LA SUPPRESSION DES
PORTES D’ENCEINTE DE LA VILLE DE BINCHE
Alain GRAUX
On
s’étonnera de ne point trouver à l’instar d’autres cités médiévales des portes
d’accès dans la ville, dans la plupart
des cas, c’est souvent la situation inverse qui prévaut.
Nous allons
voir comment s’est effectuée la suppression de ces monuments.
LA PORTE DE BRUXELLES
Le 11 août 1836, Nicolas Termolle, facteur du
bureau de poste de Binche demande au conseil communal de pouvoir démolir une
partie de l’ancien contrefort de la porte de Bruxelles, à droite vers
Battignies, pour y établir une maison, vu que le jardin situé sur le rempart
lui appartient. L’assemblée extraordinaire
du conseil communal lui refusa l’autorisation[1].
Le 26 juin 1837 le conseil communal décide la
vente des portes en bois et des ferrures les composant[2].
On adjugea à 21 Fr. le premier ouvrant et 22,5 Fr. pour le second[3].
C’est ainsi que commença le démantèlement de
l’entrée du nord de la ville. Le 2 juin 1849 le conseil communal décide la
démolition de la voûte de la porte de Bruxelles et de faire exécuter des
réparations aux murs de cette porte. Le bourgmestre est informé que la route
provinciale de Binche à Morlanwelz sera mise en adjudication. Le conseil
déclare qu’il n’y a pas lieu de s’occuper des mesures à prendre pour la
démolition de la porte qui offrira cependant quelques difficultés[4].
Le 15 septembre, le conseil communal voulant
aider autant que possible l’exécution des travaux déclare céder et abandonner à
la Province les parcelles et parties de la grand route nécessaire à
l’élargissement de la route à condition que la porte soit démolie aux frais de
la Province ou du concessionnaire de la route.
La Ville se réserve les pavés et grès provenant
de la démolition des murs de soutènement
et de la voûte de la porte[5].
Le 13 septembre 1849 la Députation permanente du Hainaut accepte l’offre de session
des parcelles à condition de démolir la porte mais celle-ci est reportée car la
Députation veut que la route du Pont de Saint-Vaast à la ferme Picard soit
construite en même temps que celle de Binche à Morlanwelz.
Le 17 août 1850, le conseil communal de Binche
statue sur le projet de démolition de la porte de Bruxelles : « vu la
difficulté qu’éprouvent en passant sous la voûte de cette porte les voitures
chargées de gerbes en temps de moisson, de foin ou de perches pour les
houillères.
Attendu que les ressources pécuniaires de la
ville ne permettent pas d’entreprendre la démolition totale de cette porte et
des travaux considérables dispendieux pour changer le passage.
Vu qu’on devrait exproprier plusieurs maisons
et jardins.
Attendu qu’il existe plusieurs élévations de la
dite voûte et qu’en démolissant la partie la plus basse pour la rétablir à la
même hauteur que celle existante, les voitures chargées de gerbes pourraient
librement passer.
Après délibération, déclare ajourner la
décision à prendre »[6].
Le 28 mars 1851, Auguste Chevalier, marchand à
Battignies, demande l’autorisation de pouvoir abattre la porte de la ville dite
de Bruxelles moyennant une indemnité à lui allouer et d’ériger une maison
d’après l’alignement qui lui serait prescrit avec abandon d’une partie de terrain
à la voie publique moyennant une indemnité.
Le conseil voulut temporiser jusqu’à ce qu’il y
ait un amateur pour la partie droite afin que les deux maisons soient
construites parallèlement et sur un même plan[7].
Le 14 juillet 1851 la Ville demande un subside
de 3.000 Fr. pour la démolition et ce, à la Province et à l’Etat[8].
Le 29 août le conseil communal approuve la démolition[9].
Une liste de souscription est faite en faveur
de la démolition de la porte. Nicolas Francart, employé de la Ville ; est
chargé de passer chez les particuliers[10].
Un article du registre du conseil communal du 23 octobre 1852 nous fait
connaître les subsides occasionnés par ces travaux[11] :
Estimation. Devis élevé à 4300
Fr.
Il est déduit :
Souscriptions volontaires 420 Fr.
Offre de démolition par le Sr Chevalier 140 Fr.
----------
Total
3740 Fr.
Dépenses :
Beaurain Georges François, acquisition et
cession de terrain 2500 Fr.
Chevalier Auguste, acquisition et cession de
terrain 260 Fr.
Frais de démolition, transports
1396 Fr.
----------
Total 4156 Fr.
