mercredi 4 janvier 2017

Le moulin Saint-Jacques suite au sac de 1554


moulin Saint-Jacques, Les effets dus au sac de Binche en 1554



Suite à la prise de la ville de Binche des 21 et 22 juillet 1554, par les armées du roi Henri II, et aux destructions massives encourues dans les faubourgs, il fallut remettre en état  le courant d’eau menant au moulin Saint-Jacques.

Le Magistrat ordonna dès la semaine qui suivit le déblaiement des rues, des maisons et édifices brûlés. Sept ouvriers furent chargés de déblayer les éléments brûlés qui entravaient le cours de la rivière :

A sept ho[m]mes manouvriers pour p[ar] eulx, apres que lesd[icts] ouvraiges sont estez fais, avoir descombret touttes les teres, pieres et ordures hors du lieu dud[it] moelin S[ainc]t Jacques, deseure le ventisem[ent][1], procedans des maisons, ediffices bruslés ten[ant] led[it] bien. Lesquels estoient tombez dedens qui causoit que leauwe ne povoit courir. Duquoy fauss[an]t ilz ont empl[oyé] ch[ac]un deux jours.... [2].



En 1555, il fallut désencombrer, élargir et approfondir le lit de la rivière

Auxd[its] Bastien le Mÿe, Franchois de Crist, Martin Musse et consors, fosseurs, pour par eulx avoir fosset la faulse rivière ven[ant] du pont a bourgades et conduisant leauwe aux moellin de S[ain]t Jacques, conten[ant] [6oo] piedz de loing ou environ et de [18] piedz de large pardeseure, reparfondi de deux a trois piedz. A cause des descombres tumbez dedens par les feuz de Binch et maisons bruslees au loing de lad[ite] riviere[3]



Les petits ponts en amont du moulin avaient été démolis afin de ralentir la marche des ennemis français, il fallut les  remettre en état

A Josse du Quesne et Franchois de Seneffe, carpentiers, pour p[ar] eulx avoir remis apoinct le pont de Lobbes. Lequel estoit fort rompu de sorte que lon ne povoit charrier pardess[u]s

Icelluy recouvert de pluiseurs grosses dosses chevillées dessus les gisans. Aussi avoit fait le pont de Bruille, mis nouveau gisans. Et le tout recouvert de dosses et tasseaux pour ce que par icelluy lon ne povoit charrier mais passoient les charriotz au travers leaue ne povoit venir et se perdoit par 1es karrieres.



A Mathieu Polet, charton, pour avoir voituré les bois ci dessus depuis l’hostel de la Royne à Binch ou iceulx ont esté prins jusques auxd[its] ponts[4]



A Remy le Laboureur et Jehan 1e Clercq, fosseurs, pour par eulx avoir reffaict une rompture sur lad[ite] riviere endes[sur]e le pont de Lobbes aud[it] Bruille par ou leauwe se perdoit tellement quil nen renvoit rien aud[it] moelin S[ain]t Jacques…[5]



A Jehan Gistou, fosseur, pour par luÿ avoir fait ung nouveau courrant deauwe endesoubz led[it] moelin pour cause q[ue] le rieu courrant estoit rempli de la muraille de 1a ville tumbee dedens led[it] rieu courant. De sorte que leauwe ven [ant] dudit moelin ne povoit avoir son cours. Led[it] courant contenant en mesure de fosseries f[ai]ctes parJehan de la Bassecourt, m[aîtr]e fosseur de Haynnau, le nombre de II.LXXV piedz de loing sur VI piedz de large pardes[sur]e et III piedz de parsoue au pris de XV s[ols] ch[ac]un cent piedz…[6].



La tâche se poursuivit en 1556

A Jehan Gistou, Vinchen du Parcq[ue] et leurs consors, fosseurs, pour par eulx ou mois de maÿ chincquante cincq avoir reffaict une rompture sur lad[ite] riviere endeseure le pont de Lobbes contenant quattre vingts piedz de loing, XXV piedz de large parembas sur XV piedz de large pardesseure a laquelle a convenu faire une soif de loing lad[ite]  riviere pardedenz de soixante piedz de loing avecq ung groz pillot[7]. Davantaige y avoir assez de chevilliet, pluiseurs grosses planches, aussy loingque la soifz de deux a troixpiedz de hault. Et après avoir rempli lad[ite]  rompture de terre bien corree au pied et a leauwe comme loeuvre le requerroit, contenant VIII a IX piedz de hault. Leur a esté playelz pour tout par marchiet fait avec eulx a condit[i]on de lentretenir ung an de loing a leurs despen[ce]  la somme de XXXVI l[ivres]  tournoix.[8]



A Jehan Gistou et Vinchen du Parcq[ue] fosseurs, pour par eulx avoir recouvert lad[ite]  riviere endesoubz le pont de Bruisle pour cause que les eauwes ne povoient deshendre aud moelin[it] Sainct Jacques…[9]



A Franchoys et Bastien le Mye, fosseurs, pour par eulx avoir fosset et ouvert 1e rieu en desoubz led[it]  moelin depuis la roe jusques III piedz de loing allant aval leauwe lequel estoit fort rempli de pierres et aultres choses… q[ui]  causoit q[ue]  1a roe pendoit en leauwe de sorte quelle ne povoit bonnement tourner.

Icell[uy] rap[ar]fondi [10]a dun pied de par fond et le tout mis a VI piedz de large et avec ce porté touttes les pierres et descombres de hors procedant comme dessus…[11].



Le moulin Saint-Jacques fut brûlé pendant cette campagne guerrière de 1554, il fut rebâti en 1558, au profit du meunier Jehan de la Monzée[12], par le maçon Guillaume le Nain, Jaspar de Thuin fournissant la chaux, Jehan Denis fit la couverture

 En 1570, Jehan Rolland commence un nouveau bail, mais y eut encore le siège de Binche de 1578, où il fut de nouveau incendié. Il fallut attendre le début du XVIIe siècle pour le reconstruire.







[1] Ventissement = vanne 
[2] A.G.R. acquits de la Chambre des Comptes de Lille, 1607, f°7r
[3] AGR, CC, 8914, f° 187v-188r.
[4] Idem,f° 196r.
[5] Idem,f° 197v-198r.
[6] Idem,f° 198v.
[7] Pillot = pieu
[8] A.G.R. acquits de la Chambre des Comptes de Lille, 1707, f°10v.
[9] Idem, f°11r.
[10] Raparfondir = approfondrir
[11] A.G.R. acquits de la Chambre des Comptes de Lille, 1707, f°11r.
[12] A.G.R. C.C. 8919

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