UN BINCHOIS
D’ADOPTION : JEAN-BAPTISTE ISAAC Alain GRAUX
Jean-Baptiste-Alexandre Isaac est né le 25 mai 1750 à La Bouverie (Frameries)[1],
Etrangement quelque 35 ans plus tard, nous découvrons aux
Archives d’Etat de Mons, le texte suivant :
“ Le 16 août 1785, Catherine Halliège épouse de
Jean-Baptiste Isaac renonce à la succession courante de son mari. Jean-Baptiste
Isaac facteur de Monsieur Derasse pour la régie de ses fosses houillères et
charbonnières, sous Wasmes et Montigny sur Sambre avait (ayant) disparu depuis
peu, abandonné son emploi et son domicile à Jumet, sans au préalable avoir
rendu compte de sa gestion et administration ».
Catherine Halliège, était veuve en première noce de Gaspard
Delbury. Lors de la rédaction de l’acte
de décès de notre héros, à Binche, en 1825, on mentionne : “ veuf en première
noce de Marie-Catherine Bury ”[2]
Delbury / Bury ! Il est fort vraisemblable que les deux
textes mentionnent bien une seule et même personne.
Le 22 septembre 1784, notre homme était encore dans le
pays; en effet il était témoin à Frameries, du mariage de son frère Jean-Joseph.
“ Jean-Baptiste Isaac, homme marié, frère de l’époux ”[3].
Où donc “ avait (il) disparu depuis peu ”, c’est à dire entre
septembre 1784 et août 1785 ? Nous trouvons la réponse dans un état de service
militaire daté du 6 Brumaire de l’an 7 et plusieurs fois confirmé par la suite.
Le document précise en effet “ Jean-Baptiste Isaac,
Lieutenant en Prusse, pendant 10 ans ”, avant le premier juin 1792, date de sa
nouvelle affectation en France[4].
Pourquoi cet abandon ? L’histoire est restée muette à ce
jour ! Et pourquoi la Prusse ? En Brandebourg Jean-Baptiste avait de la famille[5], ses
ascendants avaient émigré lors des persécutions françaises contre les
protestants, et qu’à Prenzlau se tenait la garnison du régiment des “ Grands
mousquetaires ” dont 15 % des effectifs étaient des émigrés huguenots[6].
Il partit en Allemagne à l’instar des Evers, Latteur,
Nicolas, Warocqué, Vandam et autres belges qui acceptèrent de courir des
risques pour le triomphe de la cause révolutionnaire[7]. Peut-être
fut-il de retour au pays avec les “ essaims d’officiers prussiens ” qui
accompagnèrent le Général Major Schoenfeldt [8], en
janvier 1790; le voici capitaine, le 1er juin 1792, engagé volontaire dans la “
Légion Belgique et Liégeoise Unie ”, en compagnie de son futur beau-frère André
Boussart .
Le 3 ventôse an 2 (22-2-1793) Jean-Baptiste Isaac est promu,
par Dumouriez, au grade de Lieutenant-colonel
dans le 1er Bataillon de Jemappes qui parti de suite pour la Vendée.
Le 14 vendémiaire an 2 (5-10-1793) en la même qualité, il se trouve dans le 1er
Bataillon des tirailleurs de Maine et Loire, armée de l’Ouest, par ordre du
général en chef et des représentants du peuple.
Le 11 vendémiaire an 4 3-10-1795), ce Bataillon ayant été
réuni à trois autres corps pour former le 1er Bataillon des chasseurs réunis,
J-B. Isaac en fut nommé commandant en chef, à l’armée des côtes de l’océan.
Le 4 germinal an 4 (23-3-1794), les officiers de santé en
chef de l’hospice militaire de la Félicité à Bruxelles, le jugent hors d’état
de faire un service de campagne, pour cause de maladie rhumatismale, par suite
des fatigues de la guerre.
Le 12 prairial an 4 (31-3-1794), le général Tilly,
commandant en chef des neuf départements (belges) réunis, le nomma commandant
des places de Soignies et Braine-le-Comte et autres environnements ... ”[9].
Le recensement de l’an 1795 le montre habitant avec son
épouse, une maison de la Grand-rue.
Par la suite, notre boutefeu « a levé (en un jour, à Mons) une
compagnie contre les brigands qui infestoient la Belgique, en l’an VII » [10]
Jean-Baptiste Isaac épousa Ursmarine Boussart[11],
sœur du général baron André-Joseph Boussart[12],
et devint, la cinquantaine passée, un honorable marchand binchois aux cheveux blancs, fervent
bonapartiste, concessionnaire du charbonnage de Blaton[13],
père de quatre enfants, dont Félix Isaac[14] un
avoué de renom, et grand-père de
Jules Isaac[15], futur bourgmestre de
Charleroi.
Jean-Baptiste-Alexandre
Isaac s’est éteint à Binche, dans sa maison et magasin de la rue de Mons, le
7-7-1825.
[1] M. MAHIEU, Registrés paroissiaux de Frameries
[2] Registres paroissiaux de l’église de Binche, le 17
juillet 1825
[3] M. MAHIEU, Frameries ; Acte de mariage de Jean-Joseph
Isaac; le 22 septembre 1784
[4] Office de la réforme. Département de Jemmapes. 24e
Division militaire / Etat de services. Ministère de la guerre, Archives
administratives Vincennes France
[5] E. BRAEKMAN, Histoire
de L’Eglise protestante de Dour, p. 28
[9] Archives administratives de
Vincennes. Etats de service du 6 brumaire an VII, Ministère de la guerre.
Archives administratives de Vincennes.
[10] R. DARQUENNE / La situation politique dans le
département de Jemappes et les élections de 1797, 98 et 1799. Annales du Cercle
Archéologique et Folklorique de La Louvière et du Centre, t. II, 1964-1965. p.
156
[12] Boussart André-Joseph, Baron d’Empire, Commandeur de
la Légion d’honneur, Chevalier de la couronne de Fer, général de Division.
Après 30 ans d’expéditions et de combats, il mourut le 10 août 1813, dans les
bras de son beau frère Jean-Baptiste Isaac : “Ah! mon cher Isaac, disait-il quelques instants avant sa mort : que l’Empereur sache que je n’ai qu’un regret
en mourant, c’est de n’avoir pu faire davantage pour son service et pour mon
pays”
[13] R. DARQUENNE Op. Cité p. 292. A .N. F. F 14-1090,
dossier “ Mines de Blaton ” & A. N. F.,F 14-1109; A.E.M.,F.F.,1. 782,
dossier tableau dressé par le sous-intendant de l’arrondissement de Mons.
[14] Isaac Félix-François, °
Mons1803, † Charleroi 1873, x Binche 12-4-1826, Froignu Julie-Pétronille
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