LA CHAPELLE NOTRE-DAME DES SEPT DOULEURS[1]
Alain
GRAUX
La chapelle Notre-Dame des
Sept douleurs, bâtie au XIXe siècle, fait
toujours l’objet d’une grande ferveur. Elle a été érigée rue du Roeulx,
actuelle rue du Cœur dollent, face au cimetière de Binche.
Selon P.C. Meurisse, elle fut
achetée à l’héritière de ses constructeurs par M. Hainaut, de
Merbes-le-Château, qui la revendit. Des ornements et des calices ont été remis
à la fabrique d’église[2].
C’est le propriétaire de la ferme
du « Cœur Dolent », François Gallez [3] qui
fit bâtir un petit oratoire. Le plan Popp vers 1862 ne mentionne pas encore la
chapelle sur la parcelle 90, où elle sera érigée.
Lors du partage effectué devant
le notaire Fontaine, le 20-7-1866, entre les héritiers de François Gallez,
soit, son fils André[4] et
ses filles Adolphine[5] et
Lucie[6], la
chapelle est citée. Elle fut donc construite entre 1862 et 1866.
Suite à un jugement rendu par le
tribunal de Charleroi le 3-9-1901, une vente publique par licitation[7] est
ordonnée pour les biens suivants :
1.
La ferme du Cœur Dolent, comprenant un corps de logis
en deux demeures, une grange, des écuries, étable, toit à porcs et autres
dépendances, cour jardin, verger contenant 1ha 98 a 2 ca, sise en face du
cimetière, tenant au chemin du Rœulx, aux biens suivants, au sentier du Moulin
Blanc et à Latteur.
2.
Une terre de 33 ares, tenant aux biens ci-devant et
après, et à Leroy, traversée par le sentier du Moulin Blanc ; un jardin
avec les constructions y érigées consistant en une chapelle et un fournil,
contenant 7 a
68 ca, tenant au chemin du Rœulx, aux bien ci-dessus et à Leroy.
Ces biens forment un ensemble
cadastré section D, 88a, 89a, 89b, 90c, 90d, 91, 92, au lieu-dit « Champ
de la Justice » pour une contenance de 2 ha 38 a 30 ca.
Cette vente est effectuée à la
requête des nombreux héritiers :
A. 1-Adolphine Gallez, ménagère,
épouse Alexandre Hupin, rentier à Binche.
2- Pauline Gallez, en religion Mère
Rosalie, de la congrégation du Sacré-Cœur à Mons.
3- Gustave Gallez, négociant à Binche.
4- François Gallez, négociant à Binche.
5- Désiré Gallez, pharmacien à Givry.
B. 1- Catherine Gallez, veuve Isidore Dehasse,
ménagère à Binche.
2- Marie Navir, épouse de Jean Oor,
fabricant de pianos à Bruxelles.
3- Gustave Navir, marchand-tailleur à
Bruxelles.
4- a) Bertha Graux, tailleuse à Binche.
b) Bernard Graux, tailleur à Binche,
agissant en qualité d’aïeul et tuteur
d’Aline Graux, enfant
mineure issue du mariage d’Alexis Graux et Elodie Hupin, conjoints
décédés.
C. 1- Henri Francart, bourrelier
à Binche.
2- a) Henri Goreux, bourrelier à Binche.
b) Jacques Goreux, forgeron à Binche.
c) Thérèse Francart, veuve Alexis
Goreux, ménagère à Binche.
3- a) Henri Grisart, tailleur à Binche.
b) Félix Grisart, menuisier à Binche.
c) Marie Grisart, épouse Léon Schmidt,
cafetiers à Mons.
d) Céline Grisart, épouse Gustave
Piette, journaliers à Maubeuge.
e) Flore Francart, veuve Casimir
Grisart, cafetière.
4- a) Jules Francart, journalier à
Estinnes-au-Val.
b) Charlotte Francart, épouse
Jean-Baptiste Roulez, marchands à Bray
5- a) François Ramboux, menuisier à
Binche.
b) Nicolas Navez, journalier à
Binche.
c) Alexis Navez, journalier à Binche
La prairie comprenant la chapelle
et le fournil furent achetés par Modeste Navir [8],
propriétaire et marchand-tailleur demeurant à Bruxelles, ainsi que Jean Oor,
fabricant de pianos, propriétaire demeurant à Uccle, mandataire de
Marie-Félicie Navir [9], son
épouse.
Ces derniers, revendirent par
acte passé devant le notaire Charles Derbaix, le 6-9-1919, à Léon
Hainaut-Tracez [10], propriétaire à Binche
« la chapelle dite de Sept Douleurs et son immeuble contigu ainsi que le
petit terrain qui la sépare de la propriété sur laquelle la chapelle est
construite, cadastrée Section D. 90c, faisant 51 ca, suivant le plan établi par
Emile Mathui, géomètre du cadastre ».
