vendredi 6 janvier 2017

Les pharmaciens binchois (suite)


LES PHARMACIENS BINCHOIS (suite)
           Albert MILET et Alain GRAUX

En réponse à mon étude consacrée aux pharmaciens, parue dans « Des métiers et des hommes » dans « Les Cahiers Binchois" n°16, monsieur le chanoine Albert MILET m'a fait parvenir des éléments complémentaires, en provenance des A.E.M. (Fonds français liasse 241), dont je vous fais part.

CRUPPE Charles
Une lettre datée du 4 fructidor an XI (22-8-1803), écrite par Charles CRUPPE au sous préfet de Charleroi, Stanislas TROYE, ainsi que des certificats, nous renseignent sur le fil conducteur de son métier et de sa vie.
Il signale qu'il est né à Binche en1763 (en réalité il est né en 1761), qu'il a acheva en 1780, le cycle complet des humanités gréco-latines au « ci-devant collège des Augustins de cette ville ».
Il est possible qu'il ait songé à la carrière ecclésiastique, car un certificat du président du collège de Sandonck de l'université de Louvain, daté du 19-7-1782 nous apprend qu'il a étudié, pendant deux ans dans cet établissement.
Le 20-5-1786, l'intendant du Hainaut, SENAC de MEILHAN, écrit au commissaire ordonnateur des guerres, GILLOT, qu'il approuve la nomination de CRUPPE à l'hôpital militaire de Givet. Il y est adjoint de l'apothicaire aide-major, LECLERCQ. En raison de l'afflux exceptionnel de malades dans cette maison de soins (\22 dont 93 fiévreux), Charles CRUPPE y demeura trois ans. II fait référence à la période où il avait travaillé à Givet, disant que s'il avait choisi cette orientation « c'est parce qu'il était trop peu favorisé de la fortune pour embrasser la médecine ... 
... après avoir ternriné à Givet, je crus pouvoir ne mieux faire, pour mettre le complément à mes études, que d'aller demeurer dans la capitale de l'Europe, le séjour des muses, la patrie des Sciences et des Beaux-Arts, Paris en un mot ... »
En 1788-1789, au Collège de France et à l'Amphithéâtre royal, il suit des cours de chimie, d'histoire naturelle des plantes, de physique expérimentale, par les professeurs
FORCROY, d,ARCET, LEFEBVRE de GINEAU ET CAUBET :
« Les cours publics et particuliers de ces savants professeurs ainsi que mes faibles talents m'ont acquis une réputation honorable, et m’ont permis de réunir les roses de la théorie aux épines de la pratique ...
... le cultivais dans une utile oisiveté et avec un plaisir inénarrable toutes les sciences nécessaires à un pharmacien, lorsqu'une Révolutionterrible éclata tout à coup, les Muses en furent effrayées, et, les cours publics étant interrompus, les fameuses journées des 5 et 6 octobre 1789 m'engagèrent à revoir mon endroit natal où, depuis lors, j'exerce la profession d'apothicaire ...
... j'espère que votre religion étant suffisamment éclairée à mon égard, vous daignerez m'exempter d'un examen que la multiplicité de mes occupations me rendroit dispendieux et fatigant ... ».

Il m'a paru intéressant de situer ici la famille des apothicaires CRUPPE, car certaines confusions ont été faites dans l'article cité précédemment, celles-ci sont dues à de mauvaises transcriptions dans les archives, notamment dans le document coté A.V.B. 2675 :
A.CRUPPE Martin, † Binche 15-12-1712, X DEPREZ Marie-Jeanne, d’où :
A.1. CRUPPE Ursmarine, °Binche 20-5-1684
A.2. CRUPPE Antoine, ° Binche 29-5-1685
A.3. CRUPPE Ursmer, ° Binche 21-10-1687, y † 15-1-1711, apothicaire, X Binche 16-9-1708, PICAVEZ Marie-Thérèse, † Binche 15-5-1754, d’où :
A.3.1. CRUPPE Marie-Claire, °Binche 27-9-1709.
A.3.2. CRUPPE Marie-Joseph, °Binche 15-4-1714, y † 16-11-1726.
A.3.3. CRUPPE Michel-Joseph, °Binche 29-3-1712
A.3.4. CRUPPE Antoine-Joseph, °Binche 19-11-1716, y † 12-6-1785,
X Binche 6-11-1753, LAMBRET Marie-Lutgarde, °1727 env., d’où :
A.3.4.1. CRUPPE Marie-Ursmarine, °Binche 2-9-1754, y † 8-8-1777.
A.3.4.2. CRUPPE Angélique-Joseph, °Binche 25-2-1756, y † 26-3-1756.

A.3.5. CRUPPE Ursmer-Joseph, °Binche 1.4-9-1722,
X Binche1°- 26-6-1756, DESALIVE Marie-Thérèse, † Binche 29-11-1759, veuve GIRIOT Antoine
            X 2°-18-11-17 60, MOTTE Marie-Angeline, °1728 env., † Binche 24-6-1793
Du second couple :
A.3.5.1. CRUPPE Charles-Adrien-Joseph, °Binche 17-10-1761, y †31-1-1848, pharmacien,
x 21-2-1792, DETRAUX Marie-Thérèse, °1770 env., d’où :
A.3.5.1.1. CRUPPE Charles-Maximilien, °Binche 20-5-17 92, y† l7-7-1795.
A.3.5.1.2. CRUPPE Françoise-]Joséphine, °Binche 4-3-1794, y † 6-6-1828, X Binche 11,-1-1826, BERLENMONT Florent-Henri-Joseph, ° Le Roeulx 31-10-1795, tanneur.
A.3.5.1.3. CRUPPE Charles-Maximilien, °Binche 20-4-1796, y † 29-11-1859, pharmacien.
A.3.5.1.4. CRUPPE Victorien-Robert-Dieudonné, ° Binche 10-10-1798, y † 5-7 -1841.

