lundi 9 janvier 2017

Des dignitaires écossais à Binche e en 1541 et 1550


Des dignitaires écossais à Binche. Les deux « traités de Binche » de 1541 et 1550

                                                                                                                             Joseph HINNEMAN

Au 16e siècle, la piraterie, surtout écossaise, était devenue un véritable fléau qui frappait impitoyablement nos marins et pécheurs. Marguerite d'Autriche avait, il est vrai, entrepris de le combattre: en avril 1530 "Madame de Savoie, Régente", signa au nom de l'Empereur, un traite avec Sir John Campbell of Lundy qui représentait James V d'Ecosse, nommé l'Inconstant (+ 1542), époux de Marie de Guise (1515­1560).

Hélas! Lorsque la guerre avec François Ier se ralluma en 1536, les Ecossais ne s'estimèrent plus liés par le traité, leur Reine étant française.

Les rapports sur les actes de piraterie arrivaient de plus en plus fréquemment chez Marie de Hongrie, qui avait succédé à sa tante Marguerite en 1531. Exaspérée, la Reine fit arrêter tous les Ecossais dans les Pays-Bas et fit saisir leurs biens pour dédommager ses sujets spoliés. Sans tarder, James V, dépêcha à nouveau Sir John Campbell chez Marie de Hongrie a Binche pour calmer la tempête.

De l’intervention de Sir John résulta un traité, conclu "en la ville de Binch comté de Haynnaut sous les signes manuelz de ladicte Dame Royne et dudict Sr de Lon­dy, Ambassadeur", le 19 février 1541.

Tout comme celui de 1530, ce traité ne semble pas avoir trop ému les pirates. Nos marins se défendaient bien, minèrent même complètement un des pirates les plus réputés de Dundee... La situation devenait cependant intenable, et les Anversois s'étonnaient même que leur commerce ne fut pas entièrement miné. Jamais nos commerçants n'avaient perdu autant de navires, Aussi bien par de violentes tempêtes inhabituelles que par l'audace des pirates. La Reine se demandait comment réagir aux "robberyes, pilleryes et incursions des Ecossais et aultres estran­gers hantans la mer". Le danger était si réel qu'elle crut nécessaire d'envoyer le vice-amiral van Meckeren dans ''embouchure de la Tamise pour ramener son ambassadeur résident à Londres, pour qu'il ne tombe es mains des pirates. La situation s'étant empirée au point que ceux-ci capturaient nos vaisseaux dans la Tamise, et les vendaient publiquement aux marchands anglais qui étaient de connivence. On devait donc a tout prix chercher à négocier une paix durable.

Aussi le 18 juin 1550, Marie de Hongrie envoie-elle de sa résidence de "Turnhout "un sauf-conduit" pour deux gentilshommes écossais. Le 29 juin, Henri II, de son côté, promet d'envoyer son ambassadeur Basse-Fontaine avec l'écossais Erskine pour participer aux discussions. Le 3, Marie de Hongrie expédie de Binche un sauf-conduit pour la Reine douairière et Régente d'Ecosse. Tout semblait s'arranger, lorsque, au reçu du dernier rapport de son ambassadeur à Londres sur la piraterie des Ecossais, la Reine menace "d'user de revanche quelque part que l'on pouvait rattaindre les pyrates".

Tandis qu'à Binche, Elle nomme ses représentants, parmi lesquels les comtes du Rœulx, de Lalaing et de Berlaymont afin de préparer une trêve, à Edimbourg, la régente d'Ecosse signe la commission de Thomas Erskine et de son assistant. Vers le 10 octobre Marie de Guise arrive via Rouen à la cour d'Henri II, accompagnée de ses ambassadeurs. De la, ceux-ci, Erskine et le Doyen de Glasgow, son assistant, partent pour Binche afin d'y entamer des discussions ardues. Si ar­dues, que le 8 décembre, des difficultés insurmontables ayant surgi à propos des déprédations commises contre nos marins, les négociations sont rompues, mais devant les arguments irréfutables de Marie de Hongrie, Erskine ne reste plus intransigeant et sollicite une nouvelle entrevue le 11 novembre. Pour faciliter la négociation, Marie demande à l'empereur de ne pas changer l'etaple écossaise (= les entrepôts) établie A La Vère[1] comme il en avait l'intention.

Le 15 décembre 1550, le traité fut enfin signé au palais de Binche; Louis de Praet, Mr de Saint -Mauris, Viglius et Erskine y apposèrent leur sceau. - Par lettre patente datée de Binche, le 18 décembre, Marie fait remettre aux ambassadeurs deux chaînes en or, d'une valeur de £ 969 0/ 9d  l’une pesant 5 marcs 3 1/2 onces, et l'autre, pesant 3 onces 3 estrelins, "à Henri de Santo Claro, doien de Glascou, son assistant, aians en la vile de Bins conclut et arresté la paix entre les subjects de l’empereur et le royaulme d’Escoce"[2]. (2)Le 20 décembre eut lieu le dernier des attentats écossais sur mer.



NOTE

Dans l’histoire de la ville de Binche de T. Lejeune, on peut lire p.97:

1540 (1541 n.st.) :

En même temps, la gouvernante générale signa avec Jean Campbell, ambassadeur de Jacques V, roi d’Ecosse, un traité qui assurait aux marchands écossais et à ceux des Pays-Bas « prompte et bonne justice » au sujet des actes de piraterie commis par les “écumeurs des mers”[3]

 


[1] II y avait Ecossais et Ecossais... les marchands de cette nation étaient fort bien vus a La Vère où ils procuraient beaucoup de travail. Ils nous envoyaient du saumon et les fameux kippers d'Aberdeen, des peaux tanes, des fourrures et de la laine; ils achetaient du vin, des épices, des textiles et des objets du culte: missels, chasubles, reliquaires, images. Les Ecossais sont restés fort catholiques jusque vers 1560.
[2] Le marc montois (les chaînes venaient d'un atelier montois) pesait 491 gr, valait 16 onces; 1 once .= 20 esterlins, 1 esterlin = 4 fer­lins.  Un conseiller d'Etat recevait +/- 1000 L.  l'an.
[3] DUMONT. Recueils des traités d’alliance, de paix, etc. T IV, 2e partie, p.208

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