Subsides accordés :
Souscriptions volontaires 420 Fr.
Subside Etat
1243 Fr.
Subside Province 1243 Fr.
Somme supportée par la Ville non compris
l’indemnité qu peut
Revenir à Nicolas Termolle pour emprise de
terrain 1250 Fr.
Les subsides promis ne furent reçus et
approuvés qu’en 1854[12].
LA PORTE SAINT-PAUL
Ayant entendu que l’on allait agrandir le
passage de la route de Binche à Merbes-le-Château, le sieur François Durieux
propose à la ville de démolir à ses frais la porte Saint-Paul et ses à côtés[13].
« Attendu que la porte Saint-Paul est trop
étroite et peu élevée pour servir à une grande route et que le portique se
compose d’une certaine quantité de grès qui étant façonnés seront propres au
passage de la dite traverse.
Attendu que la dite porte est dans un état
voisin de la vétusté, arrête de qui suit :
La porte Saint-Paul sera démolie afin de donner
plus de développement à la route menant de Binche à Merbes-le-Château. Les grès
provenant de la démolition seront ragréés et employés au pavement de la
traverse de la ville.
L’ancienne porte Saint-Paul avec ses ferrures,
celle du Posty, de Saint-Jacques, de Mons et de Bruxelles seront vendues
attendu qu’elles ne peuvent être d’aucune utilité pour la Ville »
Ce point fut adopté par huit voix contre celle
de Monsieur Derbaix qui s’était abstenu de voter n’étant pas assez éclairé sur
la nécessité de démolir la porte Saint-Paul[14].
Le 26 juillet 1837 le collège échevinal notifie
au conseil qu’il sera adjugé les anciennes portes de la ville. La porte
Saint-Paul a rapporté 26 Fr.[15].
LA PORTE DU POSTY
Le registre
du conseil de Régence de la ville de Binche du 6 mars 1837 relate :
La porte du Posty de cette ville qui menace
ruine sera démolie et les grès provenant de cette démolition seront employés au
pavement des rues de Wurtemberg dite place Saint-Jean ainsi que de la rue des
Archers, en partie. Une partie des matériaux servira à établir un garde-fou
hors de la dite porte à la descente de la ruelle du Mont Serra[16].
Le 26 mars 1837, les fers de la porte du Posty
furent déposés et pesés à l’hôtel de ville. Les 60 livres de fers
recueillis furent vendus à Monsieur Schortz, ferronnier à raison de 18 Fr. la
livre ce qui donnera la somme de 19,8 Fr.[17].
Les portes en bois ne furent pas vendues vu qu’elles avaient déjà été enlevées[18].
LA PORTE
DE MONS
Comme pour les autres portes de ville on vendit
les portes en bois et les ferrures de la porte de Mons le 24 juillet 1837[19].
Un ouvrant rapporta 21 Fr. et l’autre 22,5 Fr.
Le rapport du conseil communal du 25 février 1839
dit :
« …sur l’information donnée au collège du
danger qu’offre à plusieurs endroits la porte de Mons par une partie de ses
parements, il s’est rendu sur les lieux, et après avoir examiné le tout, le bourgmestre et les
échevins désirent connaître si le Gouvernement provincial du Hainaut peut leur
allouer un subside pour les frais de démolition de cette porte. Le collège est
chargé de faire démolir la porte en attendant la décision du Gouvernement et
prendra des mesures pour interrompre la circulation publique… »[20].
Le 27 avril 1839, le collège vu la résolution du
conseil communal du 25 février dernier concernant la démolition de la porte de
Mons « …vu le rapport de Monsieur Canivet, architecte provincial pour
l’arrondissement de Thuin, en date du 13 avril, portant qu’il y a lieu
d’enlever les parements de la dite porte dont la chute est à craindre et de
laisser les murs dans leur état jusqu’à la décision.
Attendu qu’il y a du danger, décide la démolition
de la porte au plus tôt possible et qu’au fur et à mesure des ouvrages le
collège pourra juger où il devra s’arrêter… »[21].
Le rapport annuel du collège des bourgmestre et
échevins de l’année 1839 signale :
La porte de Mons menaçait ruine sur plusieurs
points. On en a démoli la partie qui pouvait occasionner des accidents. Si le
redressement de la route n’a pas lieu vers cette direction, nous nous
engagerons à statuer ce qu’il sera bon de faire dans l’intérêt et la sécurité
des habitants[22].
LA PORTE
SAINT-JACQUES
Les portes de bois rapportèrent lors de leur
vente du 24 juillet 1837 la somme de 20 Fr.[23]
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