LES PHARMACIENS BINCHOIS (suite)
Albert MILET et Alain GRAUX
En réponse à mon étude consacrée
aux pharmaciens, parue dans « Des métiers et des hommes » dans
« Les Cahiers Binchois" n°16, monsieur le chanoine Albert MILET m'a
fait parvenir des éléments complémentaires, en provenance des A.E.M. (Fonds
français liasse 241), dont je vous fais part.
CRUPPE Charles
Une lettre datée du 4 fructidor
an XI (22-8-1803), écrite par Charles CRUPPE au sous préfet de Charleroi,
Stanislas TROYE, ainsi que des certificats, nous renseignent sur le fil
conducteur de son métier et de sa vie.
Il signale qu'il est né à Binche
en1763 (en réalité il est né en 1761), qu'il a acheva en 1780, le cycle complet
des humanités gréco-latines au « ci-devant collège des Augustins de cette
ville ».
Il est possible qu'il ait songé à
la carrière ecclésiastique, car un certificat du président du collège de
Sandonck de l'université de Louvain, daté du 19-7-1782 nous apprend qu'il a
étudié, pendant deux ans dans cet établissement.
Le 20-5-1786, l 'intendant du
Hainaut, SENAC de MEILHAN, écrit au commissaire ordonnateur des guerres,
GILLOT, qu'il approuve la nomination de CRUPPE à l'hôpital militaire de Givet.
Il y est adjoint de l'apothicaire aide-major, LECLERCQ. En raison de l'afflux
exceptionnel de malades dans cette maison de soins (\22 dont 93 fiévreux),
Charles CRUPPE y demeura trois ans. II fait référence à la période où il avait
travaillé à Givet, disant que s'il avait choisi cette orientation « c'est parce qu'il était trop peu favorisé de
la fortune pour embrasser la médecine ...
... après avoir ternriné à Givet, je crus pouvoir ne mieux faire, pour
mettre le complément à mes études, que d'aller demeurer dans la capitale de
l'Europe, le séjour des muses, la patrie des Sciences et des Beaux-Arts, Paris
en un mot ... »
En 1788-1789, au Collège de
France et à l'Amphithéâtre royal, il suit des cours de chimie, d'histoire
naturelle des plantes, de physique expérimentale, par les professeurs
FORCROY, d,ARCET, LEFEBVRE de
GINEAU ET CAUBET :
« Les cours publics et particuliers de ces savants professeurs ainsi que
mes faibles talents m'ont acquis une réputation honorable, et m’ont permis de
réunir les roses de la théorie aux épines de la pratique ...
... le cultivais dans une utile oisiveté et avec un plaisir inénarrable
toutes les sciences nécessaires à un pharmacien, lorsqu'une Révolutionterrible
éclata tout à coup, les Muses en furent effrayées, et, les cours publics étant
interrompus, les fameuses journées des 5 et 6 octobre 1789 m 'engagèrent à revoir mon endroit natal où,
depuis lors, j'exerce la profession d'apothicaire ...
... j'espère que votre religion étant suffisamment éclairée à mon
égard, vous daignerez m'exempter d'un examen que la multiplicité de mes
occupations me rendroit dispendieux et fatigant ... ».
Il m'a paru intéressant de situer
ici la famille des apothicaires CRUPPE, car certaines confusions ont été faites
dans l'article cité précédemment, celles-ci sont dues à de mauvaises
transcriptions dans les archives, notamment dans le document coté A.V.B.
2675 :
A.CRUPPE Martin, † Binche
15-12-1712, X DEPREZ Marie-Jeanne, d’où :
A.1. CRUPPE Ursmarine, °Binche
20-5-1684
A.2. CRUPPE Antoine, ° Binche
29-5-1685
A.3. CRUPPE Ursmer, ° Binche
21-10-1687, y † 15-1-1711, apothicaire, X Binche 16-9-1708, PICAVEZ
Marie-Thérèse, † Binche 15-5-1754, d’où :
A.3.1. CRUPPE Marie-Claire,
°Binche 27-9-1709.
A.3.2. CRUPPE Marie-Joseph,
°Binche 15-4-1714, y † 16-11-1726.
A.3.3. CRUPPE Michel-Joseph,
°Binche 29-3-1712
A.3.4. CRUPPE Antoine-Joseph,
°Binche 19-11-1716, y † 12-6-1785,
X Binche 6-11-1753, LAMBRET
Marie-Lutgarde, °1727 env., d’où :
A.3.4.1. CRUPPE Marie-Ursmarine,
°Binche 2-9-1754, y † 8-8-1777.
A.3.4.2. CRUPPE Angélique-Joseph,
°Binche 25-2-1756, y † 26-3-1756.
A.3.5. CRUPPE Ursmer-Joseph,
°Binche 1.4-9-1722,
X Binche1°- 26-6-1756, DESALIVE
Marie-Thérèse, † Binche 29-11-1759, veuve GIRIOT Antoine
X 2°-18-11-17 60, MOTTE
Marie-Angeline, °1728 env., † Binche 24-6-1793
Du second couple :
A.3.5.1. CRUPPE Charles-Adrien-Joseph,
°Binche 17-10-1761, y †31-1-1848, pharmacien,
x 21-2-1792, DETRAUX
Marie-Thérèse, °1770 env., d’où :
A.3.5.1.1. CRUPPE
Charles-Maximilien, °Binche 20-5-17 92, y† l7-7-1795.
A.3.5.1.2. CRUPPE Françoise-]Joséphine,
°Binche 4-3-1794, y † 6-6-1828, X Binche 11,-1-1826, BERLENMONT Florent-Henri-Joseph,
° Le Roeulx 31-10-1795, tanneur.
