UN PRÉVÔT ET
GOUVERNEUR DE BINCHE, ACADÉMICIEN
Alain GRAUX
Succédant au comte de Gougnies, le marquis de
Courcelles, François Gabriel Joseph du Chasteler fut nommé prévôt et gouverneur
de la ville de Binche en 1769.
Le titre de gouverneur de Binche avait été
supprimé sous l’administration de l’archiduchesse Marie Elisabeth. Charles de
Lorraine, son successeur, rétablit en sa faveur le marquis dans cette fonction,
à condition qu’il s’obligerait à ne prétendre à aucun droit, émoluments ou
privilèges attachés à cette charge ; ce qu’il fit le 21 décembre 1769.
Qui était ce nouveau
gouverneur ?
François Gabriel Joseph du Chasteler est né à
Mons le 20 mars 1744, baptisé le même jour à la collégiale Saint-Germain, tenu
sur les fonts baptismaux par son oncle François Gabriel du Chasteler, seigneur
de Moulbaix, etc. et par Marguerite du Beron, sa grand-mère.
Il épousa en premières noces le 21 mars 1762 la
comtesse Albertine de Thurhreim, née à Weinberg (Autriche), qui décéda le 25
juillet 1765. Elle lui avait donné trois enfants.
Il convola en secondes noces à Amsterdam le 22 mars 1767, à Catherine Isabelle de
Haselaer, fille du bourgmestre de cette ville. Il eut un fils du second lit.
Il était marquis du Chasteler et de Courcelles,
baron d’Incourt par lettres patentes de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche
en date du 23 juillet 1776, seigneur de Carnières, Longueville, La Cathoire,
Rianwelz et Bois de Louvignies.
Il fut licencié en droit civil et canonique à l’université de Louvain
le 7 décembre 1761. En 1762, il devint chambellan de la Cour de Vienne. Il
était membre des états nobles du Hainaut, de Brabant et lieutenant de la
compagnie des hallebardiers de la garde royale dès janvier 1765. Il le fut
aussi de la compagnie des archers de la
garde noble le 20 janvier 1775.
Il devint conseiller d’état et d’épée et Grand
d’Espagne de première classe, à titre héréditaire.
Il soutint un procès contre les prétentions
nobiliaires du comte du Chasteler, il gagna et obtint le privilège, par diplôme
du 23 mars 1769, de poser l’écu de ses armes sur un manteau d’hermine armorié
au revers des dites armes et à sommer l’écu d’une couronne ducale fermée.
Le 29 novembre de cette même année, il est
nommé gouverneur, prévôt de la seigneurie et ville de Binche, ainsi que bailli
des bois de Binche.
Adonné avec zèle aux études historiques, en
1778, il remporta un prix au concours de l’académie impériale et royale de
Bruxelles. Le 14 octobre 1779 l’académie l’appela au fauteuil rendu vacant par
le décès de l’historien van der Vijnxkt. Le 11 novembre 1779 son discours de
réception comportait le plan raisonné d’une histoire générale des Pays-Bas
autrichiens. Il fut peu après directeur de l’académie. On forma sous sa
présidence un comité d’étude historique nationale qui se distingua par des
travaux si importants que par décret du 1er mai 1781, le ministre
lui annexa le musée Bellarmin, avec sa
riche dotation et il substitua le
marquis de Chasteler au conseiller d’état Mulberg comme inspecteur. L’académie
fut alors la première institution civile qui osa disputer aux Bollandistes le
monopole des grands travaux littéraires.
Pendant les troubles provoqués par les édits de
l’empereur Joseph II, il servit d’intermédiaire entre les autorités légales et
les bourgeois de la révolte. Il faillit en perdre la vie. Il dut rembourser de
ses deniers une forte partie des dépenses que la députation de Hainaut avait
votée par opposition patriotique au gouvernement autrichien.
Il décéda peu après, le 1er octobre
1789. Il ne devait pas voir la grande tourmente révolutionnaire qui suivit.
Les armoiries des prévôts de Binche placées
dans la grande salle de l’hôtel de ville, dont les siennes, furent arrachées et
détruites par les républicains français le 11 novembre 1792, quelques jours
après la victoire de Jemappes.
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