vendredi 9 décembre 2016

L'émigration française sous la révolution


L’Émigration française à Binche SOUS LA RÉVOLUTION FRANCAISE

                                                                                                                                   Alain GRAUX                                                            

 Entre 1789 et 1800, environ 140 000 personnes vont quitter le territoire français, en raison des troubles révolutionnaires. Dès le 14 juillet date de la prise de la Bastille : ces émigrés, tenants de la monarchie et du pouvoir absolu, craignaient l'effondrement de celui-ci. La plupart d'entre eux sont donc nobles, prélats ou riches bourgeois. Certains d'entre eux émigrent pour combattre la Révolution de l’extérieur, d'autres pour se soustraire à ses rigueurs.

Si en 1789 et 1790, il était relativement aisé d’emmener ses  bagages, ses biens, son argenterie, son or, cela devint beaucoup plus compliqué à partir de 1791.

Les autorités révolutionnaires se rendent compte qu'il s'agit d'une fuite des capitaux qui peut s'avérer néfaste à l'économie nationale si elle continue. De plus, les émigrés devenaient menaçants et formaient de grands rassemblements à la frontière. Ils menaçaient ceux qui ne favorisaient pas leur entreprise de la confiscation de leurs biens et mêmes de supplices. Devant ce mouvement qui s’accentuait de jour en jour, Louis XVI fut obligé de prendre des mesures pour l’enrayer.

Tout un arsenal de mesures est pris pour enrayer cette émigration

Le 31 octobre 1791, des lois sont donc votées pour restreindre le pouvoir de mobilité des possibles émigrants et, l'Assemblée législative, par un décret, ordonne aux émigrés de rentrer avant le 1er janvier de l'année suivante sous peine d’être déclarés rebelles et déchus de leurs droits. 1 janvier 1792 : peine de mort contre les émigrés qui n'auraient pas déposé les armes[.

]Un second décret rétablit l'utilisation du passeport (Décret du 1er février 1792).

Le 15 août 1792, la Législative, sur la proposition de Merlin de Thionville, décréta que les femmes et les enfants des émigrés, ainsi que Louis XVI, seraient considérés comme otages.

Le 12 septembre 1792, on décrète la radiation de l’état des rentes et des pensions.

Le 13 septembre 1792 : décret appliquant aux émigrés la loi du 8 avril précédent relatif au séquestre de leurs biens.

Le 14 septembre 1792 : est votée une loi sur le divorce. L’émigration est considérée comme une cause de divorce.

Le 7 octobre 1792 : les émigrés sont livrés à l’exécuteur dans les vingt-quatre heures de leur jugement.

Le 23 octobre 1792 : les émigrés sont bannis à perpétuité du territoire de la République et ceux qui rentreraient sont punis de mort ;

Les émigrés se réfugièrent dans presque tous les pays de l’Europe, mais principalement en Allemagne, en Autriche, en Russie, en Angleterre, à Nice, à Turin, à Coblence.

Brissot, alors chef du parti girondin, distingua les émigrés en trois classes : 1° les princes et les chefs; 2° les fonctionnaires publics qui abandonnaient leurs postes et leur pays et cherchaient à embaucher leurs collègues; 3° les simples particuliers qui, par crainte des mouvements populaires ou par simple mécontentement politique, avaient passé la frontière. C'étaient les seuls auxquels on pouvait témoigner quelque indulgence.

Mais si de nombreuses études en parlent, on oublie souvent les émigrés qui fuirent en Belgique.

Nous connaissons, grâce à un document déposé aux Archives de la Ville de Binche[1], les émigrés qui s’établirent à Binche de 1792 à 1794.

Les émigrés de la noblesse

Une très forte émigration de la noblesse dans notre ville  provient principalement de la région du Poitou :

Jean  et Honnoré Fillion, chevaliers, de Poitiers

Philippe de Brissac, gentilhomme, de Saint-Loup.

Charles de Raze, gentilhomme de Poitiers

Hilaire de Cressac, rentier de Poitiers.

M. Espart de Bessay, gentilhomme, de Saint-Martin

Pierre-René Thibaut, gentilhomme d’Angers

Louis-Gabriel  et Antoine de la Porte, gentilshommes, de Poitiers.

Louis-Joseph La Touche, chevalier, de Saint-Pierre-en Poitou.

M. Savate de Genouillet, gentilhomme de Poitiers.

Le chevalier de Saint-Vincent, officier, de Letanad.

François Constant, chevalier, de Poitiers.

Louis-François Dupuis, gentilhomme, de Pont-de-l’Ain.

Louis le Carlier, de Velad.

Célestin Tralbot, chevalier, venant de Champagne.

Jacques de Clinchamps, gentilhomme de Beaume-en-Vicomté.

Mr Marie de Fumé, chevalier, de Poitiers.

Charles de Bocquillon, chevalier, de Bressée.

Pierre Masureau, gentilhomme, de Vitray

Paul Boynot, gentilhomme, de Poitiers.

François Fouchiers, gentilhomme de Thouars

Le comte de Diversay, de Poitiers

Joseph-Gustave de Diversay, chevalier, de Poitiers

Charles de Benade, gentilhomme, de Civray

François Tavaux de Morthemé, gentilhomme, de Poitiers

Barthélémy Talons, gentilhomme d’Angers.

Saint-Garreau de Tralbenet, gentilhomme de Chotain.

Philippe de Guillon, gentilhomme de Milau

Pierre Céres, gentilhomme de la Guadeloupe.



Il y a des bourgeois, signalés émigrés français :

Jean Govillon, chapelier de Malasson-en Bourbonnais

M. du Temple, de Valen en Poitou

Jean-Eloi Proneveu, de Chinon

Jean Charles, marchand de Derbis en Savoie

Jen La Branche, commissionnaire, de Poitiers

Claude Macullet, commissionnaire, de Thouars

Antoine Chanvre, d’Epernay.

Jean-François Choquin, rentier, de Poitiers

Jean Audran, négociant, de Riom

Alexandre Babinet, négociant de Poitiers

Jacques Liénard, marchand, de Sologne

Thomas Lejuste, de Marpent.



On trouve aussi quelques religieux :

Pierre-Louis Berteau, prêtre, de Maubeuge.

Alexandre Meurin, carme, de Lille

Jean-Baptiste Balasse, prêtre, de Valenciennes (chanoine de Binche).

Eudore Willier, prêtre, de Roylux

M. Bonneterre, curé, de la Vaquerette

Etienne Dheneselle, chanoine, de Maudrepuis



Il y deux déserteurs français:

Henri Ferinard, de Denain

Pierre-Louis Disch, de Bordeaux.



On ne sait exactement jusqu’à quand ces émigrés restèrent dans notre ville, ce qui est sûr, c’est que le 21 avril 1794, une ordonnance des jurés de Binche les oblige à quitter la ville :

« Les François émigrés retirés en cette ville se trouvant dans l’obligation de se retirer à cinq lieues des frontières françaises ensuitte de l’ordonnance de son excellence le ministre plénipotentiaire, comte Metternich, en cinq de ce mois, convenant à cet effet qu’ils soient munis de passeports et acte de bonne conduite pour se retirer sans embarras où ils jugeront convenir.

Conclud d’autoriser notre greffier, l’avocat Debuisseret, de leur délivrer ces actes parmi l’attestation des bourgeois où ils sont logés ».

Il était temps pour eux de la quitter car le Hainaut fut repris par les Français en juin 1794.



[1] A.V.B. 00-03-00-2

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