A.3.5.2. CRUPPE Marie-Joseph-Rosalie, °Binche 27-3-1763
A.3.5.3. CRUPPE Joseph-Guillaume, °Binche 22-11-1764
A.3.5.4. CRUPPE Marie-Caroline-Joseph, °Binche 29-1-1766, y † 16-6-1828.
A.3.5.5. CRUPPE Ursmer-Joseph, Binche 25-2-1767
A.3.5.6. CRUPPE Marie-Catherine-Joseph, °Binche l-3-7768
A.3.5.7. CRUPPE Ursmer-Adrien-Joseph, °Binche 24-4-1770, apothicaire

A.3.6. CRUPPE Charles-Robert, °Binche 30-12-1718
A.3.7. CRUPPE Nicolas-Joseph, °Binche 27-4-1727, y † 2-5-1727.

A.4. CRUPPE Charles-Joseph, Binche 4-3-1691.
A.5. CRUPPE Jean-François, Binche 6-12-1693.

LATTEUR Adrien
Le pharmacien LATTEUR qui exerçait à Binche depuis le 20-3-1787, a dû être dénoncé auprès des autorités départementales. C'est ce qui ressort de la lettre qu'il avait adressé le 16-10-1807, au docteur Nicolas COQUIART, maire de la ville.
« Ma profession, je l'ai exercée pendant l'espace de vingt ans, sans interruption et sans que j'eusse appris qu'il y ait eu aucun sujet de plainte contre moi. Cette profession, dis-je, que j'ai exercé avec autant d'exactitude que de probité, m'aïant concilié l'estime de mes concitoyens, sembloit m'assurer la stabilité d'un état actuel auquel je me suis voué dès ma jeunesse, et que la calomnie voudroit peut-être me ravir aujourd'hui ».
Dans sa lettre, A. LATTEUR fait remarquer qu'aucun de ses confrères de Binche n'a été obligé comme on voudrait le faire pour lui, de passer un examen justificatif devant un jury départemental, et il observe de plus « qu'il est notoire qu'avant l'entrée des Français dans la Belgique, il n'étoit point requis pour s'établir pharmacien, de subir aucun examen (Mons et Tournay exceptées) ».
Les pièces justificatives attestent que de 1782 à 1784, il a été élève des pharmaciens montois, Antoine DEVERGNIES et Henri GOSSART ; puis en 1785-1786, du pharmacien tournaisien Nicolas SIMON. II joint à sa lettre un acte de notoriété daté du 12-10-1807 et signé par le maire adjoint de Binche, Maximilien de BISEAU, le receveur des contributions de l'arrondissement de Charleroi, Louis COUPEZ, ainsi que des pharmaciens Albert LECLERCQ et Ursmer FAYT.

FAYT Ursmer
C'est un Binchois, issu d'une famille nombreuse, qui contrairement aux deux pharmaciens précédents, eut à justifier l'exercice d'une profession avant même que ne fut votée la loi du 4 fructidor an XI. Les 18 mai et 7 juin 1802, le préfet Etienne GARNIER avait déjà exigé de tous les pharmaciens du département de Jemappes, la remise des documents indiquait le genre d'études qui leur avait permis de s'installer à titre de pharmacien.
La réponse d'Ursmer FAYT nous apprend qu'il a fait ses études au collège des Augustins de sa ville natale, et le maire COQUIART certifie, le 24-8-1802, que « vu les prix qu'il y remportés, il est suffisamment versé dans la langue intime pour continuer à exercer, selon le vœu des autorités supérieures et le bien généralement, son actuelle profession".
Au sortir du collège, il a alors, du 2-1-1786 au 5-7-1792, "fréquenté avec la plus grande assiduité la boutique du pharmacien Adrien Latteur père », puis est passé à Mons chez le maître pharmacien A.-G. CHARLES, où il est resté trois ans et demi en qualité d'élève en pharmacie, « de manière à acquérir les connoissances élémentaires pour exercer son art avec succès ».
Le 27 frimaire an XII (19-12-1803), le préfet GARNIER lui avait décerné un certificat « susceptible de lui servir de diplôme ou de lettre patente de pharmacien », et lui avait permis de poursuivre l'activité qu'il avait exercée à Binche depuis 3 ans et plus, sans interruption.
Un Ursmer FAYT figure sur la liste des pharmaciens en fonction en 1827, mais comme sa reconnaissance officielle est datée de Mons, le 22 mai 1822, il est permis de se demander si ce n'est pas le fils du personnage traité ci-devant. C'est probablement ce dernier qui est décrit dans notre étude (p.133).

MILET Léon
Le chanoine Albert MILET signale que son Père, Léon MILET avait commencé sa carrière, avant son mariage, sur la Grand-rue à l'emplacement de l'actuel restaurant La Trattoria, auparavant commerce de primeurs Bernard.
Si la mention « Pharmacie Ramboux » figure sur la façade émaillée de l'actuelle pharmacie DAVOINE, c'est parce que Léon MILET avait racheté tout le fonds de commerce de cette pharmacie. La réputation de cette dernière était grande à l'époque.


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