A PROPOS DES
MÉDAILLES DU CARNAVAL DE BINCHE
Alain
GRAUX
Les médailles remises
aux Gilles le mardi-gras
Chacun sait que l’on remet une médaille aux
Gilles jubilaires.
La première mention d’une remise de médaille
date du 16 février 1903.
Le président de la société des Récalcitrants,
Fernand Deprez-Cambier, écrit à l’administration communale :
« Nous avons l’honneur de vous signaler que notre société de Gilles
« Les Récalcitrants » compte cette année deux vétérans du carnaval.
Ce sont MM. Omer Charles et Jules Rochez qui pour la vingt-cinquième fois font
le Gille.
A cette occasion, ces deux membres seraient heureux et surtout très
honorés si, suivant la coutume en pareil cas, vous leur remettiez, le
mardi-gras, une médaille commémorative… ».
Une photo tirée vers 1930, nous montre un Gille
jubilaire portant sa médaille, il est en compagnie du bourgmestre Charles
Derbaix
La remise des médailles par le bourgmestre au
nom de l’administration communale, se fait après que les Gilles masqués aient effectué
leur rondeau devant l’hôtel de ville.
En 1943, dans son livre fé l’d’Gille, Charles Deliège écrivait :
« …Vers
onze heûres ét d’mie, nos arrivons d’sus l’Grand-Place. C’èst-s’t à no tour de
iète èrçus à l’Hôtel de Ville. Avant d’rintrer, lès d’Gilles masquies fé-té
l’rondeau traditionnel dévant l’poulie’ qui èst d’sus l’porte dé l’édifice
communal. Nos introns dins l’salle dès mariâches.
Tout l’Conseil
communal éiét les invités d’marque sont là.
El Maïeur nos dit
s’joie dé r’cèvoir co in coup èl pu vieille société d’Gilles. Y nos r’mercie du
rondeau qu’nos avons l’habitude dè fé chaque année dèvant s’maison, y nos dit
qué nos astons put-ète èl seûle société qui mèt tout in œuve pou rèspecter lès
traditions. El maïeur èrmet lès médailles à quate dès nos membes qui ont d’jà
fait l’Gille vint-chinq coups. Y lès félicite… »
Remise d’une médaille à un petit Gille par le
bourgmestre Armand Le Roi
La médaille remise est une représentation du
sceau communal telle qu’elle fut ensuite remise aux sociétés de fantaisies par
la suite.
Après la seconde guerre mondiale la médaille
remise au Gille change de forme, la médaille est une plaque rectangulaire
(7,8cm x 4,3cm) gravée suivant la représentation de l’affiche du carnaval de
Binche de 1910, que réalisa Louis Buisseret.
La médaille est parfois gravée du nom de
l’heureux bénéficiaire et est appendue à un ruban tricolore, rouge, jaune et
noir.
La date est parfois gravée à l’avers, tel en
1989.
Grâce à un contrôle des services communaux, les
jubilaires ayant fait le Gille depuis 25, 40 ou 50 ans, se voient décerner une
plaque d’honneur par les édilités, le Gille sera très fier de la porter ce jour
là, médaille de bronze pour 25 ans de
participation, médaille d’argent (40 ans), médaille d’or (50 ans). Pendant quelques
années des personnes ayant fait le Gille pendant 60 ans reçurent un cadeau
avant le carnaval, mais en 2012, Maurice Davoine reçut pour ses 60 ans de
participation reçut une plaque d’honneur gravée à son nom.
Auparavant l’association des présidents des
sociétés de Gilles rendait chaque année la liste de leurs membres jubilaires à
l’administration communale.
Les petits Gilles reçoivent une médaille après
5 ans de participation lors du carnaval.
Suite à la création de l’A.D.F. (Association de
Défense du Folklore binchois) créée fin novembre 1976, c’est ce groupement qui
en fait la démarche.
Les listes de jubilaires étaient chaque année
publiées dans les journaux locaux, tels Le
Binchois ou T’Avau Binche, et
après la disparition de ces publications, dans le journal communal.
Médailles remises aux costumes de fantaisie le
dimanche-gras
C’est vers les années 50 que l’on commence à
remettre des médailles aux costumes de fantaisie les plus remarquables, une
commission spéciale en était chargée.
C’est la représentation du château féodal de
Binche, figurant sur le sceau échevinal de Binche qui fut refondu et renouvelé
en 1579, suite à la demande du Magistrat de la ville au grand bailli de
Hainaut, Philippe de Lalaing. Le château est surmonté de l’aigle impérial. De
part et d’autre figurent aussi les armoirie de Binche et du Hainaut[1].
Actuellement la distribution des médailles se
fait par le biais des commissaires des sociétés. 700 médailles sont
distribuées, elles sont appendues par un ruban tricolore rouge, jaune et noir.
Médailles remises par les
« Jeunesses », lors de leur sortie du lundi-gras
La médaille est la représentation de deux
masques et d’un sceptre de prince du carnaval, entourés de feuilles de laurier.
