LA DISTILLERIE BINCHOISE
Alain
GRAUX
Ce n’est qu’à partir du XVIe siècle que l’on
commença à distiller du genièvre à partir de céréales. Durant les siècles
précédents, la consommation de spiritueux se limitait presque exclusivement à
l’eau-de-vie distillée de la lie de vin. Cette modification est sûrement due à
la disparition des vignobles, à la même époque.
L’emploi de boissons spiritueuses augmente
surtout à partir du XVIIIe siècle.
La distillation fut souvent interdite du fait
qu’une part importante des récoltes de grains devait servir à la fabrication du
pain et aussi à cause des mauvaises récoltes.
En 1793, on pensa à une éventuelle interdiction
de la distillation, mais après en avoir délibéré avec les Etats Provinciaux, le
Conseil Privé décida qu’il valait mieux libéraliser la politique parce que
l’eau de vie de grain est un objet de première nécessité pour les troupes de Sa
Majesté aussi parce que cette défense diminuerait considérablement le revenu
des provinces, qui toutes on établi des impôts sur cet objet de consommation et
de plus cette interdiction serait nuisible à l’agriculture en empêchant
l’engrais du bétail[1].
Vu la disette qui règne aux débuts du régime
français, on interdit encore la distillation
Le 11germinal an 3 (1-3-1795), suite à un
arrêté de l’administration centrale, les citoyens Turlot et Cohendos, députés
de la municipalité de Binche, visitèrent les fabricants de Genièvre. Après
avoir vérifié l’état des scellés apposés sur les alambics, en vertu de l’arrêté
du 22 nivôse, chez les citoyens Leclercq et Dumollin, ils les enlevèrent et les
déposèrent à la maison communale[2].
Le recensement de l’an V (1797) ne renseigne
pourtant qu’un seul distillateur : Dominique Leclercq [3].
La distillation ne se fit alors qu’avec des dérogations.
Le 8 nivôse an X (29-12-1801), le sous-préfet
de Charleroi, oblige les distillateurs de genièvre de la ville à employer dans
leur distillation, le seigle et autres grains « manuables ».
Le maire et l’adjoint se rendirent alors chez
Louis Degueldre et chez Dominique Leclercq, distillateurs, ils firent l’état
des grains et mélanges qu’ils y trouvèrent [4].
Il y avait quatre distilleries de genièvre en
1834 [5].
La ville de Binche édicta le 1-7-1853, un
règlement de perception de l’octroi sur le genièvre[6].
La fabrication d’alcools disparut de la ville
jusqu’en 1937, Jules Daminet demanda alors la permission d’installer une fabrique
de liqueurs spiritueuses.
Liste des distillateurs
BARAS
L’Almanach du commerce et de l’industrie de
1851, 1857 [7], ne cite qu’un
distillateur : Baras, il s’agit de
la famille de Louis Bara [8],
à qui succéda son fils Théodore [9].
CAMPION CHARLES
M. Lauwerijs, ancien horloger, possède une
horloge de café portant l’inscription « Distillerie binchoise-
Campion-Groisse- Binche »
Cette horloge fait référence au distillateur
Charles Campion [10] qui exerçait 14, rue de la Régence.
DEBAIX DIEUDONNÉ
DEGUELDRE LOUIS
Le 27 ventôse an VI (17-3-1798), Louis
Degueldre [13]demande la permission de
pouvoir tirer l’eau nécessaire de la rivière pour l’usage d’une
« brasserie au Genièvre » qu’il est intentionné de construire sur son
terrain tenant à la rivière [14].
Il est cité distillateur en 1815 lorsqu’il est
indemnisé pour avoir logé des soldats prussiens chez lui [15].
Il exerçait dans une ferme du Faubourg
Saint-Jacques, en face du pont à Bouzarte qui devint plus tard l’étude du
notaire Auguste Derbaix, petit fils de Louis Degueldre. A. Derbaix fit abattre
la grange en 1900 et démolit l’ancienne distillerie[16].
DAMINET JULES
Le 24 août 1937, Jules Daminet [17],
marchand de bière, demande l’autorisation d’établir au n° 11 et 13, rue Neuve,
cadastré B. 842m, un atelier à fabriquer les eaux gazeuses, comprenant les machines
et appareils mus par deux moteurs électriques d’½ et 1 H.P. ainsi qu’une
fabrique de liqueurs spiritueuses par simple coupage, comprenant un dépôt de 200 litres max. d’alcool
éthylique à plus de 55° GL.
Il y fut autorisé le 8-7-1938 [18].
DUMOLLIN CHARLES
Charles Dumollin [19]est
cité distillateur le 11 germinal an III (1-4-1795)
HUART FERDINAND
Ferdinand Huart [20]est
cité distillateur, il logea des soldats prussiens en 1815.
LECLERCQ DOMINIQUE
Le recensement de l’an V cite Dominique
Leclercq[21], 29 ans, distillateur
d’eau-de -vie, demeurant Grand-Rue, arrivé à Binche en 1793.
Le 12-10-1851, devant le notaire Auguste
Fontaine, et à la requête de :
Charlotte Leclercq, veuve Léandre Jadot,
cultivatrice à Péronnes-lez-Binche.
Melle Sophie Leclercq, rentière à Binche.
Valentine Leclercq, épouse de Philippe Jamez,
négociant à Binche.
Ursmarine Huart, veuve Adrien Leclercq.
Virginie Leclercq, épouse Charles Buisseret,
corroyeur à Binche, procèdent à la vente d’une grande maison, Grand-Rue, tenant
à M. Paradis, à M. Termolle et au rempart, à usage d’habitation et de
distillerie, provenant de la succession de Dominique Leclercq et de son épouse
Sophie Mercier, distillateurs, leurs parents.
La maison sera vendue à Ursmer Lebrun, fermier
à Binche.
CONCLUSION
La distillerie binchoise, bien que présente
depuis la fin du XVIIIe siècle, n’eut jamais beaucoup d’influence sur le
commerce local.
[7] TARLIER H. Almanach
du commerce et de l’industrie, publié avec le concours du gouvernement sur les
documents fournis par les administrations communales, Bruxelles, 1851, p.
612 ; 1857, p. 84.
[9] BARA Théodore, ° Binche 31-3-1819, y † 15-3-1888,
cultivateur, x Binche 4-3-1851, Lebrun Thérèse-Cécile, ° Binche 4-4-1821
[10] CAMPION Charles-Hubert, ° Binche 13-6-1864, x Binche
6-7-1887, GROISE Marie-Louise
[16] DERBAIX P. et AMORY D., Au cœur du Hainaut deux familles Derbaix et quelques unes de leurs
alliances (1600-1990).
[17] DAMINET Jules-Jean-Baptiste, ° Estinnes-au-Val,
12-4-1888, x DELPLANCQ Julia, ° Estinnes-au-Val 6-12-1888
[19] DUMOLLIN Charles-François-Laurent, ° Binche 10-6-1760,
x Binche 30-10-1780, LEHEU Marie-Françoise, ° Binche 15-7-1764
[20] HUART Ferdinand-Joseph, ° Maurage 16-12-1774, †
Binche 17-9-1832, distillateur et blanchisseur de toiles.
X Binche 27 fructidor an VIII (14-9-1800) HUART Marie-Catherine-Jh., °
Binche 11-4-1774, y 11-8-1855,
[21] LECLERCQ Dominique, ° Chapelle-lez-Herlaimont 1767, x
MERCIER Françoise-Joseph, dite Sophie, ° Trazegnies 29-4-1765, † Binche
7-6-1856.
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