A.3.5.1.3. CRUPPE Charles-Maximilien,
°Binche 20-4-1796, y † 29-11-1859, pharmacien.
A.3.5.1.4. CRUPPE
Victorien-Robert-Dieudonné, ° Binche 10-10-1798, y † 5-7 -1841.
A.3.5.2. CRUPPE
Marie-Joseph-Rosalie, °Binche 27-3-1763
A.3.5.3. CRUPPE Joseph-Guillaume,
°Binche 22-11-1764
A.3.5.4. CRUPPE
Marie-Caroline-Joseph, °Binche 29-1-1766, y † 16-6-1828.
A.3.5.5. CRUPPE Ursmer-Joseph,
Binche 25-2-1767
A.3.5.6. CRUPPE
Marie-Catherine-Joseph, °Binche l-3-7768
A.3.5.7. CRUPPE
Ursmer-Adrien-Joseph, °Binche 24-4-1770, apothicaire
A.3.6. CRUPPE Charles-Robert, °Binche
30-12-1718
A.3.7. CRUPPE Nicolas-Joseph, °Binche
27-4-1727, y † 2-5-1727.
A.4. CRUPPE Charles-Joseph,
Binche 4-3-1691.
A.5. CRUPPE Jean-François, Binche
6-12-1693.
LATTEUR Adrien
Le pharmacien LATTEUR qui
exerçait à Binche depuis le 20-3-1787, a dû être dénoncé auprès des autorités départementales.
C'est ce qui ressort de la lettre qu'il avait adressé le 16-10-1807, au docteur
Nicolas COQUIART, maire de la ville.
« Ma profession, je l'ai exercée pendant l'espace de vingt ans, sans
interruption et sans que j'eusse appris qu'il y ait eu aucun sujet de plainte
contre moi. Cette profession, dis-je, que j'ai exercé avec autant d'exactitude
que de probité, m'aïant concilié l'estime de mes concitoyens, sembloit
m'assurer la stabilité d'un état actuel auquel je me suis voué dès ma jeunesse,
et que la calomnie voudroit peut-être me ravir aujourd'hui ».
Dans sa lettre, A. LATTEUR fait
remarquer qu'aucun de ses confrères de Binche n'a été obligé comme on voudrait
le faire pour lui, de passer un examen justificatif devant un jury départemental,
et il observe de plus « qu'il est
notoire qu'avant l'entrée des Français dans la Belgique, il n'étoit point
requis pour s'établir pharmacien, de subir aucun examen (Mons et Tournay
exceptées) ».
Les pièces justificatives
attestent que de 1782 à 1784, il a été élève des pharmaciens montois, Antoine
DEVERGNIES et Henri GOSSART ; puis en 1785-1786, du pharmacien tournaisien
Nicolas SIMON. II joint à sa lettre un acte de notoriété daté du 12-10-1807 et
signé par le maire adjoint de Binche, Maximilien de BISEAU, le receveur des
contributions de l'arrondissement de Charleroi, Louis COUPEZ, ainsi que des
pharmaciens Albert LECLERCQ et Ursmer FAYT.
FAYT Ursmer
C'est un Binchois, issu d'une
famille nombreuse, qui contrairement aux deux pharmaciens précédents, eut à
justifier l'exercice d'une profession avant même que ne fut votée la loi du 4
fructidor an XI. Les 18 mai et 7 juin 1802, le préfet Etienne GARNIER avait
déjà exigé de tous les pharmaciens du département de Jemappes, la remise des
documents indiquait le genre d'études qui leur avait permis de s'installer à
titre de pharmacien.
La réponse d'Ursmer FAYT nous
apprend qu'il a fait ses études au collège des Augustins de sa ville natale, et
le maire COQUIART certifie, le 24-8-1802, que « vu les prix qu'il y remportés, il est suffisamment versé dans la langue
intime pour continuer à exercer, selon le vœu des autorités supérieures et le
bien généralement, son actuelle profession".
Au sortir du collège, il a alors,
du 2-1-1786 au 5-7-1792, "fréquenté
avec la plus grande assiduité la boutique du pharmacien Adrien Latteur
père », puis est passé à Mons chez le maître pharmacien A.-G. CHARLES,
où il est resté trois ans et demi en qualité d'élève en pharmacie, « de manière à acquérir les connoissances
élémentaires pour exercer son art avec succès ».
Le 27 frimaire an XII
(19-12-1803), le préfet GARNIER lui avait décerné un certificat « susceptible de lui servir de diplôme ou de
lettre patente de pharmacien », et lui avait permis de poursuivre l'activité
qu'il avait exercée à Binche depuis 3 ans et plus, sans interruption.
Un Ursmer FAYT figure sur la
liste des pharmaciens en fonction en 1827, mais comme sa reconnaissance
officielle est datée de Mons, le 22 mai 1822, il est permis de se demander si
ce n'est pas le fils du personnage traité ci-devant. C'est probablement ce
dernier qui est décrit dans notre étude (p.133).
MILET Léon
Le chanoine Albert MILET signale
que son Père, Léon MILET avait commencé sa carrière, avant son mariage, sur la
Grand-rue à l'emplacement de l'actuel restaurant La Trattoria, auparavant
commerce de primeurs Bernard.
Si la mention « Pharmacie
Ramboux » figure sur la façade émaillée de l'actuelle pharmacie DAVOINE,
c'est parce que Léon MILET avait racheté tout le fonds de commerce de cette
pharmacie. La réputation de cette dernière était grande à l'époque.
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