Les participants costumés des jeunesses
recevaient une médaille. Celles de la jeunesse socialiste sont appendues avec
un ruban rouge
Médailles remises aux tamboureurs et musiciens
En 1937, les tamboureurs Paul Bracq, Oscar
Buys, Alfred Chevalier et Augustin Sporcq reçurent une médaille pour 25 années
de service au sein de la batterie des Récalcitrants.
Georges Birck, tamboureur émérite reçut une
médaille pour ses 35 ans de prestation, mais la palme revint à Léon Bougard
père, qui après celles de 25, 40, 50, 60 ans, reçut en 1998, une médaille pour
65 années, c’est le seul tamboureur a avoir reçu cette distinction[2].
Ce sont des médailles nominatives, les mêmes
que celles remises aux gilles.
Médailles de sociétés
jubilaires
Les « Récalcitrants »
En 1924, les Récalcitrants ont fêté leur 25e
anniversaire, en 1949, leur cinquantième anniversaire en 1974 leur septante cinquième et en 1999 leur
centième anniversaire, à l’occasion de ces jubilés une médaille commémorative a
été frappée et remise à chaque membre de la société.
Les
« Incas » .
En 1982, lors des 25 ans de la société
« les Incas » une médaille commémorative a été distribuée aux membres
de la société. C ’est
la même médaille que celle remise aux Gilles mais en modèle réduit (3cm x 1,5 cm ).
L’avers porte l’inscription « Les incas.
25 ans. 1957-1982. Aucune médaille n’a été frappée pour
les 50 ans de la société
Une autre médaille, copie de la médaille représentant le sceau communal, est alors remise aux membres du comité
La société royale « Les Pierrots »
En 1987, la société royale « Les Pierrots » fit graver une plaquette commémorative à l’occasion des 50 ans de la société.
La société fut créée à l’initiative de Frère Fernand, directeur de l’école des frères, aidé par l’association des Anciens Elèves. Cent-vingt Pierrots feront partie de la première sortie de cette société qui perpétue le souvenir des Pierrots de son, qui égayaient le carnaval auparavant.
En 1962, à l’occasion du 25e anniversaire, les Pierrots sont reçus comme les Gilles à l’hôtel de ville. La société de vient « royale » le 8-7-1962.
La plaquette est appendue à un ruban jaune et or (couleurs que bien des Binchois croient être les couleurs de la ville, mais qui en réalité sont celles du club de football).
LA FABRICATION
Durant
le XIXe siècle, la production de médailles fut mécanisée, mais les
médailles sont issues d'un artisanat et d'un savoir-faire rare.
En
effet, les médailles sont des objets monétiformes sans pouvoir délibératoire.
Elles sont frappées pour commémorer certaines personnalités ou pour laisser une
empreinte matérielle d'événements divers.
Le travail
du médailleur
L’artiste commence à faire à la
plume ou au crayon un croquis à peu près à la dimension de la médaille à
réaliser. Il y indique par un dessin sommaire les motifs qu’il a l’intention
d’exécuter. Lorsqu’il est satisfait de la mise en page, il procède à la
réalisation du modèle en grand.
A cet effet, sur un champ de terre
glaise fixé sur une plaque de marbre, il modèle le motif de la composition à la
dimension de 40 à 50 cm ,
quelque fois plus encore.
Le modelage terminé, l’artiste
tire, par moulage, une maquette en plâtre apparaissant « en creux »,
qui, à son tour, après retouche, et également par moulage, fournira une
maquette « en relief ».
Le
bas-relief ainsi obtenu était ensuite monté sur un tour à réduire, une machine
(une sorte de pantographe) qui réduisait l'illustration mécaniquement jusqu'à
la taille requise pour la médaille.
La frappe
A
l'aide de ce relief réduit, on fabriquait un coin creux. Ces coins (un de droit
et un de revers) étaient ensuite montés dans un balancier. Enfin, à l'aide
d'une plaque en métal placée entre les coins de la presse, on frappait la
médaille en
métal en coulant du bronze ou du fer dans un moule en sable tassé qui en a pris
l’empreinte, ou bien en effectuant sur un plâtre un dépôt galvanique de forte
épaisseur.
Cette galvanisation se fait en
argent ou en or.
Les fabricants
C’est
par l’intermédiaire de l’horloger-bijoutier Maurice Hubert établi rue
Notre-Dame que la Ville de Binche achetait les médailles de carnaval. Elles
étaient fabriquées par l'atelier de frappe de médailles bruxellois
Fibru-Fisch[3]
(1853-1998).
Lorsque M. Hubert cessa ses activités il fallut
trouver un autre intermédiaire; entretemps les médailles devenant de plus en
plus chères, ce fut le magasin « Centralu » de La Louvière, qui
présentait les produits de la firme « Gil », d’Auvelais, fabriquant
des trophées, médailles etc. qui repris ce marché. Mais ces médailles étaient
de moins bonne qualité artistique, telle celle-ci à côté.
Actuellement les médailles sont achetées par la
Ville par l’intermédiaire de la librairie Vanderlinden ,
Grand-Place, elles proviennent de la firme Fibru-Europe ,
atelier qui est le lointain successeur de l’atelier monétaire Fibru-Fisch, rue
Edmond Rostand, 59, à Anderlecht.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire