3.
[8] Au musée communal de Binche dans Le Centre du 21-6-1936, p.3.
[9] M. REVELART,  Une action de sauvegarde du patrimoine historique et archéologique à Binche : l’étude et le sauvetage de l’ancien refuge de Bonne-Espérance, dans Les Cahiers Binchois n°3, 1980, pp. 9-20.
[10] Une photo prise par G. Lebrun, représentant le musée lapidaire des Caves Bette avant son abandon,  figure dans le Cahier Binchois n°3, p.32.

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