Suite au décès de Léon Hainaut,
Fanny Tracez sa veuve et leur fille, Jeanne Hainaut, épouse Victor Lallemand
vendirent la chapelle le 29-4-1935, à
Zéphirin Baras [11].
Celui-ci avait émis le désir de devenir religieux chez les Frères des écoles
chrétiennes, mais arrivé au moment de ses derniers vœux, il se désista, mais
ses sentiments religieux restaient toujours vifs. Lorsqu’il sut que l’on
vendait la chapelle, il fit offre et l’acheta [12].
La chapelle ne comportait
alors qu’une nef et ne contenait qu’une statue de Notre-Dame des Sept Douleurs,
un Christ en croix et un Christ au tombeau. Ces pièces font toujours partie du
mobilier actuellement.
Il augmenta considérablement le
mobilier en ajoutant de nombreuses statues de saints qu’il acheta lors de la
liquidation de l’établissement des Frères français établis à Givry, et
provenant de leur chapelle. Il leur acheta également les 2 beaux vitraux placés
à l’intérieur de la chapelle. Il y disposa aussi une statue de saint Ursmer,
saint patron de la ville ; une de saint Jean-Baptiste de la Salles, en
souvenir de ses études chez les Frères ; celle du pape saint Zéphirin, son
saint protecteur, etc.
Au décès de Zéphirin Baras, la
chapelle revint par succession à ses deux enfants, Alfred [13] et
Anne-Marie Baras [14].
Cette dernière voulut vendre la chapelle, mais son frère Alfred, respectant le
vœu de leur père, n’y consentit point et racheta la part indivise de sa sœur.
Alfred Baras fit quelques
transformations à la chapelle, en effet, une ruelle contiguë servait à son père
pour la fabrication de cierges. Elle était située entre la maison de l’ancien
fossoyeur, aujourd’hui abattue, et la chapelle. Sur le terrain de cette ruelle,
il bâtit une annexe à la chapelle. Il transforma aussi l’arrière de la chapelle
pour y agencer une chapelle annexe où il plaça une vierge provenant de la
chapelle de la grotte de Jolimont située sous l’église du lieu. Cette vierge
était disposée sur un âne [15], il
fallut donc l’adapter sur un socle. Il remplaça aussi les anciens vitraux
disposés en losanges, abîmés par des enfants qui y jetaient des cailloux, par
des châssis métalliques protégeant ainsi les vitraux achetés à Givry et posés à
l’intérieur.
Curieusement une plaque portant
la date 1811, fut placée au dessus de la fenêtre de l’annexe. Cette année ne
correspond en rien avec l’histoire de la chapelle.
Si la foi populaire en fait un
lieu de visites fort couru, la chapelle subit aussi les outrages de nombreux
vandales tels, qu’incendie provoqué par la mise à feu de tous les
cierges ; vols des troncs ; en 2001, vol de la statue de Saint-Louis,
etc. Aussi, dès 2005, la famille Baras a elle décidé de vendre l’édifice.
[1] Cet
article a pu être réalisé grâce au concours de MM. A. Baras, Ph. Nicaise,
l’étude de Me Derbaix et de Me Babusiaux, qu’ils en soient remerciés.
[3]
Gallez François-Jh., ° Binche 26-3-1780, †Battignies 21-11-1865, x Binche
10-11-1799, Gheuse Marie-Françoise, ° Ressaix 1779±, † Battignies 1-10-1856.
[4] Gallez André-Joseph, °
Battignies 17-7-1805, y † 29-7-1870.
[5] Gallez Adolphine-Narcisse,
° Battignies 24-9-1801, y † 23-7-1872.
[6] Gallez Lucie-Joseph, °
Battignies 8-5-1811
[7] Acte
par lequel les co-propriétaires par
indivis d’un bien qui ne peut être partagé sans dépréciation, le font mettre
aux enchères.
[8] Navir Modeste, ° Binche
30-9-1853.
[9] Navir Marie-Félicie, °
Binche 14-12-1856
[10] Hainaut Léon, °
Merbes-le-Château 11-7-1850, † 23-12-1927, x Tracez Fanny.
[11] Baras
Zéphirin-Louis-Joseph, ° Binche 16-8-1892, † Haine-Saint-Paul 27-10-1971, x
Estinnes-au-Mont 5-1-1935, Ghisbain
Alfréda-Marie-Lucienne-Eugénie-Joséphine-Julie, ° Estinnes-au-Mont 1-5-1902
[12] Enquête orale auprès de
M. Alfred Baras.
[13]
Baras Alfred-Zéphirin-Maarès-Marc-Eugène-Louis, ° Estines-au-Mont 29-9-1935.
[14]
Baras Anne-Marie-Félicie-Eugénie-Romaine-Héloïse-Joséphine, ° Estinnes-au-Mont
6-12-1937.
[15] Représentation de la
fuite en Egypte.
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